le 11/09/2008 à 16:22 Reuters
Karzaï contre une présence étrangère à long terme en AfghanistanA l'occasion du septième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, le président Hamid Karzaï a réclamé une nouvelle fois un plus grand contrôle sur les opérations des militaires étrangers en Afghanistan et s'est déclaré hostile à leur présence à long terme dans son pays. /Photo prise le 11 septembre 2008/REUTERS/Omar Sobhani
Le président Hamid Karzaï a réclamé une nouvelle fois un plus grand contrôle sur les opérations des militaires étrangers en Afghanistan et il s'est déclaré hostile à leur présence à long terme dans son pays.
"In fine, c'est à nous de protéger notre terre avec nos forces, nos initiatives et nos ressources", a-t-il déclaré à la presse à l'occasion du septième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 qui ont conduit les Etats-Unis et leurs alliés à envahir son pays.
"Nous sommes un pays plusieurs fois millénaire et nous sommes fiers de notre histoire et de notre bravoure. Une nation courageuse ne doit pas se reposer longtemps sur les autres pour vivre", a-t-il dit.
"Il est naturel que la communauté internationale ne puisse rester ici éternellement et il n'est pas bon pour nous qu'elle y reste", a ajouté le chef de l'Etat afghan, qui a demandé à Washington de changer de stratégie.
Soixante-dix mille militaires sous commandements américain et atlantique combattent actuellement une nette recrudescence de l'insurrection des taliban, dont le régime, qui donnait asile à Al Qaïda, avait été renversé fin 2001 par la coalition occidentale.
Les affrontements ne cessent de s'amplifier depuis trois ans en Afghanistan, où les combats et les attentats ont fait durant le seul premier semestre de cette année 2.500 morts, dont un millier de civils.
Ces pertes civiles en hausse dues aux bavures de la coalition, qui ne s'est fixé aucun calendrier de retrait, suscitent une indignation croissante de la part de la population et des autorités. Karzaï a exigé qu'elles "cessent totalement".
FEU VERT DE BUSH
Le chef d'état-major interarmes américain, l'amiral Mike Mullen, a concédé mercredi que la coalition occidentale n'était pas en train de gagner en Afghanistan et prôné un changement de stratégie afin de combattre l'insurrection jusqu'au Pakistan.
L'amiral Mullen a expliqué qu'il "réfléchissait à une nouvelle stratégie, plus globale, pour la région", visant notamment à étendre les opérations transfrontalières entre l'Afghanistan et le Pakistan. "A mes yeux, ces deux pays sont inextricablement liés par une même insurrection qui franchit leur frontière commune", a-t-il dit.
Selon le New York Times, le président George Bush a donné secrètement son feu vert en juillet pour que les forces spéciales américaines puissent mener des opérations au Pakistan, sans l'accord des autorités d'Islamabad.
Cette question suscite un vif émoi à Islamabad, où la première incursion connue de troupes américaines sur le sol pakistanais a été entachée la semaine dernière par la mort de vingt civils, dont des femmes et des enfants.
La multiplication des raids américains en territoire pakistanais risque de fragiliser le nouveau président Asif Ali Zardari, dont Karzaï a assisté mercredi à la prise de fonctions.
Le président afghan a dit avoir décelé une volonté nouvelle d'Islamabad de mettre au pas les foyers d'insurgés dans les zones tribales mais il a laissé entendre qu'il revenait à la coalition de lui forcer la main.
"Quand nous parlons de nouvelle stratégie, notre objectif est de changer les choses au niveau régional et en Afghanistan même. A l'intérieur de l'Afghanistan, la responsabilité doit échoir au gouvernement afghan, à ses institutions et à ses forces de sécurité."
Version française Marc Delteil