KABOUL - Les forces afghanes prendront en charge la sécurité dans certaines provinces d'ici début 2011, selon un projet de communiqué élaboré en vue de la conférence internationale sur l'Afghanistan qui se tiendra jeudi à Londres.
Ce texte provisoire, que Reuters a pu consulter dimanche, précise que Kaboul et la communauté internationale définiront un "cadre" pour remettre aux forces afghanes la responsabilité de la sécurité.
Dans le communiqué, les parties conviennent que "la transition commencera en 2010 et que les forces afghanes pourraient retrouver d'ici début 2011 la primauté dans plusieurs provinces, l'Isaf prenant alors une fonction de soutien".
L'Isaf désigne la Force internationale d'assistance à la sécurité, déployée sous commandement de l'Otan.
Le texte évoque largement les efforts du gouvernement afghan pour tenter de convaincre les combattants taliban à renoncer à la violence.
Kaboul mettra sur pied une organisation afin de "tendre la main aux insurgés", ajoute le texte. La communauté internationale accepterait, elle, de financer le programme de réintégration.
L'Afghanistan souhaite convaincre les militants de base et des niveaux intermédiaires du mouvement taliban de rentrer dans le rang et de participer à la reconstruction du pays, a expliqué vendredi un proche conseiller du président Hamid Karzaï.
Les donateurs internationaux s'engageront enfin à fournir davantage d'aide directe au gouvernement et à aider Kaboul à assainir sa dette. Aucun chiffre ne figure dans le projet de déclaration.
COORDINATION FRANCO-ALLEMANDE
Le mois dernier, les pays de l'Otan ont formalisé leurs engagements concernant l'envoi de renforts militaires en Afghanistan, dont les effectifs doivent s'élever à 7.000 hommes, aux côtés des 30.000 soldats que le président américain Barack Obama a décidé d'envoyer en renfort.
L'Allemagne pourrait porter les effectifs de son contingent au-delà de la limite de 4.500 hommes afin d'aider à la formation de la police afghane et à la reconstruction du pays, a déclaré le ministre allemand de la Défense, Karl-Theodor zu Guttenberg. La décision de Berlin sera annoncée avant la conférence de jeudi.
Les sondages montrent qu'une majorité d'Allemands est favorable à un retrait des soldats de la Bundeswehr d'Afghanistan.
Jeudi dernier, le président français Nicolas Sarkozy s'est entretenu par téléphone avec la chancelière allemande Angela Merkel.
Le dirigeant français souhaite que la conférence de Londres permette de progresser sur deux points: "une approche concertée" du transfert progressif aux autorités afghanes des responsabilités en matière de sécurité en province et une réorganisation du dispositif international.
"La France restera engagée aussi longtemps que nécessaire et aussi longtemps que les Afghans le souhaiteront", a dit vendredi, lors de ses voeux au corps diplomatique, le chef de l'Etat qui a rappelé que les troupes françaises avaient pour objectif de stabiliser leur zone en deux ans et d'accélérer la formation de l'armée et de la police afghanes.
Prié de dire, après son discours, ce qu'il en était d'un éventuel renforcement des quelques 4.000 soldats français en Afghanistan, il a répondu, sans autre précision : "J'en ai parlé avec Mme Merkel hier. On va essayer de faire les choses ensemble (...) On fera des propositions avec nos amis allemands."