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 A Lashkargah, la nuit on tire et le jour on meurt

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boldak
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boldak


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MessageSujet: A Lashkargah, la nuit on tire et le jour on meurt   A Lashkargah, la nuit on tire et le jour on meurt Icon_minitimeMer 27 Juin - 22:30

La guerre qui n’en est pas une, vue d’un village afghan. Avec la morgue pleine, le bazar vide et un gouverneur prisonnier.

de Vauro Lashkargah (Afghanistan) traduit de l’italien par karl&rosa

Ce matin, peu avant l’aube, un commando taliban a attaqué la base anglaise, seulement une action démonstrative : des rafales de kalachnikov. A l’hôpital d’Emergency, vers 5 heures du matin, est mort Sandor. Hier il avait été amené là, le corps à demi broyé, avec sa femme et son enfant, pour eux un avenir de mutilés. Sandor, au contraire, va s’ajouter aux quatre qui voyageaient dans la même voiture que lui frappée par un missile et qui sont morts sur le coup.

Aujourd’hui, le ciel de Lashkargah est d’un blanc sale et opaque, la ville apparaît estompée, immergée dans la poussière dense soulevée par le vent, le durhia, comme on l’appelle ici.

Pour atteindre la zone du bazar on passe devant la résidence du gouverneur nommé par Karzaï ou plutôt devant les barreaux et les blocs de béton qui enferment et entourent toute la zone. "Les rares fois qu’il sort de chez lui - nous dit le chauffeur qui nous accompagne - les militaires bloquent aussi les rues limitrophes". Le gouverneur de Lashkargah est à peine plus qu’un prisonnier.

Un dédale de basses maisons de boue, celles qui donnent sur la grand-route pas goudronnée ont devant le trou de l’entrée des toiles semi déchirées, soutenues par des piliers bancals qui pendouillent ici et là comme des morceaux de viande couverts de mouches et autres pauvres marchandises étalées à la devanture des boutiques. La misère enlève tout charme exotique à ce bazar. Reste le fourmillement de figures humaines, de turbans sombres, de vieux aux yeux maquillés de rimmel, de jeunes aux barbes noires et aux longs vêtements, de myriades d’enfants, d’apparitions timides et fuyantes de femmes portant le burka, de pousse-pousse à moteur très colorés comme les pakistanais, d’ânes et de charrettes surchargées. Accroupis derrière de petits bancs, des changeurs et des cordonniers qui fabriquent des chaussures avec de vieux pneus. Une animation vivace mais qui apparaît, étrangement, silencieuse, comme si la poussière, en même temps que les couleurs, avait aussi absorbé les sons.

Les enfants s’approchent les premiers mais au bout d’un moment ce qui nous entoure est une petite foule de personnes âgées et d’enfants. Il n’y a pas d’hostilité dans leurs regards mais une curiosité mêlée à de la perplexité, depuis longtemps ils ne voient des occidentaux que s’ils sont armées et enfermés dans leurs blindés. La même perplexité on la saisira, peu aprés, dans les yeux des soldats anglais tandis qu’ils nous regardent de derrière leurs mitraillettes sur un convoi de véhicules blindés qui traversent lentement la grand-route. « Les Anglais sont meilleurs que les Américains, moins arrogants et autoritaires », débute un vieux du groupe. « Mais nous n’en voulons pas non plus » réplique tout de suite un autre.

C’est comme si une soupape s’était ouverte, les voix se multiplient et se superposent : « Ils disent qu’ils sont venus nous amener la sécurité, des bombardements, des attentats, des morts et des blessés, est-ce cela la sécurité ? » Un homme corpulent à la barbe sombre qui semble avoir l’autorité de faire taire les autres intervient : « Voyez-vous dans quelles conditions nous vivons ? - dit-il d’un geste ample des bras pour montrer ce qui l’entoure - bienvenus les étrangers qui veulent nous aider mais pour bâtir des routes, des écoles, des hôpitaux il ne faut pas venir armés.

Ce sont les étrangers armés que nous ne voulons pas. Ils disent que c’est pour que les talibans ne reviennent pas. On s’en fiche des talibans, nous vivions dans la misère même quand ils étaient là, tout comme maintenant mais il y avait plus de sécurité et de plus c’étaient des musulmans comme nous et ils nous respectaient, il respectaient notre religion et nos coutumes.
Ce sont les troupes étrangères qui prolongent la guerre en Afghanistan ».

Au-delà du pont sur le fleuve Helmand qui traverse la ville il y a un poste militaire anglais : des blocs de béton, des blindés et des mitraillettes. Une colonne de voitures délabrées, de pousse-pousse et de fourgonnettes s’est formée, aussi parce qu’un âne attaché à sa charrette s’est arc-bouté au milieu de la route et ne veut pas se déplacer, malgré les coups que son propriétaire, un vieux à turban, lui assène pour le faire bouger. Juste derrière le poste de contrôle, sur une esplanade, il y a les carcasses rouillées et criblées de trous de vieux chars soviétiques. Presque un avertissement de l’histoire, mais un jeune petit soldat anglais, les yeux bleus, les cheveux rouges qu’on entrevoit sous son casque en acier, ne le saisit sûrement pas.
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