Fils d'un fondateur du Hamas, Mossaab Hassan Youssef, ex-taupe d'Israël au sein du mouvement islamiste, était déjà au ban de la société palestinienne. Devenu apostat par sa conversion au christianisme aux Etats-Unis, il persévère en revenant en Israël porter le fer contre l'islam.
"Il faut afficher la véritable image de l'islam qui est une religion de guerre", assène, durant une conférence de presse à Jérusalem, l'élégant jeune homme de 34 ans exilé en Californie, portant veste et cravate malgré la chaleur.
Durant son séjour, à l'invitation d'un vice-ministre de l'aile dure du Likoud (droite nationaliste, au pouvoir), celui que le Shin Beth, service de sécurité intérieure israélien, surnommait "le prince vert", a même annoncé son intention de tourner un film sur la vie du prophète afin de "dévoiler la nature de l'islam et de son fondateur".
Né près de Ramallah en Cisjordanie, aîné de cheikh Hassan Youssef, un fondateur du Hamas actuellement emprisonné en Israël qui l'a renié, il a publié en 2010 une autobiographie intitulée "Fils du Hamas", avec le journaliste américain Ron Brackin.
Il fait sensation en 2008 dans une interview accordée des Etats-Unis au quotidien Haaretz, dans laquelle il parle de sa conversion, attaque le Hamas, défend Israël et déplore de ne sans doute jamais pouvoir en conséquence remettre les pieds sur sa terre natale.
En 2010, un article de Haaretz révèle ses activités de collaboration avec Israël. Dans un premier temps, cheikh Hassan Youssef avait démenti. "Depuis 1996, alors qu'il avait 17 ans, il a fait l'objet de chantage et de pressions de la part des renseignements israéliens", avait-il affirmé, sans en préciser les ressorts.
"Je comprends pourquoi je suis rejeté par ma famille et mon peuple mais je ne regrette rien", assure Mossaab Youssef, aux côtés de son ancien agent traitant, Gonen Ben Yitzhak, qui l'accompagne durant son voyage en Israël.
"J'ai fait des choix difficiles mais je suis fier d'avoir sauvé des vies et le referais si c'était possible", insiste-t-il.
Selon le livre, les informations qu'il a livrées ont permis d'empêcher des dizaines d'attentats durant la deuxième Intifada (2000-2005) et mené les services israéliens sur la piste d'Ibrahim Hamed, un chef militaire du Hamas, et de Marwan Barghouthi, chef en Cisjordanie du Fatah, parti dirigeant de l'Autorité palestinienne.
S'exprimant en anglais et refusant de répondre en arabe aux journalistes, le "prince vert" ne tarit pas d'éloges sur "la démocratie israélienne", dans laquelle il voit "le contraire des valeurs du Hamas".
Interrogé sur l'échec des négociations de paix israélo-palestiniennes, il l'impute aux Palestiniens, auxquels il reproche "de ne pas reconnaître le droit historique du peuple juif sur cette terre".
"Je ne crois pas que la paix soit possible entre le Hamas et Israël tant que le Hamas voudra détruire Israël", dit-il, ignorant ou indifférent aux évolutions du mouvement depuis son exil. S'il pouvait parler à son père, il lui dirait de "quitter le Hamas et combattre ce monstre qu'il a créé".
Mais il s'est trouvé une famille de substitution, puisque Gonen Ben Yitzhak le qualifie de "frère" et salue son "courage incroyable".
L'ancien officier traitant déplore néanmoins la tiédeur des autorités israéliennes envers celui qui leur a tout sacrifié. "On ne sait pas toujours être reconnaissant envers ceux qui ont aidé Israël alors que cet homme a sauvé des centaines de vies", dit-il, soulignant que sa visite n'était pas souhaitée.
Au point que, selon les médias israéliens, l'ex-taupe vedette du Shin Beth a été retenue pendant plusieurs heures à son arrivée à l'aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv, comme n'importe quel passager suspect.