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Aux amoureux de l'Afghanistan.
 
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 Aphorismes, contes et enseignements soufis

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Yama
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Yama


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MessageSujet: Aphorismes, contes et enseignements soufis   Aphorismes, contes et enseignements soufis Icon_minitimeDim 11 Nov - 12:28

Quelques extraits d'un livre :

Héritiers des prophètes
Les érudits prétendent être les héritiers des prophètes. Mais aujourd'hui ce sont les Soufis, ces authentiques hommes de Dieu, qui sont les héritiers. Heureux dans le dénuement, généreux envers les êtres, ne les trompant jamais et les éclairant sans rien attendre en retour, ils considèrent le bien et le mal comme l'expression de la volonté divine. Ils ne cultivent pas la haine. Ils ne sont pas prisonniers du temps. Les phénomènes qui terrorisent les autres les laissent impassibles. (Kharaqani)

Au cœur du Soufi
Dieu a glissé un je sais quoi de Lui au cœur du Soufi. Si tu demandes : « Incarnation ? », je répondrai seulement : « Lumière. » (Kharaqani)

La mort dans la vie
Un Soufi est quelqu'un qui n'existe pas.
Être un Soufi signifie que Dieu te fait mourir à toi-même pour te faire vivre en Lui. (Junayd)

Miracle et merveille
Un homme qui vend du miracle afin d'être adulé n'est qu'un charlatant.
Celui qui le lui achète, même s'il n'aboie pas, n'est qu'un chien.
Un Soufi n'a nullement besoin de trafiquer dans le merveilleux.
Il est en lui-même la merveille des merveilles ! (Abdurahman Jami)

Le misérable
Shebli chemine au désert en compagnie de ses disciples, quand ils découvrent un crâne portant cette inscription :
« Ce misérable aura perdu ce monde-ci ainsi que l'autre. »
- Ce devait être un prophète ou un saint, quelqu'un qui a trouvé Dieu, murmure respectueusement Shebli.
- Comment cela ? s'exclament les disciples, interloqués.
- Faute d'abandonner aussi bien l'autre monde que celui-ci, comme l'a fait ce sage, répond Shebli, nul ne saurait atteindre Dieu.

L'imprévoyance
Pleurs amers d'un homme en détresse.
- De quoi s'agit-il ? Demande Shebli.
- Je n'avais qu'un seul véritable ami dans la vie, sanglote le malheureux, et il est mort.
- Aventureux ! murmure Shebli. Pourquoi donc avoir choisi un ami susceptible de mourir ?

Secret de Satan
Dieu dit à Son ami :
- Tu veux connaître le secret ? Demande à Satan.
- L'homme fut donc amené à rencontrer le Diable, et à l'interroger sur son secret.
- Mon cher, répondit Satan, souviens-toi simplement de ceci : si tu ne souhaite pas devenir moi, évite de dire « je ».

Nourriture
Mange de façon à manger ce que tu manges, et non pas de manière à être dévoré par ta nourriture. (Abu Adbullah Herawi)

Hallaj et Pharaon
Une nuit, en rêve, un Soufi voit Pharaon en enfer et Mansur Al-Hallaj très haut dans le ciel.
- Seigneur, demande le rêveur, éclaircis-moi ce paradoxe. Pharaon proclamait : « Je suis votre Dieu », et Hallaj : « Je suis la Vérité ». Ne disaient-ils pas la même chose ? Tous deux ne prétendaient-ils pas être Dieu ? Pourquoi une telle différence de traitement leur est-elle faite ?
- Pharaon tomba sous l'emprise de son ego, dit la Voix. En tout ce qu'il a vu, il n'a que lui-même. Ainsi M'a-t-il perdu. Tandis que Mansur, en tout ce qu'il a vu, n'a vu que Moi, et a perdu son ego. Voilà la différence entre eux.

Jusqu'en Chine si nécessaire
Un pèlerin du Khorassan, sur la route de la sainte Ka'aba, la Demeure de Dieu à Hijaz, fut questionné par Kharaqani :
- Ami, où vas-tu ainsi ?
- A la Ka'aba, à Hijaz, pour chercher Dieu.
- Mais dis-moi, reprit Kharaqani : où est le Dieu du Khorassan pour que tu aies besoin d'aller Le chercher à Hijaz ?
Devant l'incompréhension soudaine du pèlerin, Kharaqani ajouta :
- Notre saint Prophète a dit d'aller chercher la Connaissance jusqu'en Chine si nécessaire, mais il n'a pas dit de pister Dieu.

Patience, confiance
Patience ?
Dans le désastre comme dans l'absence de désastre, demeurer le même.
La patience consiste à engloutir l'adversité sans même un froncement de sourcils.
La confiance en Dieu ?
Trouver le bonheur jusque dans la catastrophe. (Junayd)

Paraître
Parais ce que tu es, ou sois ce que tu parais ! (Bistami)

Admirables actions
Prier et jeûner sont des actions admirables.
Mais nettoyer et purifier son cœur pour en bannir l'arrogance, la jalousie et la cupidité sont actions bien plus admirables encore. (Kharaqani)

Gratitude
La gratitude :
Ne pas voir le cadeau, mais d'abord Celui qui l'offre. (Shebli)

Adore-moi
Celui qui adore Dieu par crainte n'adore en fait que sa propre personne, et sa motivation réside seulement dans le souci de son propre salut.
Celui qui adore Dieu par espoir n'adore en fait que sa propre personne, et sa motivation n'est que spéculation sur quelque récompense céleste.
Je n'adore Dieu ni dans la crainte ni dans l'espoir, comme le font des serviteurs que leur maître paye pour cela.
Je L'adore même pas au nom de l'amour que j'ai de Lui : revendiquer que je L'aime relèverait en effet d'une bien énorme prétention, et je ne saurais en être digne.
J'agis seulement comme je le dois. Il dit : « Adore-moi », et je L'adore. (Ansari)

Clair et net
La loi ?
- Le chercher.
La Voie ?
- L'adorer.
La Vérité ?
- Le voir. (Shebli)


Extraits de :
Rire avec Majrouh
Aphorisme et conte soufis


Dernière édition par Yama le Dim 13 Jan - 9:23, édité 3 fois
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Yama
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Yama


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MessageSujet: Quelques mots de Bistami   Aphorismes, contes et enseignements soufis Icon_minitimeMer 14 Nov - 13:14

- Comment as-tu obtenu un tel rang ?
- J'ai rassemblé toutes les nécessités de la vie, je les ai fagotées avec la corde du contentement, je les ai chargées sur le mangonneau de la sincérité, et je le les ai lancées dans l'océan du désespoir. Alors je fus soulagé.


- Par quel moyen parvient-on à Allah, le Très-Haut ?
- Par la mutité, la surdité, la cécité.


- Par quoi ont-ils obtenu ce qu'ils ont obtenu ?
- Pa la perte de ce qu'ils ont et le constat de ce qu'Il a.


Si vous voyez un homme ayant reçu le don des prodiges au point de s'asseoir en tailleur dans l'air, n'en soyez pas dupes avant de vous assurer comme il agit en ce qui concerne l’exhortation et le déni, le respect des règles et l'application de la loi.


J'ai accompli le pèlerinage une première fois, là je vis le Temple. La deuxième fois, je vis le Maître du Temple, sans voir le Temple. La troisième fois, je ne vis ni le Temple, ni le Maître.


Qui regarde les êtres avec l’œil de la science les honnit et les fuit en se réfugiant en Allah, Glorieux et Sublime. Et qui les regarde avec l’œil de la vérité, les absout et devient pour eux la voie qui mène à Lui.


Tous les nom désignent les attributs, seul Allah désigne l'essence. Le nom est un indice qui mène au sens ; et par le sens on reconnaît l'essence ; et par les noms on saisit les attributs ; et par les attributs on perçoit l'essence. Celui qui admet les attributs sans reconnaître l'essence n'est point musulman. On appelle musulman celui qui consacre l'essence avant de se préoccuper des attributs. Il devra ensuite adopter les attributs. La preuve de cela : si un homme proclame : « Point de dieu hormis le Miséricordieux » ou « Point de dieu hormis le Clément » ; quand il alignerait tous les autres noms, jamais il ne serait musulman avant de prononcer « Point de dieu hormis Allah. » celui qui célèbre ce seul nom, qui est Allah, établit tous les autres noms qui sont contenus en lui et en dérivent. De ce nom proviennent les sens de tous les autres noms. Et tel nom recouvre l'être des noms. Tel nom n'a besoin de nul autre que lui-même. Car Dieu Très Haut S'est réservé la jouissance exclusive de ce nom et a fait participer Ses créatures à tous les autres noms. A l'exception de tel nom. Il est permis de qualifier l'homme de savant, clément, généreux, selon le sens même de ces noms. Mais il n'est pas autorisé d'appeler l'homme « Allah », Son nom étant : « Point de dieu hormis Allah. » Et jamais l'on ne s'adresse à Allah par un de Ses noms sans obtenir pour soi-même quelque avantage ; sauf pour ce qui concerne le nom « Allah », lequel représente la part d'Allah seul à laquelle ne peut accéder le serviteur. C'est-à-dire : celui qui réclame à Allah sa miséricorde dit : « O miséricordieux ! » et celui qui demande Sa générosité dit : « O Généreux ! », et celui cherche Sa libéralité dit : « O Libéral ! » Sous chaque nom gît un sens, à répartir entre les humains pour les affaires de ce monde et de l'autre : tous les noms, hormis « Allah » ; tel nom renvoie à l'unicité d'Allah Très Haut ; le moi n'en a point part. Celui qui veut être doté par Allah s'adresse à Lui par les noms des attributs ; et celui qui présent Son essence, L'invoque par le nom de l'essence.


Il dit :
- Le croyant n'a pas de moi.
Puis il récita :
- « Allah a acheté aux croyants leur personne. »
Comment peut-on conserver son moi quand on a vendu sa personne ?


- Qu'est-ce que le soufisme ?
- C'est l'attribut du Vrai dont se vêt le serviteur.


- On dit que la profession de foi : « Point de dieu hormis Allah », est la clé du paradis.
- On dit vrai. Mais la clé n'ouvre pas sans une serrure. Et la serrure de « Point de dieu hormis Allah » est composé de quatre choses qui sont : une langue sans mensonge ni médisance, un cœur sans ruse ni traîtrise, un ventre sans péché ni soupçon, une œuvre sans caprice ni déviance.


Il y avait dans la contrée d'Abu Yazid un docteur de la loi qui était le savant dans la région. Il alla vers Abu Yazid et lui dit :
- On me rapporta sur ton compte des choses extraordinaires.
- Il en existe d'autres bien plus extraordinaires, lui répliqua Abu Yazid.
- Ta science, de qui et d'où te vient-elle ?
- Ma science est un don de Allah, Glorieux et Sublime ; elle illustre ce dit de l'Envoyé de Dieu : « Qui agit par ce qu'il sait, Allah lui fait hériter ce qu'il ignore », et cet autre dit : « Il y a deux sciences : la science évidente qui est la preuve d'Allah pour Ses créatures ; et la science ésotérique qui contient le savoir salutaire. » Ta science, ô docteur, fut transmise, d'une voix à l'autre, pour l'enseignement, non pour l’œuvre. Et ma science, ce sont les inspirations qui me viennent de Lui.
- Ma science est corroborée par la chaîne des autorités : de plus grands aux plus grands, jusqu'à l'Envoyé d'Allah, à l'ange Gabriel, à Allah, Glorieux et sublime.
- Docteur, le Prophète possédait une science provenant d'Allah et à laquelle n'étaient initiés ni l'ange Gabriel, ni l'ange Michaël.
- Certes, mais je voudrais authentifier cette science dont tu te réclames.
- Oui, je te préciserai cela dans la mesure de la connaissance qui est fixée dans ton cœur.
Puis il reprit :
- Docteur, sais-tu que le Glorieux et Sublime parla formellement à Moïse, qu'Il parla à Mohmmad – lequel Le vit ouvertement – comme Il parla aux prophètes à travers Ses révélations ?
- Assurément.
Puis il dit :
- Docteur, sais-tu que les paroles des véridiques et des saints proviennent d'une inspiration qu'Il suscite en eux ? Ne sais-tu pas que ce sont Ses bienfaits et Ses confirmations qui les incitent à prononcer la sagesse au profit de la communauté ? Allah n'a-t-Il pas inspiré la mère Moïse quand elle mit son enfant dans le coffret et le jeta dans le fleuve ? N'a-t-Il pas inspiré Khadir dans l'affaire du bateau, l'affaire du jeune homme et l'affaire du mur ? Khadir lui-même n'a-t-il pas affirmé à Moïse : « Je n'ai pas agi de ma propre initiative, mais d'après une science provenant d'Allah, Glorieux et Sublime », lequel dit : « Nous lui avons conféré une science émanant de Nous »?Aussi n'a-t-Il pas inspiré Joseph en sa prison ? De même pour Abu Bakr qui révéla à Aïcha que telle femme était enceinte d'une fille ; et quand la mère mit au monde d'une fille, Abu Bakr dit : « Cela me fut inspiré. » Et Umar ne fut-il pas inspiré quand il cria sur la chaire : « O Chari'a, la montagne ! » De semblables exemples ne manquent pas. Allah réserve aux êtres qu'Il inspire Ses bienfaits en puisant dans Sa grâce et Sa générosité. Et Allah distingue les uns des autres dès qu'il s'agit de l'inspiration et de la sagacité.
Le docteur se leva et dit :
- Tu m'as donné accès au fondement et tu m'as mis du baume au cœur.


- Allah est Très Grand, dit quelqu'un.
- Que signifie cette parole ? lui demande Abu Yazid.
- Il est plus grand que toute chose.
- Prends garde ! Tu Le limites. A quoi peut-Il être mesuré pour paraître le Très Grand ?
- Que veut donc dire cette parole ?
- Il est le Très Grand car Il ne peut être comparé aux hommes, ni soumis à l'analogie, ni perçu par les sens.


Abu Yazid apprit qu'un tel, son voisin le mage, était malade. Il lui rendit visite. Lorsque le mage vit Abu Yazid, il dégagea sa tête de son lit et posa son visage à même la terre par considération et déférence pour son visiteur, lequel resta une heure, puis se décida à partir. Parvenu au patio, Abu Yazid leva les yeux vers le ciel comme pour l'interroger sur le sort du malade. Dans le vestibule, voici que l'un des enfants du mage le rattrapa et l'interpella :
- Mon père te dit : « Par le pouvoir d'Allah sur toi, ne pars pas. »
Il resta. Le malade lui parla ainsi :
- Abu Yazid, expose-moi les principes de l'islam.
Il les lui exposa. Et le mage devint musulman. Puis trépassa. Abu Yazid se chargea de tout et l'enterra.


La Tradition recommande l'abandon du monde et la Loi ordonne la compagnie du Seigneur. Celui qui se conforme à la Tradition et à la Loi parfait sa connaissance. Le Le livre le conduit à la compagnie du Seigneur et la Tradition le guide à travers le monde.


Le soufi est celui qui prend le Livre d'Allah de sa main droite et la Tradition de Son Envoyé de sa main gauche. Et qui regarde d'un œil le jardin et de l'autre le feu. Et qui se drape de ce monde et se vêt de l'au-delà. Et qui, en attendant, se met à la disposition du Seigneur : « Me voici, ô Allah, me voici ! »


Cherche Sa passion à l'opposé de ta passion et Son amour dans la haine de ton moi ; tu parviendras à Le connaître dans la passion contraire, et à L'aimer dans la haine du moi.


Le Vrai est comme le soleil éclatant. A Sa vue, on en este convaincu. Court à sa perte celui qui exige une preuve devant l'évidence.


Dix préceptes constituent la règle du corps :
1. Accomplir les obligations légales ;
2. Éviter les interdits ;
3. Être modeste à Dieu ;
4. S'abstenir d'offenser les frères ;
5. Guider les vertueux et le libertin ;
6. Solliciter le pardon ;
7. Réclamer le consentement de Dieu dans toutes les affaires ;
8. Délaisser la colère, l'orgueil, l'outrage et la dispute qui engendre l'hostilité ;,
9. Être son propre conseil ;
10. Se préparer à la mort.


Dix recommandations font le château du corps :
1. Se protéger les yeux ;
2. Habituer sa langue à l’invocation ;
3. Procéder à l'examen de conscience ;
4. Utiliser la science ;
5. Respecter la bienséance ;
6. Vider le corps des préoccupations mondaines ;
7. Se mettre à l'écart des humains ;
8. Combattre le moi ;
9. Être abondant dans la prière ;
10. Se conformer à la Tradition.


Dix qualités fondent la noblesse du corps : la mansuétude, la pudeur, la science, le scrupule, la crainte, le caractère affable, l'endurance, la conviction, la contenance, l'abandon et l'interrogation.


Dix errements ruinent le corps :
1. L'amitié pour l'indifférent à sa religion
2. L'évitement des gens de bien ;
3. La subordination au moi ;
4. L'aversion pour la communauté ;
5. La fréquentation des hérétiques ;
6. L'immixtion dans les affaires d'autrui ;
7. L'accusation de ses semblables ;
8. La quête de notabilité ;
9. Les vanités du monde.


Dix défauts rendent le corps vil : l'animosité, la colère, l'orgueil, l'outrage, la querelle, l'avarice, l'ostentation du dénuement, l'abandon du respect, la grossièreté, la renonciation à l'équité.


- Qu'est-ce que le soufisme ?
- C'est le rejet du moi dans la servitude, et l'attachement du cœur à la souveraineté, et l’utilisation de ce qui est conforme à la Tradition, et à la conception de Allah comme totalité.


Abu Yazid dit :
- Allah Très Haut dit : « Si Mon serviteur fait de Moi son occupation dominante, Je mettrai son appétit et sa délectation dans Mon invocation, Je lèverai le voile entre lui et Moi et serai l'image qui ne quitte plus ses yeux. »


Qui s'en tient à la servitude doit observer deux préceptes : craindre son péché et ne pas s'émerveiller de son œuvre.


Un homme vint à Abu Yazid et dit :
- Conseille-moi !
- Regarde le ciel.
Il regarda. Abu Yazid dit :
Sais-tu qui a créé cela ?
- Allah.
- Qui l'a créé t'observe où que tu sois. Crains-Le.


Allah fit d'Iblis un chien Ses chiens. Il fit de ce monde une charognes. Il fit asseoir Iblis ici-ba, où commence l'au-delà. Il lui dit : Je mets sous ton autorité quiconque se penche sur la charogne. »
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Yama
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MessageSujet: Quelques mots de Junayd   Aphorismes, contes et enseignements soufis Icon_minitimeJeu 15 Nov - 12:42

Toutes les voies sont fermées aux créatures, sauf à celui qui met ses pas dans ceux de l'Envoyé, qui suit sa règle de vie (Sunna) et qui demeure sur la route qu'il a tracée. Le chemin de tous les bienfaits lui est alors ouvert.


Cette science qui est nôtre est subordonnée au Livre et à la Sunna ; et quiconque n'a pas appris le Coran, n'a pas transcrit la Tradition, et n'a pas étudié la Loi, ne saurait servir d'exemple.


Ô jeune homme ! attache-toi à la science (=doctrine musulmane), même si des états mystiques surviennent en toi. La science restera ta compagne, alors que les états mystiques se résorberont en toi et disparaîtront ; Dieu n'a-t-il point dit en en effet : « Et ceux qui sont enracinés solidement dans la science disent : « Nous croyons en cela. Tout vient de notre Seigneur... » (Coran, 3,7)


Junayd disait à ses disciples : « Si je savais qu'une prière de deux rak'a vaudrait mieux pour moi que de siéger devant vous, je ne resterais pas assis avec vous.


Ja'far Khuldi vit Junayd en songe après sa mort, et il lui demanda ce que Dieu avait fait de lui. Junayd lui répondit : « Toutes ces illusions ésotériques avaient été balayées, tous ces discours théoriques avaient disparu, toutes ces connaissances s'étaient évanouies, tout ce formalisme s'en était allé ; la seule chose qui m'a servi, ce sont ces quelques petites rak'a que nous faisions à l'aube. »


Si je savais qu'il existe sous l'azur du ciel une science de Dieu plus noble que celle dont nous nous entretenons avec nos disciples et nos frères, je m'efforcerais de l'atteindre et je partirais à sa recherche.


Depuis vingt ans, cette science qui est nôtre et dont nous nous entretenons, a replié son tapis, et les gens ne dissertent que sur ses franges.


Le tasawwuf (la vie spirituelle, le « soufisme ») est basé sur huit vertus qui lui sont propres : la générosité de l'âme (sakha'), l'acceptation du destin (rida), la patience (sabr), la discrétion du langage (ichara), l'exil volontaire (ghurba), le port de la laine (lubs al-suf), la pérégrination (siyaha), et la pauvreté (faqr). La générosité d'âme est représentée par Abraham, l'acceptation du destin par Ismaël, la patience par Job, la discrétion du langage par Zacharie, l'exil par Jean, le port de la laine par Moïse, la pérégrination par Jésus, et la pauvreté par Mohammad.


Le tasawwuf, c'est que l’Être divin te fasse mourir à toi-même, et qu'Il te fasse vivre par Lui.


Le tasawwuf, c'est que tu sois avec Dieu, et que tu n'aies plus aucune attache.


Le tasawwuf, c'est sortir de toute disposition vile et entrer dans toute disposition noble.


Le tasawwuf, c'est une capture violente, sans merci.


Le tasawwuf, c'est invoquer avec récollection, c'est éprouver une émotion forte en écoutant, et c'est œuvrer en prenant exemple.


Ce mot de tasawwuf désigne un attribut dans lequel le serviteur est établi. « Un attribut du serviteur, maître ! ou un attribut de l’Être divin ? » lui demanda Abu Bakr al-Mala'iqi. Un attribut de l’Être divin en réalité, et un attribut du serviteur en apparence, telle fut la réponse de Junayd.


Les (vrais) hommes du tasawwuf sont du passé, le tasawwuf est devenu charlatanerie, /Le tasawwuf est devenu une gourde à ablution, un tapis de prières et une tunique bigarrée, /Le tasawwuf est devenu des cris que l'on pousse, une extase simulée et un coup de folie, / et l'on se trompe, ce comportement n'a rien de commun avec la voie qui permet d'atteindre le But.


La science du tasawwuf est une science que seul connaît l'homme doué d'intuition et familiarité avec la Vérité, /il ne la connaît pas celui qui n'en as pas le témoignage intérieur, et comment un aveugle pourrait-il voir la lumière du soleil ?


Le chemin qui mène à Dieu, c'est un repentir (tawba) qui dissout la persévérance dans la faute, une crainte (khawf) qui supprime la négligence, une espérance (raja') qui entraîne sur la voie du bien, et c'est aussi se savoir observé par Dieu (muraqaba) quand les pensées surgissent dans le cœur.


Le soufi est semblable à une terre sur laquelle on jette toute sorte de choses laides et dont il ne sort que des choses belles.


Le soufi est comme le sol que foule aussi l'homme pieux que l'homme pervers, ou comme le nuage qui abrite de son ombre toute chose, ou encore comme la pluie qui arrose toute chose.


À la question : « Qui la Sagesse (hikma) prend-elle en amitié, en qui se repose-t-elle et se réfugie-t-elle ? » Junayd répondit : « Celui en qui toutes les convoitises ont été tranchées, celui en qui les désirs dus à la considération des choses ont disparu, celui en qui toutes les aspirations et tous les gestes se sont concentrés sur l'unique objet de l'être (dhat) de son Seigneur, celui dont les actions bénéfiques rejaillissent sur tous les hommes de son temps.


Le repentir (tawba) implique trois réalité spirituelle : la première est la contrition, la deuxième le ferme propos de ne plus retomber dans ce que Dieu a interdit, la troisième est de s'employer à réparer ses torts.


Le renoncement (zuhd), c'est que le cœur soit vide de tout ce dont la main est vide.


Le renoncement, c'est considérer ce bas monde comme peu de chose et en effacer toute trace dans son cœur.


Il est hautement recommandable au novice débutant qu'il ne distraie point son cœur avec les trois préoccupation suivantes : l'acquisition de son gagne-pain, la recherche de la conversation (avec le profane), et le mariage.


La pauvreté spirituelle (faqr), c'est que le cœur soit vide des formes.


Le véritable pauvre (faqir), c'est celui qui se passe de toute chose et de qui toute chose se passe.


La pauvreté spirituelle est un océan d'épreuves, et chacune d'elles est un honneur.


On avait posé à Junayd la question suivante : « Se savoir pauvre envers Dieu (iftiqar) est-ce plus parfait que se ravoir riche par Lui (istighna') ? » Il fournit la réponse que voici : « Si la conscience de la dépendance envers Dieu est véritable, celle de pouvoir se passer de tout grâce à Lui l'est aussi, et la richesse (ghina) est pleinement réalisée ; la question de savoir laquelle des deux est la plus parfaite ne se pose plus, car aucun des deux états n'est parfait sans l'autre . »


Heureux le pauvre dont la pauvreté est véritable ! quand tu lui jette un peu de ta science, elle se met à fondre, tel le plomb dans le feu.


Dieu a honoré les croyants par la foi (iman), Il a honoré la foi par l'intelligence (aql), et Il a honoré l'intelligence par la patience (sabr). Ainsi la foi est l'ornement des croyants, l'intelligence est l'ornement de la foi, et la patience est l'ornement de l'intelligence.


Passer de cette vie à l'autre est facile et peu de chose pour le croyant ; abandonner les créatures pour la cause de Dieu est pénible ; passer du « moi » à Dieu est difficile et douloureux ; mais faire preuve de patience à l'égard de Dieu est la chose la plus déchirante.


Le devoir de l'action de grâces (chukr) est la reconnaissance des bienfaits par le cœur en même temps que par la langue.


La remise confiance (tawakkul), c'est que le cœur s'appuie sur Dieu.


La remise confiante était autrefois une réalité, c'est aujourd'hui une connaissance théorique.


Il y a trois sortes de nourritures : la nourriture des aliments, et elle fait que l'on se détourne de Dieu ; la nourriture de l'invocation (dhikr), et elle fait humer le parfum des Attributs divins ; et la nourriture de la contemplation de l'Invoqué, et celle-là fait disparaître et périr.
36. L'acceptation (rida), c'est le deuxième degré de la connaissance (ma'rifa) ; chez celui qui accepte, la connaissance de Dieu est véritablement réalisée, par le fait qu'il agrée constamment ce qui vient de Lui.


L'acceptation implique que la science qui parvient jusqu'au cœur est véritable; dès que le cœur entre en contact avec la réalité, elle le conduit à l'acceptation.


Vous m'interrogez sur la vie agréable et sur la joie ; eh bien, elles sont pour celui qui accepte ce qui vient de Dieu. L'un de ceux qui savaient s'est écrié : « Quelle belle vie que celle de ceux qui acceptent tout de Dieu ! » Accepter, c'est accueillir l'épreuve qui arrive avec endurance et bonne humeur, et c'est attendre ce qui ne s'est pas encore produit en y pendant et en le prenant en considération. Aux yeux d'un tel homme, son Seigneur agit de la meilleure façon possible, sa miséricorde envers lui est la plus grande possible, et Il sait mieux que lui-même ce qui lui convient le mieux. Quand le destin se manifeste alors, il n'éprouve pour lui aucune aversion, mais bien au contraire c'est ce qu'il veut, et il approuve cette action de son Seigneur. Quand il estime que ce qui lui arrive est un bienfait de Dieu, il est satisfait. L'acceptation, c'est donc vouloir et approuver, c'est-à-dire vouloir ce qui est Son œuvre, en l'aimant et l'agréant de tout son cœur, puisque cela vient de Dieu.


« Les hommes des relation familières avec Dieu » (ahl al-uns), quand ils sont seuls et qu'ils parlent et s'entretiennent intimement avec Lui (munajat), disent certaines choses qui les feraient traiter d'hérétiques par le commun des croyants s'ils les entendaient.


Dieu est proche du cœur de Ses serviteur dans la mesure où Il voit que leur cœur est proche de Lui ; considère donc qu'est-ce qui rend ton cœur proche de Lui !


Sa proximité dans l'extase (wajd, qui peut prendre le sens du wujud = réalisation spirituelle) est « réunion » (jam'), et Son absence (ghayba) dans la condition humaine est « séparation » (tafriqa).


Dieu prive de l'amour (mahabba) celui qui garde une attache.


L'Amour, c'est la pénétration des Attributs de l'Aimé, par permutation avec les attributs de l'amant.


« La question de l'amour fut posée dans une assemble de cheikhs à la Mecque, réunis au moment du Pèlerinage. Ils interrogèrent Junayd, qui était le plus jeune d'entre eux : « A ton tour, qu'en penses-tu, toi, l’Irakien ? » Junayd baissa la tête, et des larmes coulèrent de ses yeux, puis il parla : « L'amour, c'est quand un serviteur s'est quitté lui-même, qu'il invoque constamment son Seigneur, qu'il accomplit tout ce qui Lui est dû, qu'il regarde vers Lui avec son cœur, et que celui-ci est consumé par les lumières de Son Être (huwiyya), qu'il boit l'eau limpide de Son affection, et que Celui qui impose Sa Volonté a enlevé pour lui les voiles qui recouvrent Ses mystères. Si alors il parle, c'est par Dieu ; s'il s'exprime, c'est au sujet de Dieu ; s'il fait un geste, c'est sur l'ordre de Dieu ; s'il reste au repos, c'est avec Dieu. Il est par Dieu, pour Dieu, avec Dieu. » Les cheikhs alors à pleurer, et avouèrent : « Que dirions-nous de plus ? que Dieu soit ton réconfort, ô toi qui es « la Couronne des Sage » (taj al-arifun) ! »


Sache que lorsque la connaissance de Dieu (ma'rifa) a pris de l'ampleur en toi, que ton coeur en est rempli, que ton âme s'épanouit, tout entière consacrée à Lui, que le fond de ton être est purifié par son invocation, et que ton esprit s'est joint à Lui, tes « traces » (athar) disparaissent, tes attributs individuels (rusum) sont effacés, et tes connaissances sont éclairées par Dieu. C'est alors que se manifeste à toi la « science » de l’Être divin (ilm al-Haqq).


Tu ne seras pas réellement un serviteur, tant que quelque chose d'autre que Lui t'asservira ; et tu ne parviendras pas à la liberté totalement pure, tant qu'il te restera la moindre chose à réaliser de ta servitude envers Lui. Quand tu seras le serviteur de Lui seul, tu seras livre de tout ce qui n'est pas Lui.


La dernière station du sage est la liberté.


Durant plusieurs années, j'assistais à des réunions de la communauté spirituelle, où l'on discutait de « sciences » que je ne comprenais pas et dont j'ignorais tout, mais je n'ai jamais été atteint par le moindre doute ; je les acceptais et je les aimais, sans y rien comprendre.


Un cheikh ayant demandé à Junayd : « Qu'ont dont les novices à courir après les histoires édifiantes ? », il fournit la réponse suivante : « Les histoires édifiantes sont des soldats de l'armée de Dieu, qui fortifient le cœur des novices . » « Y a-t-il un argument scripturaire qui témoigne de cela ? » insista le cheikh. « Oui, répondit Junayd, c'est la parole de Dieu : « Et tous les récits que Nous te contons sur les Envoyés sont (destinées) à affermir ton cœur (Coran, 11, 120).


Quand tu constantes qu'un novice recherche les séances de « sama » (« audition spirituelle »), sache bien qu'il y a en lui un reste de frivolité.


Il y avait un disciple de Junayd qui, chaque fois qu'il entendait la moindre invocation, se mettait à crier. Junayd l'avertit : « Si tu fais cela encore une fois, tu ne seras plus mon disciple. » Dès lors, quand il entendait quelque chose, sa personne changeait, mais il se maîtrisait, au point que des gouttes de transpiration tombaient de chaque poil de son corps, jusqu'au jour où il poussa un seul cri, qui emporta son âme.


Au commencement de sa spirituelle, Junayd s'agitait au cours des séances de « sama », et par la suite cette agitation cessa. On lui en demanda la raison, et il répondit en citant ce verset du Coran (27,88) « (L Jour) où tu verras les montagnes que tu crois immobiles passer comme le font les nuages, œuvre de Dieu qui fait parfaitement toute chose » (Ghazali précise que « Junayd indiquait par là que le coeur est ému, et qu'il évolue dans le Royaume céleste, mais que les membres, une fois qu'ils sont disciplinés, donnent l'apparence extérieure du calme »).


Un jour où Junayd était chez lui avec son épouse, Chibli entra. Son épouse voulut alors se revoiler, mais Junayd lui dit : « Il ne se rend pas compte de ta présence, reste comme tu es. » Junayd parla un moment avec Chibli, et celui-ci se mit à pleurer. Junayd dit alors à son épouse : « Voile-toi maintenant, car Chibli vient de sortir de son état d' « absence » (ou « inconscience »).


À quelqu'un qui avait vu Nuri tendre la main et mendier, et qui avait été choqué de ce spectacle, Junayd déclara : « Ne t'en scandalise pas, car Nuri ne demande l'aumône aux hommes que pour que sa mendicité soit un don pour eux dans la vie future ! Il ne fait ce que pour qu'ils en soient récompensés et rémunérés. »


Quand deux disciples sont devenus frères en Dieu, et qu'ensuite l'un des deux se montre distant à l'égard de l'autre et rougit de son compagnon, c'est qu'il y a une défaillance spirituelle soit en l'un soit en l'autre.

Junayd, Enseignement spirituel.
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MessageSujet: As-tu fermé les portes ?   Aphorismes, contes et enseignements soufis Icon_minitimeJeu 15 Nov - 12:48

On raconte qu'un notable de Basra alla dans son jardin. Par hasard, il aperçut la belle femme de son jardinier. Il expédia ce dernier pour exécuter quelque affaire et dit à la femme : «Ferme les portes. » Elle répondit : « Je les ai toutes fermées, sauf une, que je ne peux pas fermer. » Il demanda : « Laquelle ? – La porte, répondit-elle, qui se trouve entre nous et Dieu. » A ces parole, l'homme se repentit et supplia d'être pardonné.

Rapporté par Hujwiri
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MessageSujet: Bases et rudiments de la connaissance soufie   Aphorismes, contes et enseignements soufis Icon_minitimeJeu 15 Nov - 17:12

Bases et rudiments de la connaissance soufie

Un homme entra un jour chez l'un des plus riches marchands de Bagdad et remarqua dans un coin de la boutique un coffret de grandes dimensions, fermé à clef, qui semblait très ancien et d'une facture tout à fait inhabituelle.

Il portait cette inscription :

BASES ET RUDIMENTS DE LA CONNAISSANCE SOUFIE

Ce coffret éveilla sa curiosité, car cela faisait des années que les soufis étaient au centre de ses réflexions, qu'il lisait leurs livres et le récit de leur vie.

Il l'acheta pour une sommes considérable et l'emporta chez lui.

Quand il eut réussi à l'ouvrir, il n'y trouva qu'un morceau de papier sur lequel on pouvait lire : « Voici les bases et les rudiments de la connaissance soufie : désire la vérité plus que l'excitation, cherche et trouve le Maître. »
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MessageSujet: Idolâtrie   Aphorismes, contes et enseignements soufis Icon_minitimeVen 16 Nov - 17:53

Quelqu'un demanda à un soufi :

« Apprends-moi à prier.

-Non seulement pries-tu déjà, dit le soufi, mais une part de ton esprit est constamment occupée à prier.

- Je ne comprends pas, répliqua l'autre, car cela fait des mois que je suis incapable de prier Dieu, pour je ne sais quelle raison...

- Tu m'as dit : « Apprends-moi à prier. » Tu n'as pas mentionné Dieu. Or la prière où tu t'absorbes depuis des mois s'adresse à tes voisins, car tu te préoccupes constamment de ce qu'ils peuvent penser de toi. Tu fais aussi une prière permanente à une idole d'argent, parce que c'est d'argent que tu as envie. Ta prière s'adresse encore à une image de la sécurité et à une image de l'abondance. Si tu as tant de dieux et si tu pries autant, au point que cela constitue une part permanente de ton être, être-il étonnant que tu n'aies pas de place pour une autre sorte de prière ? »
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MessageSujet: Riche et pauvre   Aphorismes, contes et enseignements soufis Icon_minitimeVen 16 Nov - 18:00

Riche et pauvre

Moïse, le grand législateur, était parti voir Dieu car il voulait lui demander conseil quant à la suite de son travail.

Chemin faisant, il rencontra un mendiant qui lui dit :

« Où vas-tu, Moïse ? »

Le prophète répondit :

« Je vais voir Dieu.

- Quand tu le verras, veux-tu lui dire que je suis pauvre et que je ne sais que faire pour améliorer ma situation. »

Moïse promit.

Peu de temps après, il rencontra par hasard un homme très riche qui l'interrogea :

« Où vas-tu, Moïse ? »

- Voir Dieu.

- Quand tu le verras, est-ce que tu veux bien lui demander ce que je dois faire ? J'ai trop d'argent, et néanmoins il continue à en faire pleuvoir sur ma tête. »

Moïse accepta.

Lorsqu'il fut devant Dieu, il lui dit :

« Seigneur ! Je suis venu te demander comment continuer mon travail. Je voudrais aussi te parler de ceux hommes que j'ai rencontrés en chemin. »

Il parla à Dieu du riche et du pauvre.

Dieu dit :

« O Moïse ! Tu me demandes de t'indiquer comment poursuivre ton travail. Mais dans le cas du riche comme dans celui du pauvre, tu n'as pas fait ce que tu savait pertinemment qu'il était juste de faire : donner au pauvre le surplus de la fortune du riche. Comment pourrais-je te dire de faire davantage alors que tu ne fais pas ce que tu es censé être déjà en train de faire ? »
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MessageSujet: Chebli et le chien   Aphorismes, contes et enseignements soufis Icon_minitimeVen 16 Nov - 18:48

Chebli et le chien

Quelqu'un demanda à Chebli : « Qui fut le premier à guider tes pas sur le chemin du Seuil divin ? »
Il répondit : « Je vis un jour un chien au bord de l'eau qui mourait de soif.
Lorsqu'il regardait l'onde il y voyait son propre reflet, qu'il croyait être un autre chien,
Et chaque fois devant cette image il s'enfuyait sans avoir bu.
La soif à la fin lui fit perdre toute retenue et sa patience fut à bout ;
D'un bond, il se jeta à l'eau et du même coup l'autre chien disparut.
Le chien s'évanouit ainsi à ses propres yeux ; cet obstacle qui n'était que lui-même s'effaça d'entre lui et son désir.
C'est ainsi que l'obstacle qui se dressait devant moi disparut ; sans nul doute ce n'était que mon moi
Qui fut ainsi anéanti. Je fus sauvé de cette manière ; mon premier guide sur la voie fut un chien. »
Toi aussi ôte-toi de devant tes yeux. L'obstacle qui t'empêche d'avancer c'est ton moi ; fais-le disparaître.
Le plus petit attachement à ton moi est une lourde chaîne qui entrave tes pieds.
Homme décrépit, il aurait mieux valu qu'on te portât du berceau au cercueil.
Si Dieu accorda à Moïse un rang si élevé c'est parce que du berceau il fut porté au cercueil.
Si tu éprouves le besoin constant de Sa présence enivrante, ne reviens jamais à toi. Voilà le vin qu'il te faut.
Ne reviens pas à toi ; renonce à ton moi ; l'abnégation de soi est lumière sur lumière.

Attâr, Le Livre divin (Ilahi nâma)
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MessageSujet: Les Hérétiques   Aphorismes, contes et enseignements soufis Icon_minitimeSam 17 Nov - 14:29

Les Hérétiques

On rapporte que l'Imam al-Ghazali fut invité un jour à une réunion de juriste.

« Tu es un homme éminent, lui dit le chef des juristes et, comme nous tous ici, du nombre des savants. Les humbles viennent donc te demander d'interpréter la Sainte Loi, la Sharia. Or le bruit court que tu aurais conseillé à tel et tel de ne pas observer la jeûne pendant le mois de Ramadan ; on raconte aussi que tu aurais déclaré qu'il valait mieux pour certains ne pas faire le pèlerinage de la Mecque ; d'autres affirment que tu as réprimandé des croyants pour avoir dit : «Il n'y pas d'autre Dieu qu'Allah. » Ces propos pernicieux, s'il est vrai que tu les as tenus, sont pour nous la preuve suffisante de ton infidélité. Seule ta réputation t'a jusqu'ici épargné le châtiment réservé aux apostats. Les gens sont en droit d'être protégés contre des individus tels que toi. »

Ghazali poussa un soupir, et répondit :

« La Sainte Loi de l'Islam nous le dit : ceux qui n'ont pas une claire intelligence de la Loi et ce qu'elle signifie ne peuvent être coupable de manquements à la Loi et ne sont pas assujettis à ses règles. Cela vaut obligatoirement pour les enfants et les imbéciles, mais cela vaut aussi pour tous ceux qui sont privés de compréhension. Si un homme ne perçoit pas la réalité intérieure du jeûne ou ne fait un pèlerinage que pour se mortifier ou bien encore récite la profession de foi sans avoir la foi, cet homme-là est dénué de compréhension, et il n'est juste de l'encourager à persévérer dans ses pratique. Quelqu'un devra le mettre sur la voie de la compréhension. Vous l'avez dit : les gens sont en droit d'être protégés – protégés contre vous, les juristes, qui voudriez les récompenser pour des mérites inexistants et les persécuter pour des fautes imaginaires.

« Si un homme ne peut marcher parce qu'il est impotent d'une jambe, allez-vous lui dire de marcher, ou bien lui donnerez-vous une béquille, ou le guérirez-vous de son infirmité ?

« C'est parce qu'il avait prévu la venu de gens tels que vous que le Prophète a dit : « L'islam a commencé dans l'exil et finira dans l'exil. » La compréhension du sens des choses n'est pas dans votre intention ni en votre pouvoir ; et vous n'avez pas appris à comprendre. Aussi bien tout ce que vous savez faire, c'est menacer les autres de la mort pour apostasie. En vérité, ce n'est pas moi qui suis un apostat, mais chacun d'entre vous. »
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MessageSujet: Le souvenir   Aphorismes, contes et enseignements soufis Icon_minitimeSam 17 Nov - 17:49

Quelqu'un arrêta Majnûn en chemin et lui dit : « Puisque tu es épris de Layla, prends-la pour épouse ! » – Épouse, répondit-il Majnûn, jamais elle ne me comblerait ; me suffisent ces pleurs et ces gémissements ! – Alors, si tu ne la veux à ton côté, reprit l'homme, chasse de ton esprit ce vain désir ! – La pensée de Layla est ce qui m'importe, dit Majnûn ; d'elle les rebuffades, à moi les lamentations ! La quintessence de l'amour est le souvenir ; tout le reste n'est que vent. Je ne voudrais par cupidité perdre le souvenir de l'aimée ! »
Tant que parle l'évocation d'un autre, le visage du Seigneur te sera voilà. Quand tu ne penseras plus qu'à l'aimé – comme pour Majnûn, tout pour toi sera Layla.

Attar, Le Livre de l'épreuve


Dernière édition par Yama le Lun 26 Nov - 18:18, édité 1 fois
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MessageSujet: Chercheur de connaissance   Aphorismes, contes et enseignements soufis Icon_minitimeVen 23 Nov - 17:58

Chercheur de connaissance
 
J'ai bien peur que tu n’atteignes pas la Mecque, ô nomade !
Car la route que tu suis mène au Turkestan.
Sheikh SAADI, Le Jardin des roses,
« Des usages derviches ».
Je me trouvai un jour dans le cercle d'un maître soufi du nord de l'Inde, lorsqu'un jeune étranger fut introduit. Il baisa la main du sheikh et se mit à parler. Pendant trois ans et demi, dit-il, il avait étudié les religions, le mysticisme et l'occultisme, dans les livres, en Allemagne, en France et en Angleterre. Il avait fréquenté une société après l'autre, à la recherche de ce qui pourrait le mettre sur la bonne voie. La religion formelle ne lui disait rien. Après avoir rassemblé une confortable somme d'argent, il s'était mis en route pour l'Orient ; il avait erré d'Alexandrie au Caire, de Damas à Téhéran et traversé l'Afghanistan, l'Inde et le Pakistan. Il était allé en Birmanie et à Ceylan, ainsi qu'en Malaisie. Partout il avait eu des entretiens avec les maîtres spirituels et religieux dont il avait gardé d'abondantes notes.

Il était évident qu'il avait parcouru beaucoup de chemin, à tous points de vue. Il voulait se joindre à ce sheikh, parce qu'il voulait faire quelque chose de concret, se concentrer sur des idées, s'améliorer. Il montrait tous les signes de celui qui est plus que prêt à se soumettre à la discipline d'un ordre derviche.
Le sheikh lui demanda pourquoi il rejetait tous les autres enseignements. Pour différentes raisons, répondit-il ; et différentes dans presque chaque cas. « Dites m'en quelques-unes », dit le maître.

Les grandes religions, commença-t-il, ne me semblent pas assez profondes. Elles se concentrent sur les dogmes. Avant toute chose, il faut accepter les dogmes. Le zen, tel qu'il l'avait connu en Occident, était hors de contact avec la réalité ; le yoga exigeait une discipline féroce si on ne voulait pas en faire « un simple dada ». Les cultes centrés sur la personnalités d'un homme avaient comme fondement la concentration sur cet homme. Il ne pouvait pas accepter le principe que les cérémonie, le symbolisme et ce qu'il appelait la mimique de vérités spirituelles puissent avoir de réalité véritable.
Chez les soufis avec lesquels il avait pu entrer en contact, il lui semblait que le même schéma prévalait. Certains étaient des disciples sincères, d'autres se servaient de mouvements rythmiques qui lui faisait l'effet d'être comme une mimique de quelque chose. D'autres encore enseignaient au moyen de récits qui ne se distinguaient guère de sermons. Quelques soufis s'en tenaient à la concentration sur des thèmes théologiques.

Le sheikh voulait-il l'aider ?

« Plus que vous ne croyez, dit le sheikh, l'homme se développe, qu'il le sache ou non. La vie est une, même si elle apparaît inerte en certaines formes. Tant que vous vivez, vous apprenez. Ceux qui apprennent avec un effet délibéré pour apprendre restreignent le Savoir qui est projeté sur eux dans l'étant normal. Les hommes sans culture possèdent souvent la sagesse à un certain degré parce qu'ils laissent entrer les impacts de la vie elle-même. Quand vous marchez dans la rue, en regardant les choses ou les gens, ces impressions vous enseignent quelque choses. Si vous tentez activement d'en apprendre quelque chose, vous apprenez certaines choses mais qui sont déterminées à l'avance. Vous regardez le visage d'un homme. Ce faisant, des questions surgissent dans votre esprit, et c'est votre propre esprit qui fournit les réponses. Est-il brun, est-il blond ? Quelle sorte d'homme est-ce ? Il y a aussi un échange constant entre l'autre et vous-même.

« Cet échange est dominé par votre subjectivité. Je veux dire par là que voyez ce que vous voulez voir. Ceci est devenu une action automatique ; vous êtes semblable à une machine tout en étant un homme, mais superficiellement éduqué. Vous regardez une maison. Les caractéristiques générales et particulières sont décomposées en éléments plus petits et inventoriées dans votre tête. Mais pas objectivement, en fonction seulement de vos expériences passées. Ces expériences chez l'homme moderne comprennent ce qu'on lui a appris. Ainsi la maison sera grande ou petite, belle ou pas belle, semblable à la vôtre ou dissemblable. En entrant dans le détail, elle aura le même toit qu'une autre, des fenêtres inhabituelles. La machine tourne en rond, parce qu'elle ne fait qu'ajouter à sa connaissance formelle. »

Le nouveau venu semblait abasourdi.

« Ce que j'essaye de vous faire comprendre, dit le sheikh, implacablement, c'est que vous évaluez les choses en fonctions d'idées préconçues. C'est presque inévitable pour un intellectuel. Vous n'aimez pas le symbolisme en religion, avez-vous décidé. Très bien, vous allez chercher une religion sans symbolisme. » Il s'arrêta : « Est-ce cela que vous voulez dire ?
– Je veux dire, je pense, que la manière dont différentes organisations utilisent le symbolisme ne me satisfait pas, ne me paraît pas authentique ou nécessaire, répondit le jeune homme.
– Cela signifie-t-il que vous sauriez reconnaître, si vous en trouviez, une manière correcte d'utiliser les symboles ? s'informa le maître.
– Le symbolisme et le rituel, pour moi, ne sont pas fondamentaux, répliqua le candidat-disciple, et ce sont les choses fondamentales que je cherche.
– Reconnaîtriez-vous une chose fondamentale si vous en trouviez une ?
– Je le pense.
– Alors les choses que nous disons et faisons vous paraîtraient simple affaire d'opinion, de tradition ou encore superficielle ; car nous aussi nous utilisons les symboles. D'autres utilisent les chants, les mouvements, la pensée et le silence, la concentration et la contemplation, et quantité d'autres choses. »

Le sheikh se tut.

Le visiteur parla.

« Pensez-vous que l'exclusivisme judaïque, les rituels du christianisme, le jeûne dans l'islam, les têtes rasées des bouddhistes soient des choses fondamentales ? » Notre invité s'échauffait maintenant sur un thème typiquement intellectuel.

« Les soufis ont ce dicton : l'apparent est le pont vers le Réel, dit le sheikh. Ceci veut dire, dans le cas que nous considérons, que toutes les choses ont un sens. Le sens peut être perdu, la célébration un simple simulacre, une façon sentimentale, mal comprise, de remplir un rôle. Mais, correctement utilisées, elles sont reliées de manière continue à la vraie réalité.

– Donc, originellement, tout rituel a un sens et un effet nécessaire ?
– Essentiellement, tout rituel, tout symbolisme, etc. est la réflexion d'une vérité. Il peut avoir été changé, adapté, détourné à d'autres fins ; mais il représente une vérité – la vérité intérieure de ce que nous appelons la Voie soufie.
– Mais les pratiquants ne savent pas ce qu'il signifie ?
– Ils peuvent le savoir en un sens, sur un niveau – un niveau suffisamment pour que le système se propage. Mais pour ce qui est d'atteindre la réalité et le développement de soi, l'utilisation de ces technique ne représente rien.
– Alors, dit l'étudiant, comment savoir qui utilise et qui n'utilise pas les signes extérieurs de la bonne manière, celle qui conduit au développement ? Je puis accepter que ces indications superficielles aient une valeur potentielle, dans la mesure où elles pourraient mener à quelque chose d'autre, car il faut partir de quelque part. Mais, pour moi, je ne saurais vous dire quel système je dois suivre.
– Il y a un moment vous sollicitiez l'admission dans notre cercle, dit le sheikh, et maintenant je suis parvenu à vous troubler au point que vous admettez ne pas pouvoir juger. Voyez-vous, c'est là l'essentiel : vous ne pouvez pas juger. On ne peut pas se servir des outils du charpentier pour l'horlogerie. Vous vous êtes donné une tâche : trouver la vérité spirituelle. Vous avez cherché cette vérité dans de fausses directions et interprété ses manifestations de la mauvaise manière. Quoi de surprenant alors que vous demeuriez dans cet état ? Il y a une autre alternative pour vous, tel que vous êtes à présent. La concentration excessive sur ce thème, l'anxiété et l'émotion engendrées en vous, s'accumuleront finalement à tel point que vous chercherez à vous en soulager. Alors que se passera-t-il ? L'émotion submergera l'intellect et ou bien prendrez-vous la religion en haine ou bien – plus probablement – vous convertirez-vous à un de ces cultes qui enlèvent la responsabilité. Vous vous rangerez confortablement – avec l'idée que vous avez trouvé ce que cherchiez.

– N'y a-t-il pas une autre possibilité, même en supposant que j'accepte le fait que mon émotion puisse submerger mon intellect, comme vous le croyez ? » Celui qui a reçu une éducation intellectuelle accepte difficilement qu'on insinue qu'elle ne soit pas globale ou qu'elle puisse être balayée par l'émotion. La légère âpreté dans la voix trahissait le penseur imbu de ses droits, ce qui n'échappa pas au sheikh.

« La possibilité dont vous ne voulez pas est celle du détachement. Voyez-vous, quand nous nous détachons, nous ne le faisons pas de la même façon que vous. L'intellect vous apprend à détacher la pensée de quelque chose et à l'examiner intellectuellement. Ce qu'il faut c'est se détacher à la fois de l'intellect et de l'émotion. Comment pouvez-vous vous ouvrir à quoi que ce soit si vous faites appel à l'intellect pour le juger ? Votre problème est que ce que vous appelez intellect est en réalité une suite d'idées qui prennent tour à tour possession de votre conscience. Nous ne pensons pas que l'intellect soit suffisant. L'intellect, pour nous, est un complexe d'attitudes plus ou moins compatibles que vous avez été éduqué à regarder comme une chose unique. Dans la pensée soufie, il y un niveau au-dessous de celui-là, qui est unique, petit mais vital. C'est l'intellect véritable. Cet intellect véritable est l'organe de la compréhension, existant en chaque être humain. De temps en temps, dans la vie humaine ordinaire, il se manifeste, produisant d'étranges phénomènes, inexplicables par les méthodes habituelles. Tantôt on les appelle phénomènes occultes, tantôt on y voit un transcendement des liens du temps ou de l'espace. C'est cet élément dans l'être humain qui est responsable de son évolution vers une forme supérieure.

– Et je dois accepter cela sans examen ?
– Non, vous ne pouvez pas l'accepter, même si vous le vouliez. Si vous l'acceptiez, vous auriez tôt fait de l'abandonner. Même si vous étiez intellectuellement convaincu que c'est une hypothèse nécessaire, vous pourriez très bien perdre cette conviction. Non, ce que vous avez à faire est de l'expérimenter. Cela veut dire, naturellement, qu'il vous faut le sentir comme vous ne sentez rien d'autre. Cela entre dans votre conscience comme une vérité différente à regarder en qualité des autres choses que vous avez été habitué à regarder comme vérités. Par sa différence même, vous reconnaissez que cela appartient à ce domaine que nous appelons « l'autre . »

Notre visiteur trouvait cela difficile à digérer ; il revint à ses façons toutes faites de penser. « Essayez-vous de créer en moi la conviction qu'il y a quelque de plus profond, et que je le sens ? Parce qu'autrement, je ne vois pas l'intérêt à passer tant de temps à cette discussion. 

– Au risque de vous paraître brutal, dit le sheikh aimablement, je dois vous dire que les choses ne sont pas telles que vous les voyez. Voyez-vous, vous venez ici et vous parlez. Je parle avec vous. Par suite de notre conversation et de notre échange de pensées il se produit beaucoup de choses. En ce que nous avons conversé. Peut-être vous sentez-vous convaincu, ou non. Pour nous le sens de toute cette rencontre a une portée beaucoup plus grande. Quelque chose se passe par suite de cette conversation. Quelque chose se passe, comme vous pouvez bien l'imaginer, dans l'esprit de tous ceux ici présents. Mais quelque chose d'autre se passe aussi – pour vous, pour moi et ailleurs. Quelque chose que l'on comprend quand on le comprend. Prenez ça simplement sur le plan cause et effet. Comme on le comprend en général. Un homme entre dans une boutique acheter un morceau de savon. Par suite de son emplette, beaucoup de choses peuvent advenir – le commerçant a plus d'argent, il faudra commander plus de savons, etc. Les mots prononcés au cours de la transaction ont un effet qui dépend de l'état d'esprit des deux parties. Quand l'homme sort de la boutique, il y a un facteur additionnel dans sa vie qui n'y était pas auparavant : le savon. Beaucoup de choses peuvent s'ensuivre. Mais, pour les deux personnages principaux, tout ce qui est réellement arrivé est qu'un morceau de savon a été acheté et payé. Ils n'ont pas conscience des ramifications de ce fait, et s'y intéressent fort peu. C'est seulement si un fait digne d'attention, à leur point de vue, se produit qu'ils y repensent. Alors, ils diront : « Figurez-vous que l'homme qui m'a acheté du savon était un assassin ; ou peut-être était-ce un roi. Peut-être a-t-il laissé une fausse pièce. » Toute action, de même que toute parole, a un effet et une place. Ceci est la base du « système-sans-système » des soufis. Et, comme vous pourrez le lire dans d'innombrables histoires, le soufi se meut au milieu d'un complexe incroyable d'actions et d'événements en étant intérieurement conscient de leur signification.

– Je vois ce que vous voulez dire, dit le visiteur, mais je ne peux pas l'expérimenter. Si c'est vrai, cela explique évidemment bien des choses : les faits occultes, les expériences prophétiques, l'échec de tous, à l'exception d'un petit nombre d'individus, à résoudre les énigmes de la vie par la seule pensée. Et cela pourrait signifier aussi que l'individu conscient du déroulement complexe des événements tout autour de lui peut s'y adapter harmonieusement à un degré impossible pour les autres.

« Mais le prix de cette tentative est le sacrifice de la connaissance possédée antérieurement. Je ne pourrais m'y résoudre. »
Le sheikh ne voulait pas d'une victoire verbale, ni clore le débat par un coup de grâce : « mon ami, un homme une fois se blessa à la jambe. Il dut marcher avec une béquille. Cette béquille lui était très utile, à la fois pour marcher et pour bien d'autres raisons. Il apprit à toute sa famille à se servir de béquilles, et elles s'intégrèrent à la vie normale. Il était dans des ambitions de chacun de posséder une béquille. Certaines étaient faites en ivoire, d'autres étaient ornées d'or. On ouvrit des écoles pour entraîner les gens à s'en servir ; on fonda des chaires universitaires pour traiter des aspects supérieurs de cette science. Un petit nombre, un très petit nombre d'individus, s'essayèrent à marcher sans béquilles. Ce qui parut scandaleux, absurde. Quelques-uns réagirent et furent punis. Ils tentèrent de montrer qu'une béquille pouvait, dans certains cas, avoir son utilité, ou que nombre des emplois qu'on en faisait pouvaient être remplacés par autre chose. Peu les écoutèrent. Afin de vaincre les préjugés, certains de ceux qui pouvaient marcher sans secours commencèrent à se conduire d'une façon totalement différente de ce que voulait l'ordre établi. Mais ils étaient très peu nombreux.

« Quand on découvrit qu'après s'être servi de béquilles pendant tant de générations peu de gens savaient en fait marcher sans elles, la majorité « prouva » qu'elles étaient nécessaires. « Regardez, disaient-ils, voici un homme. Essayez de le faire marcher sans béquilles. Voyez ! Il ne peut pas ! - mais nous marchons bien sans béquilles, leur rappelaient les marcheurs ordinaires. - Ce n'est pas vrai ; c'est pure imagination de votre part », répondaient les boiteux, car entre-temps ils étaient aussi devenus aveugles, aveugles parce qu'ils ne voulaient pas voir.

– L'analogie ne cadre pas complètement, dit le jeune homme.
– Est-ce qu'une analogie cadre jamais complètement ? demanda le sheikh. Ne voyez-vous pas, que si je pouvais tout expliquer facilement et complètement, au moyen d'une seule histoire, cette conversation serait totalement inutile ? Seules les vérités partielles sont exprimées exactement par l'analogie. Par exemple, je peux vous donner un modèle parfait de disque circulaire et vous pourrez en découper des milliers à partir de celui-ci. Chacun sur la copie de chacun des autres. Mais, ainsi que nous le savons tous, un cercle n'est que relativement circulaire. Augmentez ses dimensions proportionnellement plusieurs centaines de fois et vous vous apercevrez que vous n'avez plus un vrai cercle.

– C'est un fait de la science physique ; je sais que toutes les lois scientifiques ne sont que relativement vraies. La science elle-même l'affirme.
– Et pourtant vous cherchez l'entière vérité par des méthodes relatives ?
– Oui, et vous aussi, puisque vous dites que les symboles, etc. sont des « ponts vers le réel » quoiqu'ils soient incomplets.
– La différence est que vous avez choisi une méthode unique pour approcher la vérité. Ce n'est pas suffisant. Nous utilisons beaucoup de méthodes différentes, et nous reconnaissons qu'il y a une vérité qui est perçue par un organe intérieur. Vous essayez de faire bouillir de l'eau, mais vous ne savez pas comment. Nous faisons bouillir l'eau en réunissant certains éléments – le feu, le récipient, l'eau.
– Mais alors, et l'intellect ?

– Il doit être replacé dans une perspective correcte, trouver son niveau propre et ceci lorsque l'équilibre de la personnalité, qui fait actuellement défaut, sera rétabli. »

Après le départ du visiteur, quelqu'un demande au sage : « Pouvez-vous commenter cet entretien ?
– Si je le commentais, répondit-il, il perdrait de sa perfection. »
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MessageSujet: Le roi fugitif   Aphorismes, contes et enseignements soufis Icon_minitimeLun 26 Nov - 18:15

Le roi fugitif

Pendant qu'on attaquait sa ville, le roi s'enfuit sans qu'on s'en aperçut.
Il arriva dans une autre cité et se déguisa pour qu'on ne le reconnût pas.
Mais un ami le reconnut et dit : « Pourquoi t'être ainsi déguisé en mendiant ?
Dis à tous le monde que tu es roi ; pourquoi cet état d'humilité ? »
Le roi répondit : « Il est assez qu'on me regarde ; si je dis encore qui je suis, on me coupera en morceau. »
Celui qui n'a pas l’œil qu'il faut pour regarder un roi ne doit pas s'en approcher.
Si, sans avoir l’œil qu'il faut pour cela, tu cherches la compagnie d'un roi, tu iras à ta perte.

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MessageSujet: Réprobation du monde   Aphorismes, contes et enseignements soufis Icon_minitimeLun 26 Nov - 18:16

Réprobation du monde

Un homme d'essence pure a dit : « Celui qui affectionne le monde est moindre qu'un chien,
Car ce monde est comme une charogne, autour de laquelle grouillent les chiens.
Lorsqu'un chien s'est rassasié de la charogne, il la laisse pour un autre chien.
Il ne se soucie pas d'en garder un morceau, car il n'a pas le souci du lendemain.
Mais celui qui est épris de ce monde court éternellement, comme une balle, après son désir.
Il court sans cesse, par la force de l'habitude, afin d'accroître, ne fût-ce que pour un instant, sans jouissance de ce monde.
Même lorsqu'il n'a plus d'espoir de vire un seul jour, il porte en son âme le chagrin de cent années.
Mais puisque de ce fragment de charogne le chien ne désire que ce qu'il lui faut,
Il est bien supérieur à celui qui, la nuit comme le jour, brûle du feu consumant de la cupidité. »

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MessageSujet: Du mysticisme islamique et des soufis   Aphorismes, contes et enseignements soufis Icon_minitimeDim 9 Déc - 8:15

Du mysticisme islamique et des soufis


Le nom de soufi (sûfi) est une expression issue du mot arabe sâf, « laine ». La raison pour laquelle les soufis sont appelés ainsi est que leur monde intérieur est purifié et illuminé de la lumière de la sagesse, de l'unité et de l'identité.

Une autre signification de cette appellation est qu'ils sont spirituellement reliés avec les compagnons permanents du Prophète qu'on appelait les « compagnons revêtus de laine ».

Il se peut qu'ils aient porté, quand ils étaient novices, le vêtement habituel fait de laine de mouton écrue (sûf), et qu'ils aient passé leur vie en vieux vêtements rapiécés.

Comme leur aspect extérieur est humble et pauvre, de même leur vie terrestre. Ils mangent, boivent et goûtent aux plaisir du monde avec frugalité. Dans le livre intitulé al-Majma', il est dit :

Ce qui est convenable pour un pieux ascète, c'est un vêtement et un mode de vie ordinaires et humbles.

Bien qu'ils puissent sembler peu attirants pour celui qui est attaché aux biens de ce monde, leur sagesse se manifeste dans leur manière aimable et délicate, qui les rend attirants pour ceux qui savent. En réalité, ils sont un exemple pour l'humanité. Ils respectent les prescriptions divines. Ils sont, aux yeux de leur Seigneur, au premier rang de l'humanité ; aux yeux de ceux qui cherchent leur Seigneur, ils sont magnifiques en dépit de leur apparence humble. Il faut les discerner et il faut qu'on puisse les discerner et ils doivent être de cette façon un et tous, car ils sont tous au niveau de l'unité et de l'identité et doivent apparaître comme un seul.

En arabe , le mot tasawwuf, « mysticisme islamique », se compose de quatre lettre : t, s, w, et f. La première lettre, t (tâ), représente le mot tawba, repentir. C'est la première étape à franchir dans la voie. C'est comme si c'était une double étape, l'une vers l'extérieur, l'autre l'intérieur. L'étape vers l'extérieur, dans le repentir, se parcourt par des mots, des actes, des sentiments : mettre sa vie à l'abri du péché, de la mauvaise action et se tourner vers l'obéissance ; fuir la révolte et le conflit pour rechercher l'accord et l'harmonie. L'étape vers l'intérieur, dans le repentir, est franchie par le cœur. C'est le nettoyage du cœur des désirs matériels conflictuels et l'affirmation totale du cœur du désir du divin. Le repentir – être conscient de ce qui est mal et s'en abstenir, être conscient de ce qui est bien et s'y efforcer – conduit l'être humain à la deuxième étape.

La deuxième étape est l'état de paix et de joie, safâ'. La lettre s (sâd) est son symbole. Dans cet état, il y a de la même façon deux étapes à franchir : la première est vers la pureté du cœur et la seconde vers le centre secret.

La paix du cœur naît d'un cœur exempt d'anxiété. L'anxiété est causée par le poids de tout ce qui est matériel – le poids de la nourriture, de la boisson, du sommeil, de la conversation oisive. Tout cela, agissant comme la gravité de la terre, tire le cœur éthéré vers le bas, et se libérer de ce poids est fatigant pour le cœur. Il existe alors des liens – désir, possessions, amour de la famille et des enfants – qui attachent le cœur éthéré à la terre et l'empêchent de s'élever.

La voie pour libérer le cœur, pour le purifier, c'est le souvenir d'Allah. Au commencement, ce rappel ne peut se faire qu'extérieurement, en répétant les Noms divins, en les prononçant à voix haute afin que vous-mêmes et les autres puissiez entendre et vous souvenir. Quand se souvenir de Lui devient permanent, le rappel s'enfonce dans le cœur et devient intérieur, silencieux. Allah dit :

Les vrais croyants sont ceux dont les cœurs frémissent quand on mentionne Allah. Et quand Ses versets leur sont récités, cela fait augmenter leur foi. (Le butin – 8.2)

« Frémir » signifie éprouver la crainte révérencielle, la peur et l'amour vis-à-vis d'Allah. Avec le souvenir et la récitation des Noms d'Allah, le cœur s'éveille. Les formes et les figures du royaume caché et invisible se reflètent dans ce cœur. Le Prophète (que Dieu le bénisse et lui accorde la paix) dit : Les hommes de connaissance parcourent et examinent les choses avec leur cerveau alors que les sages sont intérieurement occupés à nettoyer et à faire briller leur cœur.

La paix du centre secret est installée en nettoyant le cœur de toute chose et le préparant à recevoir uniquement l'Essence d'Allah, qui pénètre dans un cœur quand il est embelli par l'amour divin. Les moyens de ce nettoyage sont le constant rappel intérieur et la récitation par la langue secrète du Témoignage divin de l'Unité lâ ilâha illâ Llâh - « il n'y de dieu qu'Allah ». Quand le cœur et son centre sont dans un état de paix et de joie, alors la deuxième étape, représentée par la lettre s, est terminée.

La troisième lettre, w (wâw), représente wilâya, qui est l'état de sainteté des amants et des amis de Dieu. Cet état dépend de la pureté intérieure. Allah mentionne Ses amis dans le saint Coran :

En vérité, les bien-aimés d'Allah seront à l'abri de toute crainte, et ils seront point affligés, (Jonas – 10. 62)

Il y a pour eux une bonne annonce dans la vie d'ici-bas tout comme dans la vie ultime. (Jonas – 10. 64)

Celui qui est dans cet état de sainteté est totalement conscient d'Allah, dans l'amour d'Allah, en lien avec Allah. La conséquence est qu'il est embelli du meilleur des personnalités, des attitudes morales et des comportements. C'est un don divin qui se répand sur lui. Notre Maître le Prophète (que Dieu le bénisse et lui accorde la paix) dit : Observez les règles morale divines et comportez-vous conformément à elles.

A ce niveau, l'homme conscient se défait de ses caractéristiques matérielles et temporelles et il apparaît habillé des attributs divins. Allah dit, par l'intermédiaire de son Prophète (que Dieu le bénisse et lui accorde la paix) :

Quand J'aime Mon serviteur, Je deviens ses yeux, ses oreilles, sa langue, ses mains et ses pieds. Il voit par Moi, il entend par Moi, il parle en Mon Nom, ses mains deviennent Miennes et il marche avec Moi.

Nettoyer-vous de tout et ne conservez en vous que l'Essence d'Allah,

car la vérité (l'Islam) est venue et l'Erreur a disparu. Car l'Erreur est destinée à disparaître. (Le voyage nocturne – 17. 81).

Quand la vérité arrive et que le mensonge s'évanouit, le niveau de wilâya est franchi.

La quatrième lettre, le f (fâ'), représente le fanâ', l'annihilation du soi, l'état de néant. Le soi trompeur se dissout et s’évanouit quand les attributs divins entrent dans l'être. Et quand la multiplicité des attributs et des traits de personnalité de ce monde s'en vont, leur place est prise par le seul attribut d'unité.

En réalité, la vérité est toujours présente. Elle ne disparaît ni ne faiblit jamais. Ce qui se passe, c'est que le croyant devient conscient et ne fait plus qu'un avec ce qui l'a créé. En étant avec Lui, le croyant reçoit Son plaisir : l'être temporel trouve sa vraie existence en devenant conscient du secret éternel.

Tout doit périr, sauf Son Visage. (Le récit – 28.88)

Le chemin pour réaliser Sa vérité passe par Son plaisir, Son accord. Quand vous faites de bonnes œuvres par amour de Lui, ses œuvres qui recueillent Son approbation, vous venez plus près de Sa vérité, de Son Essence. Alors tout disparaît sauf Celui qui est satisfait et celui dont Il est satisfait, avec lequel Il est uni. Les bonnes œuvres sont la mère qui porte l'enfant de la vérité : la vie consciente d'un véritable être humain. Ver Lui monte la bonne parole, et Il élève haut la bonne action. (Le Créateur – 35. 10)

Quelqu'un qui agit et existe pour quelque chose d'autre que le seul amour d'Allah, celui-là donne des associés à Allah, se mettant lui-même ou mettant d'autres à la place d'Allah – le péché impardonnable qui tôt ou tard le détruira. Mais quand le moi et l'égoïsme sont annihilés, on atteint la stade de l'union à Allah. Le niveau de l'union est le royaume de la proximité d'Allah. Allah décrit ainsi ce royaume :

Les pieux seront dans les Jardins parmi les ruisseaux, dans un séjour de vérité, auprès d'un Souverain Omnipotent. (Le Tout Miséricordieux – 55. 54-55)

Cet endroit est l'endroit de la vérité essentielle, la vérité de toutes les vérités, l'endroit de l'unité et de l'identité. C'est l'endroit réservé aux prophètes, à ceux qui sont aimés d'Allah, à Ses amis. Allah est avec ceux qui sont vrais. Quand une existence créée est unie à l'existence éternelle, on ne peut plus la concevoir comme une existence séparée. Quand tous les liens terrestres sont coupés et qu'on est en union avec Allah, avec la vérité divine, on reçoit une pureté éternelle, qui ne peut pas être souillée, et on devient un parmi

les gens du Paradis : ils y demeureront éternellement. (Al-A'râf – 7.42)

Il sont

ceux qui croient et dont de bonnes œuvres. (Al-A'râf – 7.42)

Mais on a besoin d'une bonne dose de patience :

Et Allah est avec les endurants. (Le butin – 8.66).


Abd al-Qader Al-Jîlâni
Secret des Secrets
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MessageSujet: L'objectif principal des pratiques spirituelles   Aphorismes, contes et enseignements soufis Icon_minitimeSam 12 Jan - 12:04

L'objectif principal des pratiques spirituelles
Allah aime les cœurs brisés.
Vous êtes pareils à un peu d'eau dans un pot d'argile.
Mais quand vous le cassez cette eau rejoint le lac d'où elle provient.
Nos égos essaient d'empêcher cette réunion, et objectent toujours aux suggestions concernant le besoin d rechercher cette réunion.
L'objectif principal des exercice spirituels dans toutes les traditions, de l'Est ou de l'Ouest, est de nous permettre de surmonter ces objections mises en avant par nos égos, de manière à ce que nous puissions poursuivre notre voyage vers les Océans d'Unité.

Pratiques spirituelles soufies (PSS)
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MessageSujet: Où est votre Cœur ?   Aphorismes, contes et enseignements soufis Icon_minitimeDim 13 Jan - 9:25

L'Imam al-Ghazali, qu'Allah le bénisse, disait que lorsqu'une meur et qu'elle est mise dans un cercueil et que les gens la transportent à la tombe (avant les gens transportaient le mort sur leurs épaules jusqu'au cimetière ; maintenant il y a des villes si gigantesques qu'il est impossible de le porter sur les épaules – ils le mettent dans une bonne voiture et le ramènent rapidement au cimetière) – quand ce mort est emporté, son Seigneur pose quarante questions à cette personne, quarante différentes questions avant qu'elle n'arrive et qu'elle soit enterrée dans sa tombe, et qui sont seulement entre son Seigneur et elle.

Il disait que la première question qu'Allah Tout puissant posait à cette est :
« O Mon serviteur, tu t'es toujours parlé au milieu des gens. Tu faisais très attention à prendre soin de toi, comment tu étais vêtu, t'occupant de tes cheveux, ayant tant de choses. Tu faisais très attention pour paraître beau, joli, élégant parmi les gens – très soigneux, parce que les gens te regardaient.

Mais as-tu fait quelques chose à ton cœur pour Moi ?

Tu savais que Je regardais seulement ton cœur, pas ton apparence extérieure, pas quelle était la couleur de tes yeux ou la couleur de ta peau ; si tu étais grand ou petit, un noir ou un blanc – non. Je regardais toujours ton cœur. Ne t'es-tu jamais dit que ton Seigneur regardait ton cœur et qu'il fallait le garder propre et bien orné, d'une belle apparence ? N'as-tu jamais pensé à cela parce que Je regardais, te disant « Mon Seigneur regarde mon cœur et je dois le garder excellent pour Lui ? »

C'est la première question, et elle contient tout en elle. C'est suffisant pour les croyants s'ils font de leur mieux pour rendre leurs cœurs éclairés, propres et excellents – suffisants pour eux ici et dans l'au-delà aussi. Allah Tout Puissant, le Jour de la Résurrection, ne vous demandera pas combien d'argent vous avez apporté ou d'enfants ou de bien ou de grades – non.
« Où est ton cœur ? Avec quel cœur es-tu venu à Moi ? Qalbun salim, le cœur d'or, le cœur purifié – où est-il ? Donne-le-Moi. C'était ce que Je te demandais durant ta vie. »
C'est la chose principale qui est demandée à tout le monde : gardez votre cœur propre et excellent, et apportez-le-Moi.
Alors, en fonction de votre cœur, votre cœur purifié, tout vous apparaîtra pour la Vie Éternelle, et vous regarderez les Lumières Éternelles et les beautés Infinies de votre Seigneur à travers le miroir de votre cœur ; vous verrez les beautés de votre Seigneur, les beautés Sans fin, les Lumières Sans Fin, à travers votre cœur.
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MessageSujet: La constance   Aphorismes, contes et enseignements soufis Icon_minitimeDim 13 Jan - 13:40

La constance est la qualité qui aidera notre progression, même si cette progression doit être lente. Soyez constants et vous pourrez atteindre votre but ; même si vous n'y arrivez pas, votre Seigneur perçoit votre intention sincère et peut vous porter vers votre but, au moment même où vous désespérez. Notre Grandsheikh disait qu'une telle persévérance envers et contre tout est des plus difficiles.
Imaginez qu'on ait dit à une personne : « Il y a un trésor qui t'attend au sein de la Terre, à un quart de la distance avec la Chine – tu fois creuser et le prendre. Voici une pioche cassé et une pelle avec une manche cassé, maintenant tu peux commencer à creuser. »
Imaginez qu'on vous ait ordonné une telle tâche avec de tels outils ! Vous devez commencer, ne dites pas « C'est impossible ! Même une foreuse à pétrole ne peut pas descendre aussi loin ! »
Non, vous devez dire : « Mon Seigneur m'a ordonné d'avancer et Il m'a donné ces instruments pour avancer dans ma tâche, aussi je dois commencer à creuser. »
Alors vous creusez, et quand vous vous effondrez de fatigue votre Seigneur pourra vous remettre ce trésor en un clin d’œil.
Ne perdez donc pas espoir ! Si nous tournons nos visages vers la Présence Divine et demandons à l'atteindre, Il peut nous amener à cet état, mais nous ne pouvons jamais le faire par nous-mêmes.

PSS
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MessageSujet: Re: Aphorismes, contes et enseignements soufis   Aphorismes, contes et enseignements soufis Icon_minitime

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