Je suis là dans tes bras ma mère et je pleure.
J’essaye de te dire que j’ai faim par ces cris et ces pleurs.
Je te demande de me pardonner de crier ainsi
Je sais que mes cris te donne la douleur aussi.
Je sais mon fils ta souffrance et mienne
Je suis impuissante et je ne peux seulement te dire que d’écouter le chant de la mort
Avec gratitude pour tous les êtres qui sont mes parents
Je pratique la doctrine en ce lieu.
Si je regardais mon repère
Je le prendrais pour celui d'une bête sauvage,
D'autres s'ils le voyaient s'en indigneraient.
Si je regardais ma nourriture
Elle conviendrait mieux aux chiens ou aux porcs,
D'autres à la voir seraient pris de nausées.
Je pourrais regarder mon corps réduit à un squelette,
Même un ennemi à sa vue en pleurerait
Le victorieux se réjouirait de me regarder.
La chair transpercée sur mon lit de pierres froides,
J'ai fait montre d'endurance.
Dedans, dehors, j'ai pris la nature de l'ortie,
La couleur verte ne s'altère pas.
Dans les grottes désertes il n'y a rien pour dissiper mon chagrin,
Mais mon cœur ne se sépare jamais du tien, maman
Le bonheur pour nous n’est survenu que fortuitement en cette vie,
Et le parfait éveil dans la suivante.
Oh mon fils je ne sais quoi te dire, je ne sais comment guérir tes blessures.
Tu as dans l'âme des blessures à vif, mais je redoute d'y toucher, de peur d'augmenter ta souffrance.
Laisse toi partir, ne lutte plus, ne combats plus ta douleur, laisse là t’envahir et libère ton âme.
Les morts, en vérité, sont heureux. Ils se sont débarrassés de leur encombrante carapace: leur corps. Les morts ne pleurent pas, ce sont les survivants qui pleurent les morts. Est-ce que les hommes ont peur de dormir ? Bien au contraire, le sommeil est recherché et, à son réveil, chacun dit qu'il a bien dormi. On prépare soigneusement son lit pour bien dormir. Or le sommeil est une mort temporaire; la mort est un sommeil prolongé. Puisque l'homme meurt ainsi tandis qu'il vit, il n'a pas besoin de pleurer le décès d'autrui. Notre existence est évidente, avec ou sans corps physique, dans l'état de veille, le rêve ou le sommeil sans rêve. Alors pourquoi vouloir rester enchaîné dans le corps. Trouve son Toi immortel. Alors tu ne souffriras plus et tu seras immortel et heureux.
Nous avons été la cause même de notre souffrance. Notre éveil détruit et l'esprit n'étant plus que vacuité, dans une union née d'une pensée instantanée, nous avons transgressé subitement le profane et le sacré. Nous ne pouvons plus considérer le non être non-être ni l'être comme être. Que nous soyons en marche, debout, assis, couché, l'esprit reste inébranlable, et il est, à tout instant, vacuité et insaisissable.
Mirwais s’en va doucement au loin, s’éteignant comme la lumière soleil éteint la rosée du matin.
En cet unique instant, impérissable, indivisible, c'est l'esprit fixé dans le Grand Souffle, alors s'arrête le souffle dans le corps.
Les sens divins éveillés, alors s'éteignent ceux du corps.
Détruit est le domaine de la nature ; voici que s'ouvre le domaine divin.
Que dire de plus de cette scène où une mère voit son enfant mourir. Et de quelle manière. Il meurt de faim. Elle ne peut satisfaire ce besoin pour son enfant et la souffrance des deux chairs est indescriptible. Le rassurer sur la mort n’est que la seule aide qu’elle pu lui apporter. Et elle le vit partir dans ces bras.
Voir la chair de sa chair souffrir ainsi, on se demande pour quoi lui a-t-on apprit à souffrir.
Oh Allah aide moi à comprendre. Qu'a-t-il fait pour avoir cette capacité de douleur et comment, quel mal a-t-il engendré avec ce cœur si fragile qui n’a pu en cette vie que souffrir et partir…
NEO