Afghanistan – Situation sécuritaire
Manifestation antiaméricaine à Bagram
Bassirat.net
27 Juillet 2005
Aux cris de « mort à l’Amérique », 2 000 Afghans ont manifesté mardi devant la base aérienne de Bagram pour protester contre l’arrestation de plusieurs villageois originaires des environs.
Selon le lieutenant-colonel Jerry O’Hara, porte-parole du contingent américain en Afghanistan, huit personnes ont été arrêtées lundi soir suite à un raid mené par les forces américano-afghanes qui a permis la découverte de bombes artisanales, similaires à celles utilisées par les taliban, dans une maison.
L’opération, qui s’est déroulée sans concertation avec les dignitaires locaux, a provoqué la colère des villageois qui ont brûlé des pneumatiques sur la route qui mène à la base et qui se sont rassemblés aux portes de l’emprise militaire. Armés de bâtons, ils ont réclamé la libération immédiate des suspects. Parmi eux se trouverait un commandant local dénommé Hamidôllah.
Les troupes afghanes ont fait usage de leurs matraques pour repousser les manifestations. Selon des témoins, les soldats américains auraient effectué des tirs de sommation. Cette information a été démentie par le lieutenant-colonel O’Hara.
En mai dernier, l’Afghanistan a connu une vague de manifestations antiaméricaines déclenchées par la publication d’un article dans l’hebdomadaire américain Newsweek faisant état d’une enquête menée sur la base cubaine de Guantanamo au sujet d'éventuels sévices infligés à des détenus. L’enquête a révélé que des interrogateurs « avaient placé des Corans sur les toilettes » et a signalé un cas au moins dans lequel une édition a été jetée dans la cuvette et la chasse d'eau tirée. Quinze provinces sur les trente-quatre que compte l’Afghanistan ont connu des troubles qui ont fait 16 morts et au moins 120 blessés. Sous la pression de l’administration Bush qui a dénoncé l’attitude « irresponsable » de l’hebdomadaire, la direction de Newsweek a présenté des excuses pour des erreurs contenues dans l’article avant de le retirer purement et simplement.
Construite par les Soviétiques et théâtre de violents combats quotidiens entre les taliban et les hommes de feu Ahmad Shah Massoud, la base aérienne de Bagram se situe à une cinquantaine de kilomètres au nord de Kaboul. Depuis la chute du régime des taliban fin 2001, elle est utilisée par l’armée américaine comme principale base militaire. Bagram est également le plus grand centre de détention de l’armée américaine. Le 11 juillet dernier, quatre prisonniers originaires du Koweït, d’Arabie Saoudite, de Libye et de Syrie sont parvenus à s’échapper. Considérés comme des menaces à la sécurité de l’Afghanistan et de la coalition terroriste internationale, ils n’ont pas été retrouvés en dépit des importants moyens déployés pour les traquer.
Avec Reuters