Yama Membre Extra
Nombre de messages : 548 Age : 40 Localisation : Kharâbât Date d'inscription : 09/10/2012
| Sujet: Venir, devenir, revenir Mer 5 Sep - 11:54 | |
| Triptyque Venir, devenir, revenir
Généralement, lorsque l'on prend conscience, à tel ou tel âge, l'on s'aperçoit que l'on est venu dans un bourbier, autrement dit le monde. Assurément, la situation individuelle peut être plus ou moins confortable : bon environnement familial, belles relations amicales, famille, travail, aisance matériel etc. peuvent être là, mais l'on s'aperçoit que rien ne tourne rond dans le monde, que la souffrance est quasiment omniprésente, que l'oppression, physique ou psychique, règne de manière plus ou moins violente et déguisée en tout lieu, que la fausseté, la fraude, la duplicité, la noirceur et bien d'autres horreurs pullulent çà et là, parfois même à l'intérieur de nous-mêmes. Une certaine amertume s'empare alors de notre âme et l'on se met à se poser des questions. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Les réponses sont rares, lentes à venir et le désespoir peut aller en croissant.
Cette prise de conscience et les sentiments qu'elle provoque peut alors déboucher sur une volonté de corriger les choses et de s'amender soi-même. L'on se lance dans les études sérieuses, dans la quête de connaissance, de solutions, de remèdes capables de nous soigner et de soigner le monde. Autrement dit, l'on cherche à devenir quelqu'un d'autre, capable de faire en sorte que le monde soit autre que ce qu'il est. Le chemin peut être long, relativement difficile, avec des résultats plutôt négligeables eu égard aux efforts monstrueux que l'on a pu déployer nuit et jour pendant des années, voire des décennies. Un certain désespoir revient alors, parce que l'on s'aperçoit que les ténèbres du monde perdurent, croissent et broient de plus en plus de monde entre ses dents sinistres. L'on se dit que l'on a atteint ses limites, que l'on ne peut aller plus avant, qu'il faut accepter ce chaos, ne pouvant le combattre, et que tout ce que l'on peut faire est de ne pas être avalé soi-même, en fin de compte.
L'on est "venu", se dit-on, d'on ne sait où, on ne sait pourquoi; l'on a cherché à "devenir" quelqu'un et l'on s'est aperçu que cette tentative s'est révélée relativement peu fructueuse. L'on peut entrer dans une espèce de léthargie quant à la volonté du changement, dans l'attente peut-être que quelque chose advienne pour que la situation change.
Ce quelque chose peut advenir alors et... l'on réalise peut-être que... tout était question de préfixes ! L'on est "venu", se dit-on, et au lieu de "revenir", l'on a cherché à "devenir" et à faire que le monde "devienne" tel qu'on le souhaitait. Autrement dit, l'on a cherché à rejeter ce que l'on était, en croyant que l'on n'était pas tel qu'on devrait être, pour être ce dont on rêvait. L'on cherchait, en d'autres termes, à substituer une possibilité manifestée par une autre, en se prenant pour Dieu, et à modifier conséquemment le monde qui n'est que le st reflet de l'intérieur. Ces constats provoquent alors une ferme volonté de "revenir", non seulement "à soi-même", dans un premier temps, mais aussi et surtout au Soi. Sur ce chemin du retour, tout se transfigure progressivement, la "réalité" comprise, et tout finit dans... le Silence...
| |
|