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 De l'identité

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AuteurMessage
Yama
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Yama


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Localisation : Kharâbât
Date d'inscription : 09/10/2012

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MessageSujet: De l'identité   De l'identité Icon_minitimeMer 29 Mai - 11:48

De l'identité
Subjective, objective, fugitive

L' « identité » d'une personne semble la chose la plus importante qui soit, à la fois sur le plan administratif, social et personnel. Si la première identité n'est guère problématique, dans la mesure où elle est indiquée sur un bout de papier, les deux autres préoccupent bien des gens et le moindre dérangement dans ces identités provoque parfois des malheurs considérables chez certains.

Mais si l'on songe bien, l'on s'aperçoit qu'il y a des absurdités extraordinaires là, dans ce mot. Que signifie « identité » ? Similitude parfaite, caractère « identique » entre deux ou plusieurs êtres, chose etc., du latin « idem » (le même). L'absurdité fondamentale et inextricable réside en ceci que le mot « identité » implique par définition la dualité. Autrement dit, pour qu'il puisse y être question d' « identité », il faut au moins deux entités et s'il y a dualité, il y a nécessairement différence, or la différence empêche de fait toute « identité ». Rigoureusement parlant, la notion d' « identité » ne peut désigner absolument rien de réel, parce que tout ce qui est, sur le plan concret ou abstrait, est unique.

Mais soyons fous un moment, schizophrènes, et admettant le mot et la dualité qu'il exprime.

Que dit « identité » appliquée à une personne ? Qu'est-ce qui est « identique » à qui ou quoi ? Les informations données à la personne ? Comment des « données », comment des mots peuvent-ils être « identiques » à une « personne ? Il y a là un autre problème si l'on réfléchit bien... Mais passons, et convenons que l'identité est un symbole, une chose qui en représente une autre ; l'identité serait donc une certaine image désignant une certaine réalité, une apparence qui exprimerait comme elle peut une essence. Si l'on dit : « Je suis un joyeux glandeur », le « joyeux glandeur » est une apparence qui représente le « je suis ». Mais qui suis-je alors ? si mon « identité » n'est qu'une apparence ? Voilà une autre question qui donnerait des maux de tête... Passons.

Si l'on omet tout cela, on peut percevoir, au fond, trois « identités », ou trois « symboles » désignant les êtres. Il y a d'abord une identité objective, une autre qui est subjective, et la dernière peut être dite fugitive.

L'identité objective est l'identité « officielle », administrative et publique. Elle comprend l'ensemble des données auxquelles a ou peut avoir accès le monde à propos d'un individu, elle a une part constante et une part changeante et, en dépit de sa relative absurdité – puisque c'est une pure apparence – elle a une importance capitale, surtout dans le monde moderne.

L'identité subjective est le symbole que l'on se forge soi-même à son propre sujet ; elle englobe l'identité objective et comprend en plus mille autres données et illusions (« et mille autres illusions » conviendrait aussi). Elle est plus ou moins publique, plus ou moins connue, relativement apparente à nos proches etc., seuls certains éléments, ou chimères, de cette identité peuvent être ignorées de tous.

Dans les deux cas, les « identités » restent de purs symboles, qui expriment une certaine « apparence » et absolument rien de réel, et les deux sont relativement changeants. Si l'on veut être rigoureux, l'on peut dire ouvertement qu'elles sont la sommes de choses qui n'existent plus... En effet, puisque les deux sont construites par des choses passées ou par des projections dans l'avenir, et que seul l'Instant est, on peut affirmer avec assurance que ce que l'on appelle « identité » désigne une chose qui n'est plus. Il en découle que l' « identité » désigne en réalité une somme de souvenirs qui ne cesse de grossir à mesure que le « temps » passe. L'on est donc jamais ce que l'on semble être, l' « identité » n'indique jamais ce que l'on est (et, d'une certaine manière, tout le cheminement sur la voie de la Réalisation consiste à se défaire de cette fausse « identité »...). Qui sommes-nous alors ?

La réponse est contenue dans la troisième identité, la fugitive, notre identité réelle et donc la seule qui vaille. Mais cette identité est... un abîme sans fond... le Mystère des mystères... Plus on la cherche, plus elle s'éloigne, plus on la saisit, plus elle s'approfondit, plus on la conçoit, plus elle nous déçoit, en rappelant sans relâche : « Je suis plus loin. » la réponse à « qui suis-je » se perd littéralement les mystères sans fond, elle est inconcevable et indicible...

Tout ce verbiage pour dire qu'il est dommage que les gens attachent en général tant d'importance à leur « identité », qu'ils soient affligés quand cette « identité » est troublée, qu'ils soient détruits quand elle est ébranlée par les aléas de la vie ; l'identité est une chimère, elle n'est pas « nous », et plus l'on s'y attache, plus on souffrira, pour des raisons qui seront peut-être rappelées une autre fois.

***
Ces lignes, écrites il y a quelques années, me reviennent en tête :

Faire connaissance

O passant curieux qui cherches en ces lieux
A saisir quelques traits pour me connaître mieux,
Tu sais bien que chacun, malgré son apparence,
Dissimule en son sein un univers immense,
Profond, mystérieux, sans bord, sans horizon,
Échappant au regard ainsi qu'à la raison,
Dont la connaissance est pour tout autre impossible...
Je suis, tout comme toi, mystère inaccessible,
Un amas nébuleux duquel l'immensité
Comprend tout ce qui est et ce qui a été...
Comment donc pourrait-on aspirer à connaître
A travers quelques mots les mystères de l'être ?
Comment donc pourrait-on déceler l'inconnu
Et mettre par des mots tout un esprit à nu ?
Comment donc pourrait-on, par le verbe futile,
Issu de la matière insignifiante et vile,
Percer adroitement le voile des esprits
Sans tomber dans l'erreur ou bien dans le mépris ?

Que dire donc de moi ? qu'en saurais-je moi-même ?
Qui suis-je ? Un scélérat méritant l'anathème ?
Un homme vertueux aux mille qualités
Dardant de ses rayons les esprits hébétés ?
Suis-je bon ou mauvais ? médiocre ? Magnanime ?
Vautré dans la fange ou mitoyen du sublime ?
Avare ? bas ? petit ? grand ? noble ? Généreux ?
Un homme clairvoyant ou sot et malheureux ?
Qui pourrait y répondre avec ferme assurance,
Me disant vertueux ou gibier de potence ?
Je ne puis t'éclairer...et il me semble bien
Que cette question, au fond, ne sert à rien...
Je suis tout à la fois, puisque je suis un homme,
Ou du bien et du mal la formidable somme.

Cependant, comme toi, je tâche d'exprimer
Ce qui peut élever et non pas abîmer...
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