Dimanche, pendant plusieurs heures, la police de Kaboul a encerclé la résidence du général Abdoul Rachid Dostom, chef d’état-major du Haut commandement des forces armées afghanes, après avoir, avec une cinquantaine d’hommes, attaqué puis kidnappé un de ses opposants, Mohammad Akbar Bey.
Policiers participant au siège de la maison du général Dostom Crédits : REUTERS/Ahmad Masood Dans la nuit de samedi à dimanche, Dostom et ses hommes ont attaqué le domicile d’Akbar Bey, ancien représentant de Dostom à Kaboul, dans le quartier de Wazir Akbar Khân. Puis, ils l’ont enlevé en compagnie d’un de ses gardes du corps. Deux autres ont été blessés.
Très rapidement, une centaine de policiers a pris position autour du domicile du général Dostom et sur les toits des maisons avoisinantes. Après un siège qui a duré neuf heures selon l’agence de presse afghane Pajhwok (le siège est qualifié de bref par les agences de presse occidentales), Akbar Bey et son garde du corps ont été libérés et immédiatement hospitalisés. Six personnes ont également été appréhendées.
Le ministère de l’Intérieur, par l’intermédiaire de son porte-parole, Zemarai Bashari, a annoncé l’ouverture d’une enquête confiée au Bureau du procureur général. « Le général Dostom est encore un responsable gouvernemental », a-t-il rappelé. « Il s’agit d’une affaire criminelle et le Bureau du procureur général va suivre l’affaire afin de déterminer les responsabilités », a-t-il ajouté tout en suggérant que le général Dostom étant sous l’emprise de l’alcool au moment des faits.
Policiers participant au siège de la maison du général Dostom Crédits : REUTERS/Ahmad Masood Chef du Conseil des tribus turkmènes, Mohammad Akbar Bey a longtemps été aligné sur les positions du général Dostom. Ce n’est que début 2007 qu’il a pris ses distances avec le général oubzek, l’accusant de menacer la sécurité dans les provinces septentrionales.
Lors d’un entretien accordé le 7 janvier 2007 à la chaîne privée Tolo TV, Mohammad Akbar Bey avait accusé le général Dostom d’entretenir une milice privée. Selon lui, Dostom aurait, à l’époque, « distribué 2 000 armes » à ses partisans dans les provinces de Djawzdjan et de Faryâb pour les préparer à de nouveaux combats contre ses adversaires. « Le gouvernement lui a donné la permission d’avoir entre 50 et 70 gardes du corps », avait-il ajouté. Mais, « il y a 500 soldats autour de sa maison. Les routes sont bloquées », avait-il déploré.
Mohammad Akbar Bey avait également accusé le général Dostom d’avoir commandité l’assassinat de leaders ouzbeks et turkmènes pour asseoir son pouvoir. Il avait demandé sa traduction en justice. Ces accusations ont été proférées par d’autres personnalités locales.
Quelques jours après la diffusion de ces propos accusatoires, les deux hommes s’étaient réconciliés. Mohammad Akbar Bey avait évoqué devant la presse la proposition faite par Dostom de fusionner le Djounbesh-e Melli et le Conseil des tribus turkmènes. Mais, Mohammad Akbar Bey avait refusé.
Les événements de samedi pourraient faire suite à une nouvelle tentative de réconciliation entre les deux hommes qui auraient mal tourné. C’est l’hypothèse avancée par Bashir Bezhan, chef du Hezb-e Kangra, parti proche du Djounbeh-e Melli dirigé par Latif Pedram.
Les responsables du Djoubesh-e Melli n’ont pas tardé à réagir. Son président, Sayyid Nouroullah, a, au cours d’une conférence de presse à Mazâr-e Sharif, exprimé sa surprise. « Nous ne nous attendions pas à ça de la part des forces de sécurité, particulièrement celles du ministère de l’Intérieur », a-t-il déclaré. Dans l’ordre protocolaire, Dostom « occupe une position supérieure » à celle du ministre de l’Intérieur, Zarar Ahmad Moqbal.
Un porte-parole du général Dostom, Mohammad Alem Sayeh, s’est montré plus offensif. « Si le général Dostom est encerclé et si quelqu’un touche à un seul de ses cheveux, il doit savoir que sept ou huit provinces du nord se soulèveront contre le gouvernement », a-t-il dit.
Avec Reuters, RFE/RL, Tolo TV et Pajhwok