« Je vivais un enfer à Guantanamo. Quand je suis rentré chez moi, c'était une autre sorte d'enfer. » Le rapport publié mercredi par deux chercheurs américains, en partenariat avec le Centre pour les droits de l'homme, est édifiant. Dans Guantanamo et ses conséquences, fruit de deux ans de travail, les anciens prisonniers reviennent sur leurs conditions de détention : battus, attachés des heures durant, humiliés, enfermés des années dans de minuscules cellules sans lumière du jour.
Ils évoquent aussi leur vie après Guantanamo. L'un d'entre eux raconte son « enfer » à son retour en Afghanistan : son père avait été assassiné et sa femme était partie. Sur les 62 détenus interrogés, les deux tiers affirment souffrir de troubles psychologiques. Seuls six d'entre eux ont retrouvé un travail stable. Le rapport consigne même qu'ils sont victimes d'un « stigmate Guantanamo ». En conclusion, il appelle le président élu Barack Obama à mettre en place une « commission indépendante et neutre » pour enquêter sur le traitement des détenus. Ce dernier avait affirmé pendant sa campagne qu'il comptait rapidement fermer le camp américain.
Sophie Cois - ©2008 20 minutes
20 Minutes, éditions du 14/11/2008 - 07h01