lundi 14 novembre 2005
Conférence sur l'islam à Vienne avec Annan, Talabani, Khatami et Karzai
VIENNE (AFP) - Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a appelé à "la poursuite du dialogue interreligieux (...) alors que les extrémismes s'exacerbent", dans un message lu à l'ouverture d'une conférence sur "L'islam dans un monde pluriel" lundi à Vienne.
"Nous devons unir nos efforts contre l'extrémisme qui s'exacerbe, non seulement dans l'islam mais également parmi les fidèles de nombreuses religions", a estimé M. Annan dans un message lu par son représentant spécial en Irak, Lakhdar Brahimi, aux quelque 2.000 participants à la réunion rassemblés dans le palais impérial de la Hofburg.
"Les grandes religions ont, toutes, une tradition pluraliste mais leurs fidèles ont, toujours davantage, un discours d'exclusion", a encore regretté M. Annan.
L'ex-président iranien, Mohammad Khatami, a pour sa part estimé que "les religions devaient s'écouter (...) pour sauver le monde des armes chimiques et atomiques". Mettant en garde contre "une approche radicale du pluralisme", il a ajouté que les "croisades" du passé enseignaient que la guerre ne devait "pas se reproduire".
Avant l'ouverture de la conférence, qui doit se poursuivre jusqu'à mercredi sous la surveillance de 600 policiers des forces spéciales, le président irakien, Jalal Talabani, avait estimé qu'un retrait des troupes britanniques présentes en Irak pourrait être réalisé progressivement à partir de l'an prochain.
"Je pense qu'à la fin de 2006, les troupes britanniques auront la possibilité d'effectuer un retrait progressif (d'Irak), en coopération avec les troupes irakiennes", avait déclaré M. Talabani.
Egalement en marge de la conférence, le patriarche oecuménique orthodoxe de Constantinople, Bartholomée Ier, a critiqué la politique d'Ankara à l'égard des minorités chrétiennes de Turquie, notamment à propos des droits de propriété des bâtiments orthodoxes.
Dans un entretien à la télévision publique autrichienne ORF, le patriarche oecuménique, arrivé en soirée à Vienne, a notamment souhaité que le gouvernement turc autorise la réouverture du séminaire de la Sainte-Trinité, sur l'île de Heybeli (Halki en grec), fermé "illégalement", selon lui, en pleine crise chypriote en 1971.
La ministre autrichienne des Affaires étrangères, Ursula Plassnik, s'est elle félicité que "dans un contexte des plus difficiles, l'Afghanistan et l'Irak allaient leur chemin vers le pluralisme et la démocratie".
"Nous voulons prêter notre attention tant aux pays de la communauté internationale qu'aux communautés dans nos pays", a-t-elle ajouté. "Plusieurs événements nous ont démontré combien ce processus était indispensable", a-t-elle affirmé en référence aux violences dans les banlieues en France.
Dans son invitation à la conférence, le chef de la diplomatie autrichienne avait estimé que, "dans un monde globalisé, la méfiance et la violence entre cultures et civilisations semblait s'amplifier", ajoutant qu'en Europe, "les citoyens musulmans s'interrogaient de ce fait sur leur place dans les sociétés" occidentales.
Le président afghan, Hamid Karzaï, le secrétaire général de l'Organisation de la Conférence islamique, le Turc Ekmeleddin Ihsanoglu, et le Prix Nobel de la Paix 2003, l'avocate iranienne Shirin Ebadi, doivent s'adresser mardi à la conférence.