PORTRAIT - Ce citoyen suédois né à Bagdad est l'auteur de deux explosions qui ont fait un mort, lui-même, et deux blessés...Comment Taymour Abdoulwahab, citoyen suédois né à Bagdad en 1981,
est-il devenu un terroriste? La question taraude la famille du kamikaze, qui vit en Suède. D’après les premiers éléments, c’est après son passage en Grande-Bretagne, au début des années 2000 que le jeune homme lambda s’est transformé en islamiste radical.
Taymour Abdoulwahab est né en 1981 à Bagdad mais sa famille a émigré en Suède en 1992, après la Guerre du Golfe. Il a acquis la nationalité suédoise en 1998. Jusque-là, il présentait tous les signes d’un jeune homme bien intégré. Ses anciens professeurs du Holavedskolan College de Tranas, une petite ville à 200 km au sud de Stockholm, se souviennent d’un «étudiant calme» qui aimait le basket-ball. «Il buvait de la bière avec ses amis, allait en discothèque. Il ne s’intéressait pas du tout à la politique ou à la religion. Il avait même eu une petite amie israélienne. Il a eu plein de petites amies. Il profitait de la vie», a
raconté au Daily Telegraph un proche de la famille. «Quelqu’un lui a lavé le cerveau»A tel point que ses parents commençaient un peu à s’inquiéter. Finalement, le jeune homme est parti en 2001 étudier la thérapie sportive en Grande-Bretagne,
à l’Université de Luton. Et c’est là que tout a basculé. A son retour en Suède, Taymour Abdoulwahab portait la barbe et l’Afghanistan et l’islam étaient devenus des sujets de conversations récurrents pour lui. «Ses parents étaient inquiets, mais ils pensaient qu’il traversait une phase. Personne n’aurait imaginé une telle chose. Tous ceux qui le connaissaient sont dévastés. Ses parents ont le cœur brisé», rapporte l’ami de la famille. «Il m’a dit que quelque chose s’était passé à Luton. Je suis sûr que quelqu’un lui a lavé le cerveau», dit encore ce proche.
Difficile pour le moment de savoir précisément ce qu’il s’est passé à l’université de Luton, d’où il a été diplômé en 2004. On sait seulement que cette université anglaise est fréquentée par de nombreux musulmans, selon l'organisation américaine SITE qui traque les activistes islamistes sur Internet. Toujours en 2004, il s’est marié et a appelé le premier de ses deux fils Oussama, en hommage au chef d’Al-Qaida.
Voyages au Moyen-Orient
Taymour Abdoulwahab a ensuite travaillé dans un magasin de Luton et a commencé à prêcher à la mosquée de la ville. Où il s’est vite fait remarquer pour ses propos extrémistes concernant l’Irak et l’Afghanistan, d’après l’imam de la mosquée, interrogé par les médias britanniques. Après une franche explication entre les deux hommes, le kamikaze quitte la mosquée en 2007. D’après l’imam, il a ensuite continué ses prêches extrémistes à la société islamique de la fac de Luton, ce que l’université ne peut ni infirmer ni démentir,
selon le Daily Telegraph. Un élément qui relance la polémique outre-Manche sur la présence d’islamistes radicaux sur le campus des universités britanniques. Enfin, on sait que le jeune homme a voyagé au Moyen-Orient ces deux dernières années, où il aurait appris à manier les explosifs. A sa famille, il expliquait qu’il cherchait du travail dans ces pays. Son épouse, elle, assure qu’elle ne savait rien de ses activités radicales. Une vraie double vie, apparemment.