Quelques vers tout frais
Éloge du président françois
Soyons aimables, Muse, et arrêtons la guerre !
Dicte-moi quelques vers, comme tu faisais naguère,
Qui chantent les vertus, les exploits, la grandeur
Des hommes jouissant de ta rare faveur.
Je voudrais qu'en ce jour, sans fard ni rhétorique,
Tu loues de ma part un homme politique.
(Je sais bien que ces gens te sont tous odieux,
Mais fais taire ton fiel, et les traits furieux
Que tu lances souvent sur toute cette engeance,
Tantôt par humour et tantôt par répugnance...
Retiens-les maintenant ; cette témérité
Pourra jaillir plus tard en toute liberté.
Bannis donc le courroux, ainsi que la risée,
D'autant plus que cet homme occupe l’Élysée.)
M'as-tu bien entendu ? Il s'agit de louer,
Et non de flagorner par des mots calculés ;
Reste donc bien sincère, et peins avec justesse
Les rares qualités de sa royale altesse.
Puisqu'il faut le louer, il faut que tes mots
Oublient un instant le cortège de maux,
De malheurs persistants qui ruinent la France
Depuis qu'il a conquis, hélas ! la présidence.
Je sais qu'il n'a rien fait de louable et de bon,
Et qu'il est, sans nul doute, indigne de pardon ;
Je sais que c'est un fourbe, un menteur, un parjure,
Qu'il est petit, rampant, sans grandeur ni carrure ;
Je sais les intérêts qu'en secret il défend,
Et les fléaux hideux que partout il répand ;
Il a, malheur à lui ! ruiné la famille
En érigeant en norme une pure infamie...
Il protège le vice et la perversité,
Il les propage même au sein de la cité...
Qu'a-t-il fait cependant pour cette pauvre France ?
Rien ! Ce fils du Malin et de l'Incompétence,
Cet amant du Mal et de la Corruption
S'est illustré surtout par son inaction
Quand il fallait trouver un remède, en urgence,
Contre les maux divers et contre l'indigence.
Je sais tout cela, mais...dans l'état où il est,
J'oublie souvent que moi-même je le hais...
Je voudrais redorer sa ténébreuse image,
En présentant de lui quelque charmant visage.
Ne mentionne donc point ses méfaits odieux,
Je voudrais seulement des mots élogieux !
– J'aurais pu te trouver quelque mot favorable
Même si tu voulais glorifier le diable,
Mais...l'homme qu'il faudrait encenser à présent
Ne peut rien m'inspirer qui ne soit méprisant...
Tout ce que je puis dire au gueux François H***,
C'est ce sage conseil : qu'à l'instant il se pende !