Les États-Unis et les Européens devraient réduire leur production de biocarburants, selon l'économiste américain Jeffrey Sachs, parce qu'ils nuisent aux provisions alimentaires touchées par la crise des prix. Le conseiller spécial au secrétaire général des Nations unies affirme que les programmes actuels « n'ont pas de sens » face à la crise alimentaire mondiale.
Photo: AFP/JOHN THYS
Jeffrey Sachs
« Nous devons réduire de façon significative nos programmes de biocarburants, qui étaient compréhensibles à l'époque où les prix alimentaires étaient beaucoup plus bas et les stocks de nourriture plus importants. Ils n'ont pas de sens aujourd'hui, dans des conditions de famine mondiale », a déclaré M. Sachs au cours d'une conférence de presse au Parlement européen, à Bruxelles.
Les biocarburants obtenus à partir de la culture céréalière ont été la cible d'attaques ces dernières semaines, craignant qu'ils concurrencent la culture agricole destinée à l'alimentation humaine.
L'économiste américain dénonce le « réel impact » des programmes américains et européens. Aux États-Unis, jusqu'à un tiers de la production de maïs se retrouvera cette année dans un réservoir à essence, un coup énorme pour les réserves alimentaires mondiales, précise Jeffrey Sachs. L'Union européenne a annoncé l'an dernier qu'elle comptait accroître la part des biocarburants à 10 % de la consommation d'ici 2020.
« Je recommanderais au moins une révision des deux [programmes, américain et européen], en fonction des nouvelles conditions du marché », a insisté le conseiller spécial de Ban Ki-moon, qui participe à Bruxelles à des discussions avec les élus dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement.
D'ici 2015, les États membres de l'ONU se sont donné, au passage du nouveau millénaire, huit objectifs à atteindre pour bâtir un monde meilleur. L'objectif premier est de réduire l'extrême pauvreté et la faim.
Mais selon M. Sachs, de répondre à la crise actuelle, qui est liée à la hausse de la demande et aux catastrophes climatiques, uniquement par une aide alimentaire d'urgence est une erreur. Il propose notamment d'aider les petits agriculteurs d'Afrique en leur fournissant des engrais, des semences plus efficaces et des systèmes locaux d'irrigation.
Pendant ce temps, le Programme alimentaire mondial des Nations unies a fixé à 755 millions de dollars l'aide d'urgence. Le Programme pour l'alimentation et l'agriculture entend, lui, obtenir jusqu'à 1,7 milliard pour la distribution de semences et de fertilisants.
http://www.radio-canada.ca/regions/alberta/2008/05/05/007-crise_biocarburant.shtml