ISLAMABAD (Reuters) - Plusieurs milliers d'islamistes pakistanais réunis devant la Mosquée rouge d'Islamabad, prise d'assaut il y a un an par l'armée pakistanaise, ont appelé dimanche au djihad, ou guerre sainte.
La prise du vaste complexe, qui abritait une école coranique ou madrasa, avait fait plus d'une centaine de morts le 10 juillet 2007, après un siège d'une semaine causé par des heurts entre les défenseurs armés de la mosquée et les policiers.
Des orateurs ont harangué la foule de plusieurs milliers d'hommes, surtout des étudiants islamistes, accusant le président Pervez Musharraf d'être à l'origine du massacre.
"Pervez Musharraf, tu croyais pouvoir écraser le mouvement islamique en attaquant Lal Masjid (la Mosquée rouge), mais nous te le disons, tu as échoué", a déclaré devant la foule l'imam Shah Abdul Aziz, ancien député.
L'assaut "a été donné sur ordre de l'Amérique et de Bush. Mais je veux dire à l'Amérique que le djihad se poursuit et qu'il ne s'arrêtera jamais", a-t-il poursuivi.
SÉCURITÉ RENFORCÉE
Les étudiants de la Mosquée rouge avaient entrepris de faire appliquer à Islamabad des règles inspirées par le mouvement des taliban, enlevant des femmes accusées de prostitution et des policiers et attaquant les magasins de musique et les salons de beauté.
Ils avaient de plus accumulé un arsenal dans la mosquée, située au coeur de la capitale pakistanaise, non loin des bâtiments de l'administration.
En réaction à l'assaut de l'armée, les islamistes ont lancé une vague d'attentats suicides ayant fait plusieurs centaines de morts.
La sécurité était renforcée dimanche autour de la mosquée. La police a installé des barrages routiers, des rouleaux de barbelés et des détecteurs de métaux tout autour du quartier.
Les orateurs ont appelé le gouvernement issu des législatives de février à libérer l'ancien imam de la Mosquée rouge, Abdul Aziz, emprisonné après l'assaut de l'armée, et à reconstruire la madrasa pour femmes, rasée au même moment.
Le Pakistan fait face depuis les dernières semaines à de nouvelles tentatives des islamistes d'imposer le mode de vie des taliban, cette fois dans le nord-ouest du pays, près de Peshawar.
L'armée a lancé une vaste opération contre les bases des activistes dans la région de Khyber, proche de la grande ville du nord-ouest du pays