Question :
Qui est considéré Arabe aujourd’hui ? Seuls les habitants de l’Arabie Saoudite, lieu où se trouvaient les Arabes à l’époque du Prophète, ou bien tous ceux qui se disent Arabes : les Egyptiens, les Tunisiens, les Somaliens, etc. ? Qu’est-ce qu’un Arabe ?
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Réponse :
Répondre à votre question demande quelques précisions préalables.
1. La péninsule arabique pourrait être l’origine de tous les peuples sémitiques :
Certains spécialistes occidentaux ont émis comme théorie que tous les peuples sémitiques pourraient être issus de la péninsule que l’on nomme aujourd’hui “arabique”. C’est le cas de Jean Bottéro, assyriologue bien connu. Parlant des Akkadiens (des sémites), il écrit : “Les Sémites en question, que nous appelons conventionnellement des Akkadiens, sont les plus vieux représentants de cette branche culturelle et linguistique vénérable qui fleurit encore de nos jours. Sa première patrie pourrait avoir été l’Arabie, dont la transformation successive en savane puis dans l’impossible désert qu’elle est devenue aurait repoussé sur ses franges ses anciens occupants” (Babylone – A l’aube de notre culture, Jean Bottéro, Découvertes Gallimard, 1994, p. 18). Cette thèse est rendue possible par le fait qu’à l’époque, différents peuples nomades ou semi-nomades, d’origine commune, se séparaient souvent ainsi : une première vague se détache du groupe et s’établit dans une autre contrée plus accueillante. Là, sédentarisée, elle modifie peu à peu, au contact d’autres peuples, sa langue, sa culture, ses mœurs et ses croyances, et prend le nom d’un de ses ancêtres immédiats. Des siècles plus tard, si une autre vague se détache du groupe d’origine, les différences culturelles et linguistiques avec la première vague sédentarisée sont devenues telles que la nouvelle vague nomade considère le peuple sédentarisé comme lui étant étranger. Il n’est donc pas impossible que ce soit d’une même souche habitant la péninsule dite aujourd’hui “arabique” que tous les peuples sémitiques soient issus.
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2. Quel est le sens originel du mot “arabe” ?
Le terme “arabe” vient du mot “‘araba“, qui désigne le désert (Ardh ul-qur’ân, Sulaymân Nadwî, p. 51, voir aussi Qassas ul-qur’ân, tome 1 p. 103), parce que la péninsule arabique est constituée dans sa plus grande partie de déserts. Le terme désignait ainsi, à l’origine, la terre connue aujourd’hui sous le nom de “péninsule arabique”.
Puis il en est venu à désigner les habitants de cette terre (Ardh ul-qur’ân, p. 52).
Or, ce que les habitants de cette terre avaient en commun est une langue et une culture, du moins ce qui en émergeait comme une sorte de plate-forme commune malgré des différences existant surtout entre Nord et Sud. C’est ainsi – et nous allons le voir dans les lignes qui suivent – que le terme arabe va se mettre à désigner non plus seulement les habitants de cette péninsule mais tous ceux qui partagent les aspects significatifs de leur culture et civilisation.
3. Deux types d’Arabes : du Nord et du Sud – Deux types de langues : nordarabique et sudarabique :
Selon la tradition, Agar et Ismaël furent laissés par Abraham – respectivement mari et père pour eux – dans une vallée de la péninsule arabique et une source d’eau y jaillit ensuite. Un groupe de nomades, les Jur’hum, passant dans les environs et remarquant la présence d’eau, s’approcha et décida de s’installer lui aussi sur les lieux. C’est ainsi que la cité de La Mecque fut fondée. Ismaël apprit “al-’arabiyya” [apparemment une sorte de proto-arabe] des Jurhum, au milieu desquels il vivait. C’est également chez les jur’humites qu’il se maria et c’est ainsi que naquirent ses enfants (tout ceci figure dans la parole de Ibn Abbâs rapportée par al-Bukhârî, n° 3183). Ismaël a donc été “arabisé” au contact d’Arabes originels.
Du côté des historiens, ce qui fait l’unanimité c’est qu’à la veille de l’apparition de l’islam en Arabie, des différences linguistiques et culturelles et une sorte de concurrence existaient entre les Arabes du Sud de la péninsule et ceux du Centre et du Nord (Fajr ul-islâm, Ahmad Amîn, pp. 5-6). Les habitants du Centre et du Nord de la Péninsule étaient d’un degré de civilisation beaucoup moindre que celui qu’avaient atteint les habitants du Sud. Les idiomes étaient également différents : l’idiome du Sud avait réalisé de nombreux emprunts à l’abyssinien, celui du Centre et du Nord au nabatéen.
Les historiens arabes, eux, écrivent que, dans l’Antiquité, deux types d’Arabes coexistaient dans la péninsule arabique : il y avait les Arabes Adnanites (”al-’arab al-’adnâniyya“), dont l’habitat principal était le Centre et le Nord de la péninsule, et il y avait les Arabes Yactanides ou Jectanides (”al-’arab al-qahtâniyya“), habitant surtout le Sud de la péninsule.
La plupart de ces historiens arabes ont ensuite lié ensemble ces classifications : selon eux, les Arabes du Centre et du Nord étaient les Arabes Adnanites (”‘arab ‘adnâniyya“), des fils d’Ismaël, des “Arabes arabisés” (”‘arab musta’riba“) (puisque leur père Ismaël a été “arabisé”) ; par contre, les Arabes du Sud étaient les Arabes Yactanides (”‘arab qahtâniyya“), qui n’avaient pas pour ancêtre Ismaël et qui constituaient les “Arabes originels” (”‘arab ‘âriba“). Les historiens arabes classent donc les Arabes en deux catégories principales : les Arabes descendant de Ismaël – qu’ils nomment les “Arabes arabisés”, “‘arab musta’riba” –, et les Arabes descendant de peuples présents dans la péninsule avant que Ismaël ne s’y installe – qu’ils nomment les “Arabes originels”, “‘arab ‘âriba“.
De ces classifications, les sources musulmanes ne disent rien, et certains savants sont d’ailleurs d’un avis différent : al-Bukhârî et Ibn Is’hâq sont ainsi d’avis que Arabes Adnanites et Yactanides descendent tous d’Ismaël (cf. Qassas ul-qur’ân, tome 3 pp. 276-278) ; d’autres savants, comme Ibn Kathîr, ont établi une classification double : “‘arab ‘âriba” / “‘arab musta’riba” (Ibid., pp. 281-282) ; d’autres encore, comme Ibn Hajar, ont choisi une classification triple : “‘arab bâ’ïda” / “‘arab ‘muta’arriba” / “‘arab musta’riba” (Fat’h ul-bârî, tome 6 p. 658).
En fait les deux groupes – Yactanides et Adnanites – étaient, à la veille de la venue de l’Islam, assez mélangés sur le plan ethnique : les fils d’Ismaël descendaient directement, du côté maternel, des Arabes Yactanides – puisque leur mère appartient à la tribu yactanide Jurhum –, ce qui fait que si Ismaël était certes lui-même “arabisé”, ses fils avait pour mère une “arabe yactanide” : de la sorte les Arabes fils d’Ismaël étaient aussi descendants d’Arabes Yactanides. Quant aux Arabes Yactanides, ils n’avaient pas tous, à l’instar des Arabes Adnanites, Ismaël comme ancêtre commun, certes, mais certains d’entre eux avaient, au cours des siècles, émigré du Sud par groupes et s’étaient établis dans le Centre et le Nord, où de nombreux liens de mariage les avaient unis avec les Arabes descendant d’Ismaël ; et ainsi les enfants nés de ces unions et s’affiliant toujours aux Arabes Yactanides avaient eu Ismaël comme ancêtre du côté d’un de leurs parents. Ce serait là la raison pour laquelle, selon al-Hamdânî (cf. Fat’h ul-bârî, tome 6 p. 459), le Prophète (sur lui soit la paix) put dire à un groupe composé d’Arabes Adnanites aussi bien que d’Arabes Yactanides installés à Médine, et ayant donc émigré du Sud vers le Nord : “Pratiquez le tir à l’arc, fils d’Ismaël, car votre ancêtre le pratiquait” (rapporté par al-Bukhârî, n° 3316) : ces fils de pères Yactanides avaient eux aussi, du fait des mariages de leurs ancêtres avec des filles Adnanites, du sang adnanite dans les veines : en ce sens ils descendaient eux aussi d’Ismaël. Ce serait aussi la raison pour laquelle Abû Hurayra put dire, parlant de Agar et s’adressant aux Arabes en général (et non pas seulement aux Arabes Adnanites) : “C’est votre mère, ô vous les fils de la pluie” (rapporté par al-Bukhârî, n° 3179, Muslim, n° 2371) (cf. Qassas ul-qur’ân, tome 3 pp. 276-282).
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4. Ces anciens habitants du Sud de la péninsule arabique sont-ils eux aussi des Arabes ?
Comme nous venons de le voir, les historiens arabes des siècles passés ont nommé “arabes” tous ceux qui, au cours des siècles, ont eu comme habitat la péninsule (avec une classification double : “‘arab ‘âriba” / “‘arab musta’riba“, ou triple : “‘arab bâ’ïda” / “‘arab ‘muta’arriba” / “‘arab musta’riba“) (Qassas ul-qur’ân, tome 1 p. 103). Le qualificatif “arabe” était donc chez eux d’une application très large, car englobant les Arabes Adnanites comme les Arabes Yactanides.
Par contre, les historiens occidentaux ne nomment “arabes” que ceux qui parlaient une langue proche de la langue arabe classique, donc une langue “nordarabique”, à l’exclusion de ceux qui parlaient une langue classée “sudarabique”. C’est à partir de cette définition que les historiens Jean et André Sellier ont écrit : “L’existence de populations de langue arabe est attestée (…) au IXème siècle avant J.-C. Elles occupent alors une grande partie de la péninsule arabique et le désert de Syrie. (…) A la périphérie du désert, les Arabes côtoient d’autres populations. Ils s’infiltrent dans les royaumes sudarabiques et y imposent peu à peu leur langue” (Atlas des peuples d’Orient, pp. 48-49). Voyez : ces deux historiens ne nomment pas “arabes” les populations parlant le sudarabique.
Il semble pourtant que tout dépend de l’acception que l’on donne au terme “arabe” : si on appréhende ce terme dans le sens de “langue proche du nordarabique” – comme le font les linguistes occidentaux –, alors effectivement le sudarabique n’entre naturellement pas dans le cadre de ce qu’il désigne, et les populations qui le parlaient exclusivement ne sont alors pas “arabes”. Par contre, si on l’appréhende dans un sens plus large – comme le faisaient les anciens historiens arabes –, le sudarabique est inclus dans le cadre désigné par ce terme, et les populations qui le parlaient exclusivement sont elles aussi “arabes”. Pour plus de détails, cliquez ici pour lire notre article au sujet de langue arabe.
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5. Qui est “Arabe” aujourd’hui ?
Les “Arabes du temps du Prophète”, écrit en substance Ibn Taymiyya, avaient en commun trois éléments :
– ils étaient les descendants d’”arabes” ;
– ils parlaient un des idiomes reconnus comme étant arabes ;
– ils habitaient la “terre des Arabes”, la péninsule arabique : celle-ci comprenait le Yémen mais non pas la Syrie (Al-Iqtidhâ, pp. 155-156).
Après la mort du Prophète, les premiers musulmans – très majoritairement des Arabes – conquirent des pays avoisinants. Certains de ces musulmans arabes s’installèrent alors dans tout un espace débordant le cadre de la péninsule arabique à l’est, à l’ouest et au nord (Ibid., p. 156). Des autochtones de ces pays se convertirent à l’islam et devinrent eux aussi musulmans. D’autres demeurèrent qui chrétien, qui juif, qui zoroastrien, qui sabéen, qui manichéen, qui polythéiste, etc.
Les musulmans originaires d’Arabie et s’étant installés dans les pays voisins de la Péninsule arabique demeurèrent-ils des Arabes ? Et leurs descendants, furent-ils des Arabes ou bien des non Arabes ? Quant aux gens qui se convertirent à l’islam sur la main de ces musulmans Arabes des premiers siècles de l’Islam, devinrent-ils Arabes en même temps que musulmans ou bien ne devinrent-ils que musulmans ? Et ceux qui gardèrent la religion de leurs ancêtres mais qui devinrent des habitants de la terre d’Islam, devinrent-ils des Arabes ou non ?
Répondre à ces questions demande que l’on comprenne la situation de ceux qui s’installaient alors, dans la terre d’Islam, ailleurs que dans la Péninsule arabique même…
D’un côté, du fait que les Arabes – hommes et femmes – installés ailleurs que dans la péninsule se mariaient entre Arabes mais aussi avec des autochtones – des convertis à l’islam, ou des femmes demeurées juives ou chrétiennes –, les habitants de la terre musulmane de ces premiers temps de l’Islam peuvent être classés, selon leur ascendance, comme suit :
– il y avait des gens qui descendaient d’Arabes ;
– il y en avait qui descendaient de non Arabes ;
– et il y en avait enfin qui ne connaissaient pas leur ascendance : est-elle arabe ou non arabe (Al-Iqtidhâ, p. 156).
D’un autre côté, et indépendamment de leur ascendance, ces habitants de la terre musulmane de ces premiers temps peuvent aussi être classés comme suit, cette fois selon leur maîtrise ou non de la langue arabe :
– il y en avait dont l’arabe était demeuré ou était devenu la langue usuelle et de référence (”taghlibu ‘alayhim al-’arabiyya“) ;
– il y en avait qui parlaient l’arabe – c’est-à-dire se débrouillaient pour communiquer par le canal de cette langue – mais dont la langue de prédilection et de référence était autre (”taghlibu ‘alayhim al-’ajama“) ;
– et il y en avait qui n’étaient que très peu capables de parler la langue arabe (”lâ yatakallamun bihâ illâ qalîlan“) (d’après Al-Iqtidhâ, p. 156).
Qui était donc Arabe parmi ces gens : celui qui était petit-fils d’Arabes venus de la péninsule, même si la langue de référence était une langue autre que l’arabe ? ou bien celui dont la langue et la culture était devenues arabes, n’eût-il que du sang de Persans dans les veines ? ou les deux ?
Il ressort des écrits de Ibn Taymiyya – c’est ce que j’ai pu comprendre, wallâhu a’lam – que l’Arabe est celui que l’”arabité” domine, même si ses ancêtres ne sont pas Arabes ; par contre, celui qui a abandonné l’arabité n’est pas un Arabe, fût-il descendant d’Arabe (”man taghlibu ‘alayhi-l-’arabiyya” – p. 156, ligne 24 – “al-lissân al-’arabî wa akhlâq ul-’arab” – p. 157 – “man tashabbha, min al-’arabi [naslan], bi-l-’ajam, lahiqa bihim, wa man tashabbha, min al-’ajami [naslan], bi-l-’arab, lahiqa bihim” – p. 153). (Rappelons par contre que la règle de l’interdiction, pour les hashémites, de recevoir l’aumône concerne quant à elle tous ceux qui descendent des Banû Hâshim, même s’ils ne parlent pas la langue arabe et ne sont donc pas Arabes : Al-Iqtidhâ, p. 157.)
Dans le même ordre d’idées, à l’intérieur de tout l’espace devenu terre d’Islam – Dâr ul-islâm –, les régions sont, elles aussi, “arabes” ou “non-arabes” en fonction de la langue qui y domine (il se peut ensuite qu’à l’intérieur d’une région “arabe” vive en minorité un groupe non-arabe). Ibn Taymiyya fait la classification suivante de ces régions :
– il y a la terre arabe d’origine (”al-buq’a al-’arabiyya ibtidâ’an“) : il s’agit de la péninsule arabique, où la langue arabe était et restait la langue dominante ;
– il a aussi la terre devenue arabe (”al-buq’a al-’arabiyya intiqâlan“) : il s’agit de l’espace constitué par les pays d’Islam dont la langue était auparavant le grec, le persan ou le berbère mais où l’arabe devint langue dominante (”ghalaba ‘alâ ahlihî lissân ul-arab hattâ lâ ta’rifa ‘âmmatuhum ghayrahû, aw ya’rifûnahu wa ghayrahû“) ; ce fut le cas de la Syrie, de l’Irak, de l’Egypte, du Maghreb etc. ; ce fut aussi, pendant une séquence de temps, le cas de la Perse, du Khorassan (et de l’Andalousie) ;
– il y a enfin la terre non-arabe (”al-buq’a al-’ajamiyya“) : il s’agit des pays où une langue autre que l’arabe demeura la langue dominante (”al-’ajamatu kathîratun fîhim aw ghâlibatun ‘alayhim“) ; ce fut le cas des terres turques, de l’Azerbaïdjan, etc. (Al-Iqtidhâ, p. 156).
Ce n’est donc pas l’ascendance mais la langue – et tout ce qu’elle véhicule de culture – qui est le critère faisant ou ne faisant pas de quelqu’un un Arabe. Dans le même ordre d’idées, le site Internet de l’Institut du Monde Arabe écrit : “… c’est sur l’usage d’une langue supposée une, à l’époque comme encore aujourd’hui, que s’appuie principalement la délimitation du monde des Arabes” ; le site reprend ensuite la définition de Maxime Rodinson : “Appartiennent au peuple arabe ceux qui ont comme langue maternelle l’arabe ou une de ses variantes naturelles, qui revendiquent l’identité arabe et qui regardent l’histoire et les traits culturels arabes comme leur patrimoine” (fin de citation).
Dès lors, les populations qui ont adopté la langue arabe et se sont arabisées après la conquête musulmane sont, elles aussi, arabes. Les historiens Jean et André Sellier écrivent ainsi : “La distinction entre Arabes au sens strict (descendants des tribus de l’époque de Muhammad) et “arabisés” (descendants des populations ayant adopté la langue arabe après la conquête) s’est estompée au fil des siècles. Sont “arabes” – au sens large – les personnes qui ont pour langue maternelle l’arabe” (d’après Atlas des peuples d’Orient, p. 46). Ces populations sont devenues arabes à cause de l’expansion de la terre d’Islam, fussent-elles devenues aussi musulmanes ou fussent-elles demeurées chrétiennes, juives, zoroastriennes, sabéennes, polythéistes ou autres. Car rappelons ici qu’il ne faut pas confondre “arabe” et “musulman”. S’il est vrai que l’interaction a été grande entre ces deux entités, s’il est vrai que le Prophète Muhammad (sur lui la paix) était Arabe de même que ses Compagnons, il ne faut pas oublier que depuis les premiers temps de l’Islam jusqu’aujourd’hui, il y a des Arabes qui sont chrétiens, juifs ou autres. D’un autre côté, les trois quarts des musulmans du globe ne sont pas Arabes mais Malais, Indiens, Chinois, Africains, Européens et Américains.
Wallâhu A’lam (Dieu sait mieux).