Huit apprentis imams, âgés de 18 à 27 ans, vivent actuellement coupés du monde dans l'auberge d'une mosquée malaisienne. Trois érudits musulmans doivent les départager à travers des épreuves sur leurs connaissances de l'islam.
La télé-réalité fait fureur en Malaisie. Particulièrement une émission, «Imam Muda» (Le jeune imam, en français), diffusée depuis fin juin et chargée in fine de sacrer le meilleur «jeune imam» parmi dix candidats. Sélectionnés parmi plus d'un millier de personnes, ces derniers ne sont déjà plus que huit, des épreuves éliminatoires étant régulièrement organisées. Y figurent notamment un employé de banque, un agriculteur et plusieurs étudiants.
Pendant dix semaines, ces aspirants «imam» sont coupés du monde et logés dans l'auberge d'une mosquée. Privés de téléphone portable et de tout lien avec leurs proches, ils passent la plupart de leur temps à recevoir un enseignement islamique. Les caméras tournent en revanche uniquement lorsqu'une mission leur a été confiée.
La récompense pour le vainqueur de ce programme inédit ? Un pèlerinage tous frais payés à La Mecque, ainsi qu'une bourse pour étudier dans une université saoudienne et un poste dans une mosquée de Malaisie. Mais pour parvenir à décrocher ce prix, le futur imam devra réussir à sortir indemne des épreuves, qui testeront tout au long du jeu les connaissances de l'islam et les pratiques religieuses des candidats. Agés de 18 à 27 ans, les apprentis imams ont notamment déjà dû réciter des versets du Coran, effectuer des ablutions sur deux morts ou bien encore convaincre des jeunes de se détourner du sexe hors-mariage ou de la drogue. Le tout sous l'œil de trois érudits musulmans chargés de leur évaluation.
Extraits du premier épisode de l'émission :
Beaucoup de femmes séduites par le physique des candidats
Les premiers épisodes ont déjà provoqué des réactions passionnées, notamment chez les femmes. Beaucoup d'entre elles ont été séduites par le physique des candidats, souvent parés de la tenue traditionnelle et d'un fez sur la tête. «Les fans gardent leurs photos et les mères n'ont pas peur de proposer leur fille», indique ainsi l'un des très nombreux messages de soutien publiés sur le réseau social Facebook. «Pour les musulmans, les jeunes imams sont des gendres idéaux car ils ont un métier reconnu et une bonne connaissance de l'islam», décrypte Izelan Basar, le directeur de la chaîne câblée diffusant le programme.
L'ancien grand imam de la mosquée nationale de Kuala Lumpur, qui supervise l'émission, espère de son côté que les candidats joueront un «rôle modèle» pour «lutter contre la décadence sociale et morale qui affecte les musulmans». Si «Imam Muda» n'est pas la première tentative de télé-réalité religieuse en Malaisie, elle suscite en revanche beaucoup plus d'enthousiasme que les précédentes tentatives, comme l'«Académie du Coran», où les candidats s'entraînaient à réciter des versets. La chaîne qui diffuse l'émission affirme d'ailleurs que l'émission constitue son plus gros succès d'audience.
Plus de 60% des 28 millions de Malaisiens sont musulmans sunnites, tandis que 20% sont bouddhistes et 10% chrétiens. Des représentants des religions minoritaires ont récemment exprimé leurs craintes d'une «islamisation» du pays après une vive controverse sur l'utilisation du mot «Allah» et des condamnations à la flagellation de personnes coupables d'adultère.