Le retrait programmé d’ici 2014 s’apparente à un sauve-qui-peut qui ne dit pas son nom. C’est le signe de l’échec de la stratégie d’endiguement du terrorisme
Comment éviter que le conflit en Afghanistan ne se transforme définitivement en une totale impasse politico-militaire ? C’est à cette question non exprimée ouvertement que la Conférence internationale des donateurs qui s’est achevée mardi a tenté de répondre. Le moins qu’on puisse dire est que les puissances membres de l’Otan, États-Unis en tête, ont donné l’impression de ne s’en tenir qu’à un unique objectif : se tirer au plus vite de ce pays d’ici 2014 avant que la situation ne se complique davantage. Et ce moyennant une aide financière et militaire au pouvoir du président Hamid Karzaï, en contre-partie d’un engagement de la part de ce dernier de parvenir dans le délai imparti, d’ici 2014, à une prise en main totale de la sécurité du pays par les forces afghanes. Rien que ça !
Qualifié d’« avancée majeure » par Barack Obama, qui veut entamer le retrait de ses forces dès 2011, voire de « réaliste » par le Britannique David Cameron, le retrait militaire projeté par les forces occidentales, qui s’apparente au demeurant à un sauve-qui-peut qui ne dit pas son nom, semble pour le moins peu réaliste au regard de la réalité du terrain. Ou un « vœu pieux », selon le député Daoud Soltanzaï qui réagissait aux propos du chef d’État afghan assurant être en mesure de « mener les opérations militaires dans toutes les provinces d’ici 2014 » !
En effet, l’amnistie proposée dès 2005 avec intégration dans la vie sociale et politique aux 36 000 combattants islamistes en contre-partie de leur reddition n’a donné aucun résultat. Il n’y a pas eu de défection majeure dans les rangs des talibans. Ces derniers, qui voient dans le calendrier de retrait d’Obama un début de victoire, réaffirment, chaque fois que l’occasion leur en est fournie, qu’ils ne déposeront les armes que lorsque le dernier soldat étranger aura quitté le territoire afghan. Qui plus est, ils voient bien qu’au Pakistan voisin, leurs « cousins », les talibans pakistanais, mènent la vie dure au régime d’Islamabad, et ce en dépit là également, du soutien américain.
Une chose est sûre : cette stratégie d’endiguement du terrorisme est un échec. Non seulement, elle n’a pas modifié la carte géopolitique régionale et apporté la démocratie escomptée, mais elle a eu pour résultat majeur de raviver un islamisme radical en déclin à la fin des années quatre-vingt-dix ! Dès lors quand des spécialistes du contre-espionnage britannique découvrent que les guerres en Irak et en Afghanistan se sont traduites par une montée de l’extrémisme islamiste, c’est quelque part un comble !