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 La voie de l'Érythrée

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olympique95
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MessageSujet: La voie de l'Érythrée   La voie de l'Érythrée Icon_minitimeLun 16 Aoû - 23:51

L’Érythrée partage avec Cuba, l’Iran, le Soudan, la Corée du Nord, le Venezuela et quelques autres pays, l’honneur d’être, aux yeux des États-Unis, un rogue state, un État voyou. Pour l’universitaire éthiopien Mohamed Hasan, interviewé par le site Investig’Action de Michel Collon, elle est tout au contraire … une « pomme pourrie » ! Cette désignation peut surprendre et être, a priori, considérée comme négative. Il n’en est rien et, en fait, il s’agit tout simplement d’une référence à Noam Chomsky et à sa « théorie de la pomme pourrie » : si une pomme s’abîme dans un panier, il faut vite la retirer avant que les autres ne se gâtent à leur tour. C’est en suivant ce principe que les États-Unis ont toujours cherché à renverser les gouvernements qui étaient des « pommes pourries », c’est-à-dire qui étaient de nature à remettre en cause leur domination et à donner le mauvais exemple à une région stratégique entière… Un rôle que pourrait bien être en mesure de jouer l’Érythrée dans la Corne de l’Afrique.

Quand elle acquit son indépendance, en 1993, l’Érythrée avait été successivement colonisée par l’Italie de 1869 à 1941, par les Britannique de 1941 à 1950, puis par l’Éthiopie successivement pro-américaine puis pro-soviétique. C’est dire que pour obtenir sa liberté ce pays dut lutter, pratiquement seul, contre presque toutes les grandes puissances de la planète : la Grande-Bretagne, les États-Unis, l’Union Soviétique et Israël, tous ces pays ayant soutenu, successivement ou concomitamment, l’occupant éthiopien. Cette situation particulière a forgé la vision politique des cadres politiques érythréens et leur a appris à se débrouiller seuls. Ils savent, d’expérience, que les grandes puissances veulent diviser les Africains pour mieux s’emparer des richesses du continent, c’est la raison pour laquelle l’Érythrée a choisi de mener une politique de développement qui ne laisse pas de place aux ingérences des USA.

Elle voudrait étendre ce projet aux pays voisins et développer avec eux un projet commun. Ses dirigeants ont compris que la Corne de l’Afrique jouit d’une position géographique très avantageuse. Elle est à la fois connectée aux pays du Golfe et à l’Océan Indien où s’effectue la majeure partie du commerce maritime mondial. Elle dispose également de nombreuses ressources : minerais, gaz, pétrole, etc. Comme le déclare Mohamed Hasan : « Si les pays de cette région se libéraient du néocolonialisme et unissaient leurs efforts, ils parviendraient à sortir de la pauvreté. Voilà ce que souhaite l’Érythrée pour la Corne de l’Afrique. Bien évidemment, les États-Unis ne souhaitent pas que ce projet voit le jour car ils pourraient faire une croix sur le contrôle de cette région stratégique et sur l’accès à ses matières premières. Washington essaie donc de faire pression (…). En fin de compte, l’Érythrée, qui a dû mener un long combat pour obtenir son indépendance en 1993, lutte encore aujourd’hui pour protéger sa souveraineté nationale. »

Pour lui, l’Érythrée est la preuve qu’un pays africain peut se développer s’il sait où mettre ses priorités : « Si vous faites de la santé, de l’éducation ou de la sécurité alimentaire des objectifs prioritaires, vous pouvez très bien vous développer. Si par contre, comme dans beaucoup de pays africains, vos préoccupations premières sont de vous conformer aux normes du commerce mondial, vous êtes foutu ! (…) Si vous dirigez un pays du Sud et que vous acceptez ces projets d’institutions telles que la Banque Mondiale ou le FMI, votre économie va être complètement déstabilisée, la corruption va se développer et les impérialistes vous tiendront à la gorge. »

Interrogé sur le parti unique qui gouverne le pays, Mohamed Hasan n’y voit pas un signe de dictature mais une condition sine qua non de l’unité nationale. Son argumentaire, qui dépasse le simple cas de l’Érythrée, mérite l’attention. Notre homme dénonce dans la démocratie multipartite un moyen de diviser les États, non plus selon les tribus comme autrefois, mais selon les partis politiques. Il relève aussi que, dans les pays du Tiers-Monde, « ce modèle de démocratie est un cheval de Troie pour les impérialistes. Les puissances néocoloniales faussent le jeu démocratique en finançant les candidats qui répondront le mieux à leurs exigences : accès aux matières premières pour les multinationales, alignement sur la politique étrangère, etc. » Et il conclue d’une façon qui ne peut que recueillir notre accord : « La question est de savoir : la démocratie multipartite est-elle un idéal auquel tout pays doit impérativement aboutir ou bien un État est-il libre de choisir le système politique qui lui convient le mieux selon ses spécificités, son histoire et sa culture ? »

À lire tout ceci on se dit qu’il y a beaucoup plus de clairvoyance et de lucidité parmi les universitaires d’Éthiopie que parmi ceux d’Occident…

Quant à l’Érythrée, on ne peut que lui souhaiter la victoire de son combat pour une indépendance totale : politique, économique et nationale.
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