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Des milliers de fausses cartes d'électeur ont été découvertes en Afghanistan faisant craindre des fraudes étendues à l'approche des élections législatives, ont annoncé mardi 14 septembre des responsables électoraux. Le scrutin de samedi constitue un test au moment où la violence est à son plus haut niveau depuis l'éviction du régime des talibans de Kaboul fin 2001.
La présidentielle de l'été 2009 avait été marquée par une fraude à grande échelle : un tiers des bulletins en faveur du président Hamid Karzaï s'étaient révélés faux, selon la Commission des plaintes électorales (ECC) appuyée par l'ONU.
On ne sait pas, cette fois, combien de fausses cartes ont été découvertes à Kunduz et Baghlan, dans le Nord et dans les régions orientales de Nuristan et Paktia, ni à qui est imputable leur fabrication, mais certains médias ont avancé le chiffre de trois millions d'exemplaires, soit un sixième des 17,5 millions d'électeurs inscrits. Selon Jandad Spinghar, de l'organisation indépendante Free and Fair Election Foundation of Afghanistan (FEFA), certaines fausses cartes ont été utilisées lors des trois dernières élections mais leur nombre paraît beaucoup plus élevé à la veille des législatives.
"Nous avons vu des spécimens de fausses cartes découverts par nos observateurs. Si le gouvernement prend des mesures préventives, il est possible de réduire l'ampleur de la fraude, sinon de la supprimer entièrement", a-t-il dit. "Les organes de sécurité ont le temps de déterminer les principales différences entre les vraies cartes et les fausses, et de placer des policiers à chaque bureau de vote pour vérifier toute carte d'électeur. Toute personne trouvée en possession d'une fausse carte doit être arrêtée et poursuivie en justice."
Le président Karzaï, dont la crédibilité est en jeu après l'élection de 2009, s'est appliqué dernièrement à faire preuve d'indépendance vis-à-vis de ses alliés occidentaux qui accusent son gouvernement de rester passif devant la corruption. Mais il pourrait faire face à un Parlement hostile si des élus régionaux parviennent à former des blocs pour contrer ses choix, notamment sur les attributions de postes ministériels.
"LA SÉCURITÉ EST LA PLUS GRANDE PRÉOCCUPATION"
La Commission électorale indépendante (CEI), qui supervise les élections, a annoncé que les cartes officielles étaient dotées de microdispositifs de sécurité qui les rendaient faciles à distinguer des fausses. "Je tiens à vous assurer qu'aucune fraude n'aura lieu. Il ne sera pas possible de les utiliser (les fausses cartes)", a dit aux journalistes Fazal Ahmad Manawi, le président de la CEI.
Staffan de Mistura, représentant de l'ONU en Afghanistan, a affirmé que ceux qui tentaient de faire usage de fausses cartes "perdaient leur temps". Il a aussi noté que l'encre utilisée pour prendre les empreintes digitales des électeurs constituait une autre garantie contre la fraude. "Nous pouvons déjà dire d'avance que ces élections ne seront pas parfaites", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Kaboul, "mais en se basant sur (...) les préparatifs par les autorités afghanes, nous avons le sentiment qu'elles seront bien meilleures que les précédentes".
"La sécurité est la plus grande préoccupation avant ces élections (...) Souvenons-nous que nous ne sommes pas en Suisse, nous sommes en Afghanistan, à la période la plus critique du conflit". "Le plus grand test sera le courage et la détermination du peuple afghan le 18 septembre afin de montrer (...) en dépit de la situation sécuritaire (...) sa détermination à participer à l'avenir de son propre pays", a poursuivi de Mistura.
L'ECC a reçu un millier de plaintes pour manœuvres d'intimidation contre des candidats et des électeurs ou recours abusif à des services officiels en faveur de certains candidats. Les résultats préliminaires sont attendus vers le 8 octobre et l'annonce des résultats définitifs est fixée au 30 octobre.