Salam,
Même si l’on ne connaît pas son nom, personne n’ignore son travail. Les photos du commandant Massoud, c’est lui. Le destin de Reza Deghati, né il y a cinquante-cinq ans en Iran, était tracé dès son adolescence. A 16 ans, il fonde son premier journal "Parvaz". Sept ans plus tard, ses photographies l’envoient en prison. Il est arrêté par la police politique du Shah pour "acte de rébellion pouvant nuire à la sécurité de l’Etat". Il restera trois ans derrière les barreaux.
Quand il quitte l’Iran, en 1981, il se donne une mission: être témoin. Témoin des injustices, témoin de la misère, de l’oppression, il se sent frère d’armes de tous ceux qui "regardent passer le Titanic des pays riches". Son arme, c’est un appareil photo qu’il traîne en Bosnie, en RDC ou au Cambodge.
Un pays, pourtant, le retient plus que tout autre. Quand il pénètre en Afghanistan, en 1983, il y rencontre Massoud. Une complicité rare naît entre ces deux-là. Et Reza pleure toujours sur la tombe de son ami Massoud.
Mais il y a plus que cela. "J’ai rencontré un peuple différent de tous les autres. Croyez-moi ou pas, les Afghans ont des valeurs intellectuelles très fortes, une vision détachée du monde matériel." Et il y a la résistance, une notion si étroitement chevillée au corps du reporter-photographe. "Ce pays, c’est l’histoire de la résistance. A toute forme d’occupation. Il a résisté depuis Alexandre le Grand jusqu’à aujourd’hui, face aux Américains."
Alors Reza veut faire plus pour ce pays que son travail de photographe. En 2001, il crée Aïna, une association humanitaire pour l’éducation (des femmes et des enfants en priorité), l’information et la communication. Le but, favoriser l’émergence de médias indépendants, fondements de la démocratie. Depuis, huit publications ont vu le jour, dont "Parvaz", magazine en couleurs pour enfants, "Kaboul Weekly", hebdomadaire national et "Les Nouvelles de Kaboul" sont les plus connus. "Echo de femmes", une radio par et pour les femmes afghanes, des centres culturels et une école de photo-journalisme complètent les projets portés par l'association.
En novembre 2005, la France le décore de la médaille du Chevalier de l’Ordre du Mérite.
Il reçoit d’autres prix l’année suivante en Espagne et aux Etats-Unis. Mais ce qui importe vraiment à ses yeux, c’est de ne jamais poser son appareil photo et de continuer sa mission de témoin. Il y a deux mois, il était au Pakistan. Son photo-reportage paraîtra très prochainement, pour le magazine National Geographic.
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