Une nuit de sommeil en moins suffit à troubler notre système immunitaire, d'après une étude anglo-néerlandaise. Quelques heures de repos perdues créent un véritable stress pour l'organisme.
Nul besoin d'être insomniaque pour le savoir: les suites d'une nuit blanche sont souvent difficiles. En plus de favoriser l'anxiété, ces heures de sommeil manquées perturbent l'activité des granulocytes, des acteurs clés de l'immunité, selon une étude publiée le 1er juillet dans la revue américaine SLEEP. Si le lien entre un manque chronique de sommeil et un système immunitaire moins performant était déjà établi, l'équipe du Dr Katrin Ackermann de l'Eramus MC University Medical Center Rotterdam aux Pays-Bas est allée plus loin en se concentrant sur les effets d'une seule nuit blanche.
L'étude a impliqué quinze hommes jeunes (âgés de vingt-cinq ans en moyenne) et en bonne santé. Pendant une semaine, ils ont équilibré leur rythme circadien (l'alternance entre la veille durant le jour et le sommeil pendant la nuit) en s'astreignant à 8 heures de sommeil par nuit, avec au moins 15 minutes d'exposition à la lumière du jour dans les 90 minutes suivant leur réveil. Par ailleurs, l'alcool, le café et les médicaments leur étaient interdits les trois derniers jours. Leur sang a ensuite été prélevé une première fois afin d'y mesurer les globules blancs, des cellules primordiales du système immunitaire. Dans un second temps, les sujets ont dû rester éveillés 29 heures d'affilée. Pendant cette période, leur sang a été de nouveau prélevé régulièrement.
Vulnérables aux infections
Les mesures de globules blancs obtenues ont été comparées à celles prises avant la période d'éveil imposé. En comparant les prélèvements, les chercheurs ont observé des modifications au niveau des granulocytes, les globules blancs les plus abondants dans le sang. Leur nombre a nettement augmenté pendant la veille forcée. Or, l'élévation du taux de globules blancs est un signe majeur de l'activation du système immunitaire. Après une nuit de sommeil perdue, l'organisme réagit donc en mobilisant ses cellules immunitaires, comme il le ferait s'il était soumis à un stress physique. Ces résultats sont à relier à de précédentes recherches ayant démontré que le stress nous rend plus vulnérables à certaines infections (comme le rhume) en abaissant nos défenses immunitaires.
D'autres études restent à mener pour établir comment le manque de sommeil parvient à stimuler directement l'immunité. En attendant, ces résultats devraient intéresser les médecins spécialistes du sommeil, mais aussi les travailleurs de nuit, dont la santé est notoirement malmenée.