Allons à la mosquée !

Lorsqu'on entre dans un lieu sacré, mosquée, église, temple etc., l'on sent tout de suite un changement d'atmosphère, un "changement d'air". L'on dirait qu'une frontière invisible sépare le monde profane du monde sacré et que celui-ci a un je ne sais quoi de mystérieux qui le place au-delà de l'espace et du temps. Là c'est l'agitation, le vacarme, les préoccupations mondaines, ici c'est le silence, la sérénité, la paix et, normalement, le lieu sacré est et doit être à l'abri de tout ce vacarme du monde profane pour que chacun puisse y trouver cet espace hors d'espace et ce silence paisible, cette sérénité qui permet d'activer le lien avec Dieu et de favoriser la descente des influences divines.

Or, le visible étant le reflet de l'invisible, ce lieu sacré existe en chacun d'entre nous, qui que nous soyons, croyants, ignorants, "athées" ou que sais-je d'autre. Nous avons tous une mosquée, une église, un temple dans les profondeurs de notre être, espace sacré, inviolable, à l'abri de l'agitation et du vacarme du monde et en contact direct avec Lui. Cet espace est absolument inviolable, il est imperméable à toutes les agressions, à toutes les atteintes, à tous les attentats du monde profane, du monde extérieur. Le seul problème est qu'il est plus ou moins voilé à nous-mêmes et que nous ignorons parfois jusqu'à son existence.

Le monde extérieur, qui comprend notre propre corps et notre propre âme aussi, est précisément le lieu de l'agitation, du trouble, des soucis, du vacarme, du mouvement, des souffrances; pour s'en extraire, il faut se retirer dans notre mosquée... Il n'y a pas, au fond, d'autre moyen d'échapper à ses atteintes.

Il y a des gens qui travaillent "sur le monde" dans le noble but de l'apaiser, mais les effets de ce travail sont extrêmement limités et souvent relativement vains, le travail réel ne peut être entrepris qu'à partir de la mosquée intérieure. C'est uniquement en entrant dans ce lieu, séjour de Paix, qu'on peut répandre la paix sur le monde, s'apaiser soi-même et résoudre les difficultés d'une manière définitive. Mais il est bon de rentrer dans cette mosquée intérieure même si l'on n'a pas nécessairement le désir de changer le monde; dans des moments de souffrances, durant les épreuves et les ennuis, c'est dans cet espace sacré que l'on savoure la paix et qu'on comprend que rien ne peut nous atteindre en réalité...