L’Afghanistan prendra sa sécurité en main d’ici à 5 ans

Transférer la responsabilité de la sécurité aux autorités afghanes au plus tard en 2015, aider à la réinsertion des talibans repentis et lutter contre la corruption. Telles sont les décisions prises par les représentants de 70 pays réunis aujourd’hui à Londres pour s’accorder sur l’avenir de l’Afghanistan.
La conférence de Londres "marque le début du processus de transition’’ avait expliqué Gordon Brown ce matin en ouverture de la réunion. Quelques heures plus tard, les participants et le gouvernement afghan se sont mis d’accord sur l’échéance : le communiqué final prévoit que "les forces armées afghanes prennent le commandement de la majorité des opérations dans les zones instables d’ici à trois ans et assument la responsabilité de la sécurité sur le terrain d’ici à cinq ans".

Pas question cependant de retirer toutes les troupes étrangères d’Afghanistan en 2015 : le président afghan Hamid Karzaï estime que la présence de forces de l’Otan sera encore nécessaire "pendant une décennie".

Autre décision de la communauté internationale : l’aide internationale sera conditionnée à la lutte contre la corruption, qui avait notamment entaché la dernière élection présidentielle.
Selon le communiqué final de la conférence, l’aide apportée au gouvernement afghan sera augmentée de 50% en deux ans si des progrès dans la lutte contre la corruption sont constatés.

Les participants à la conférence ont également validé la politique de la "main tendue" d’Hamid Karzaï, qui propose argent et travail aux talibans repentis. Un fonds de 140 millions de dollars sera débloqué par la communauté internationale.

Le président afghan a invité les insurgés repentis à prendre part à la prochaine "jirga de la paix", c’est à dire la prochaine assemblée tribale traditionnelle, "pour mettre en œuvre cette réconciliation".
Une proposition qui ne fait visiblement pas l’unanimité chez les talibans, qui voient dans la conférence de Londres un "outil de propagande" ne débouchant "sur aucun résultat".

Enfin, Hillary Clinton a appelé à ne pas oublier le "trésor inexploité" de l’Afghanistan : ses femmes. La secrétaire d’Etat américaine a lancé un plan pour l’émancipation des Afghanes, visant à faciliter l’accès des femmes à la direction des organismes judiciaires, éducatifs et de santé.

AFGHANISTAN - Le transfert de compétences devrait commencer fin 2010...

La conférence de Londres sur l'Afghanistan a approuvé jeudi l'objectif de réintégration des talibans repentis, de réconciliation, de transfert des responsabilités en matière de sécurité dans les cinq ans et de lutte contre la corruption. Plus de 140 millions de dollars ont été promis pour financer, la première année, le «programme de réintégration» des talibans. Le transfert du «commandement d'un certain nombre de provinces aux forces afghanes, à condition que les conditions le permettent» devrait commencer «d'ici à la fin 2010 ou au début 2011».

Qui va négocier?

Gilles Dorronsoro, chercheur à la Fondation Carnegie pour la paix internationale, est moins optimiste: «Il est illusoire de penser que les Afghans pourront assurer la sécurité dès 2011, car Karzai, discrédité, n'a ni armée ni gouvernement.» Selon lui, cette échéance n'est qu'une façon de marquer le début de la phase de retrait des troupes étrangères, enlisées dans le conflit. Quant à réinsérer les talibans, «on sait que ça ne marche pas. Il faut entamer des négociations avec eux - s'ils le souhaitent - et savoir qui va négocier: Karzai? Les Américains? Un ensemble régional? Il va falloir se mettre d'accord».

On a toutefois appris hier que le chef de la mission de l'ONU en Afghanistan, Kai Eide, avait rencontré, courant janvier à Dubaï, des membres actifs des talibans en vue de pourparlers de paix, et cela à leur demande.