Dialogue oiseux

Dialogue oiseux

― Tu parles de Dieu parfois, je...
― Casse-toi !
― Pardon ?
― Silence !
― Mais...
― Va-t'en !
― Eh b...
― Bon à rien ! Voilà ton « je » ! Je crains que tu n'aies pas bien compris ce que je voulais te dire : comme tu le sais assurément, pour l'avoir lu et entendu bien souvent, l'homme est un Joyau inestimable, mais enveloppé de couches de fumée qui en cachent la valeur... Il est le « Vicaire de Dieu », son cœur peut contenir Celui que « ni les cieux ni la terre ne peuvent contenir », l'Infini, il est le Réceptacle, l'Intermédiaire, le Pontife de la Création. Mais ce qu'il est, comme je te le disais, est prisonnier de fumée, or ce sont les couches de fumée qui parlent quand tu dis JE. Casse- « toi » donc, fracasse la prison de ténèbres où tu te trouves et rayonne, car tu es Lumière, élève, car tu es Esprit, console, car tu es Amour. Casse- « toi », disparais en un mot pour être enfin ce que tu es dans ta réalité profonde et inexprimable...
― Ah... D'accord, je comprends maintenant... Cela dit, je fais quoi, concrètement ?
― Te taire... Tout est dans le silence. Le silence, c'est la musique de l'essence ; tâche d'entendre cette musique... Simplement.
― Mais comment faire pour l'entendre ? Que faire pour « me taire » dans ce sens ?
― Faire ce qu'il faut, peut-être, dans le Présent, sans te poser de questions, avec sérénité, avec détachement, avec confiance ?
― D'accord... Je ne saisis pas bien mais je vais essayer. Quand j'aurai réussi, il se passera quoi ?
― « Va-t-en », tu ne seras plus terrestre mais céleste ; tu auras déployé tes ailes sublimes pour planer dans les airs, et au-delà...
― En termes plus clairs ?
― Casse-toi, tais-toi, va-t'en.