Près d'une centaine de personnes ont perdu la vie au cours du bombardement effectué vendredi par la coalition internationale sous commandement américain dans l'ouest de l'Afghanistan, affirme une commission d'enquête mise sur pied par le président Hamid Karzaï.
« Nous nous sommes rendus sur place et nous avons constaté que le bombardement a été très intense, beaucoup de maisons ont été détruites et plus de 90 civils, pour la plupart des femmes et des enfants, ont été tués », a déclaré le ministre des Affaires religieuses et président de la commission d'enquête, Nematullah Shahrani.
Dimanche, Hamid Karzaï a annoncé dans un communiqué que deux officiers avaient été limogés pour « négligence et rétention d'information à propos de la frappe aérienne tragique et irresponsable ayant frappé le village d'Azizabad, dans le district de Shindand ».
Selon les autorités afghanes, c'est aussi la négligence qui est à l'origine du drame. « Je retiens de ma mission qu'il n'y a aucune coordination entre les troupes afghanes et internationales, en dépit des demandes répétées du président », a souligné Nematullah Shahrani.
La population manifeste
Le raid a eu lieu dans l'ouest du pays, à 120 km d'Herat, non loin du village d'Azizabad. Cette zone, qui fait partie du district de Shindand, est connue pour abriter de nombreux insurgés. C'est d'ailleurs la raison invoquée par la coalition, qui a ouvert sa propre enquête, pour justifier le bombardement.
« Je dois rencontrer aujourd'hui les soldats américains. Ils affirment que des talibans se trouvaient dans la région, mais ils doivent le prouver », a indiqué Nematullah Shahrani.
Les États-Unis ont exprimé dimanche leurs regrets pour « la perte de vies innocentes parmi les Afghans que nous sommes censés protéger ».
Ce genre de bavure ne joue évidemment pas en faveur de la coalition internationale auprès de la population afghane. Des manifestations ont d'ailleurs eu lieu samedi dans la région de Shindand, et une voiture de police a été brûlée aux cris de « Mort à l'Amérique ».
Dans un communiqué, le conseil des oulémas de l'ouest de l'Afghanistan dénonce « les ennemis de l'Islam qui trempent leurs mains dans le sang des innocents » et lance un appel à une manifestation mardi à Herat, la grande ville de l'ouest du pays.
Radio-Canada.ca avec Agence France Presse