On compte 27 millions de Pachtouns au Pakistan contre 12 millions en Afghanistan. Ce chiffre permet de comprendre pourquoi Islamabad accorde autant d'intérêt à son voisin. Tout événement majeur en Afghanistan aura donc des conséquences au Pakistan, en particulier dans les zones tribales. D'où l'ambivalence de la politique d'Islamabad, qui veut à la fois vaincre ses propres talibans - elle a engagé pour la première fois d'importantes offensives contre eux -, ménager les talibans afghans dans l'hypothèse où ils reviendraient au pouvoir après le départ des Américains et, d'une manière générale, contrôler ce qui se passe à Kaboul. Lire la suite l'article
L'état-major pakistanais a en effet une obsession : que ne s'installe pas en Afghanistan un gouvernement favorable à l'Inde, son ennemi de toujours. Cette politique ambiguë n'a évidemment pas les faveurs de Washington, qui ne cesse d'exiger des officiers pakistanais qu'ils fassent davantage contre les talibans afghans, lesquels disposent toujours de sanctuaires dans le Waziristan.
L'un des points essentiels de la nouvelle politique d'Obama, baptisée Afpak, est justement de conditionner l'aide américaine à la bonne volonté pakistanaise. Dans cette difficile partie, Islamabad joue au chat et à la souris. Il doit aussi compter avec les sentiments très antiaméricains de sa population. Après avoir nié pendant des années posséder la moindre influence sur les talibans, Islamabad a fini par baisser le masque. Et s'emploie maintenant à chercher les possibilités d'une rencontre entre insurgés afghans et Américains.