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 Dialogue oiseux : Consultation médicale

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Yama
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Yama


Masculin Nombre de messages : 548
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Localisation : Kharâbât
Date d'inscription : 09/10/2012

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MessageSujet: Dialogue oiseux : Consultation médicale   Dialogue oiseux : Consultation médicale Icon_minitimeLun 14 Mai - 15:11

― Bonjour Doc...teur...
― Bonjour Madame, entrez seulement et prenez place.
― Mais... Je crois que je vous...enfin...votre visage... Ah ! Il m'en souvient ! Vous n'étiez pas un jour en train de discuter avec un groupe de personnes dans un parc ?
― Peut-être, est-ce important de le savoir ?
― Mais... Je vous avais pris pour une sorte de pseudo-cheikh ou chef de quelque secte... Êtes-vous vraiment médecin ?
― Quelle importance ?
― Répondez-moi je vous prie : êtes-vous vraiment médecin ?
― Êtes-vous vraiment patiente ?
― Pardon ? Je suis souffrante puisque...
― Je ne vous ai point demandé si vous étiez « souffrante » - j'en ai déjà la réponse – mais si vous étiez « patiente », si vous aviez la patience de supporter...
― Excusez-moi, mais je dois m'en aller et...
― De supporter ce que vous pourriez entendre.
― Pardon ?
― Si vous êtes ici, c'est qu'il y a une raison, et nous devons collaborer pour tâcher de la comprendre.
― Mais... Que dites-vous à la fin ? Qui êtes-vous ? Je ne vois aucun diplôme sur...
― Vous êtes un peu trop attachée aux apparences, me semble-t-il. Pensez-vous que les « diplômes » vaillent vraiment quelque chose ou indiquent quelque chose de sérieux ?
― Vous avez des diplômes, voulez-vous dire, mais ne les affichez pas ? Mais...vous êtes médecin ou...
― Madame, nous sommes tous médecins, à condition que nous sachions qui nous sommes, et les « diplômés », je puis vous en assurer, ne sont pas les plus habiles.
― Qui êtes-vous... ?
― Un et multiple ; l'eau prend la couleur du verre et moi je prend celle de l'air pour...
― Je ne comprends pas... Je pensais que j'allais consulter un médecin...
― Pour écouter ? Moi aussi, je suis à l'écoute de cet air où je me noie, de cet instant qui nous réunit et nous parle ; qu'importe le reste !
― Je ne comprends pas... Êtes-vous médecin ?
― Comme je vous le disais à l'instant, nous le sommes tous. Le premier sens du mot medicus, dont provient « médecin », est « propre à soigner », « qui soigne, guérit ». Un fait peut être « médecin », un pensée peut être « médecin », un mot peut être médecin, à condition que l'on soit réceptif, conscient et serein pour comprendre.
― Non mais...je...
― Je sais ce que vous souhaitez dire : Vous aimeriez savoir si je suis « diplômé » pour être « médecin » et si je peux vous aider à vous soulager de vos maux. Cependant, je crains que ces questions ne soient futiles et que...
― Mais non, je...
― Vous assimilez à tort l'aptitude à soigner aux « diplômes » universitaires et ne voyez de « médecins » que dans les hôpitaux et les cabinets. Mais nous sommes tous...
― Médecins, vous l'avez déjà dit.
― S'il suffisait de dire une seule fois une chose pour qu'elle soit comprise, le monde n'aurait pas été dans cet état...
― Vous êtes philosophe ? Linguistique ? Ou fou... ?
― Le dernier terme me plaît bien, je l'avoue.
― D'accord... je vous remercie de cette « consultation »... Je dois m'en aller à présent...
― Si vous arrivez à vous relever seulement.
― Pardon ?
― Vous êtes lourde.
― Pardon ? Que voulez-vous dire... On me reproche souvent d'être trop mince et vous, espèce de taré, vous me...
― Encore une fausse assimilation entre un mot et une apparente réalité ; je...
― Que voulez-vous dire ?
― Puis-je vous poser une question ?
― Oui ?
― N'est-ce pas certaines douleurs au niveau du dos, des jambes, et une sorte de fatigue chronique qui vous amènent devant moi ?
― Si... Mais...
― Comment je l'ai su ?
― C'est vous qui me l'avez dit.
― Mais je n'ai rien dit, comment...
― Madame, il faut vous défaire de la vision que vous avez du monde, des choses et des êtres... Vous espériez, en venant ici, trouver un homme sérieux et bien mis, des « diplômes » aux murs, une table d'examen et quelques autres attributs dont se parent ordinairement ceux qui se disent « médecin ». Or...
― Oui, et j'avais r...
― Tort ! Vous aviez tort, parce que vous vous fiez tellement aux apparences que la réalité derrière elles vous est totalement inaccessible, à tel point que vous ignorez que...l'on est tous « médecins », par exemple.
― Mais...vous devez avoir...
― Des diplômes ?
― Oui, sinon vous êtes un...
― Char latent ?
― Pardon ?
― Vous l'êtes aussi.
― Char latent ?
― Nous sommes des réceptacles et transportons des trésors, comme nous nous ignorons, nous n'en profitons point et ne faisons guère profiter les autres.
― Vous êtes vraiment fou... Je ne comprends rien à ce que vous dites...
― Ce n'est pas grave, les mots ne sont que des mots. Mais ce que je voulais dire est que...pendant que nous discutions, vous étiez préoccupée par la question des « diplômes », et par celle de savoir si je suis « médecin » ou non. Moi, pendant ce temps, je vous auscultais, vous examinais, vous observais et c'est ainsi que j'ai su que vous souffrez de douleurs et de fatigue chroniques. Ces douleurs ne proviennent pas d'un « problème de santé », d'une « maladie » comme dirait un « médecin » - l'un de ceux qui vous plaisent – mais de votre « lourdeur ».
― C'est justement leurs causes que je ne comprends pas. J'ai consulté plusieurs médecins, fait des dizaines d'examens. L'on m'a dit que j'étais en carence de ceci, de cela, que je devrais prendre tel complément, manger davantage tel aliment etc., j'ai tout fait mais la fatigue persiste...
― Voyez-vous l'extraordinaire habileté des médecins ?
― Pardon ?
― Évidemment que les maux dont vous souffrez persistent, parce qu'ils ne sont pas dus à ces carences ou je ne sais quoi. 
― Quelle en est la cause alors ?
― Voulez-vous vraiment la connaître ?
― Oui !
― Votre attachement aux apparences, votre tendance à vouloir que les choses soient telles que vous les désirez voir, votre questionnement permanent à propos de ce que vous vivez, vous entendez ou voyez, votre volonté constante de corriger les « problèmes » dont vous êtes témoin au quotidien et certains autres faits dont nous pourrions parler une autre fois.
― C'est vrai que...
― Naturellement, puisque je le vois en vous.
― Mais... quel est le rapport entre mon état physique et ce dont je souffre ?
― Savez-vous que la « matière » n'existe pas ?
― Pardon ?
― Il n'y a pas de « matière », autrement dit, tout est « énergie », y compris les pensées.
― Que voulez-vous dire ?
― Que plus vous êtes dans l'état actuel, dans la cogitation, dans le questionnement, dans la volonté de changer ce qui est au lieu de l'accueillir et le laisser « passer en vous », plus vous créez en vous des blocages, et plus vous dépensez de l'énergie ; les « blocages » finissent par créer des douleurs et l'énergie gaspillée de la fatigue. Vous pouvez, autrement dit, prendre tous les « médicaments », les « compléments », les « vitamines » que vous voudrez, votre problème ne sera pas résolu. Il pourra être éventuellement allégé, vous continuerez malheureusement à souffrir. 
― Que devrais-je faire alors ?
― Rien, peut-être.
― Laisser les choses telles qu'elles sont et être toujours « en vous-même » ?
― Je ne comprends pas... Pourriez-vous me dire concrètement ce que je dois faire pour me soigner ?
― Je ne suis pas de ceux qui administrent des remèdes, du moins pas ceux auxquels l'on pourrait s'attendre. 
― Mais...vous êtes « médecin », ou je ne sais pas quoi, dites-moi ce que...
― Vraiment ?
― Oui, je vous écoute.
― Avez-vous du temps libre, au quotidien ?
― Euh...oui...enfin, pas beaucoup, mais je pourrais en trouver. Pourquoi ?
― Pour être en vous-même.
― Pardon ?
― C'est l'un des remèdes, le plus accessible et simple sans doute.
― Je ne comprends pas... C'est un remède ? Qu'est-ce que cela veut dire ?
― Chaque fois que vous avez du temps libre, où que vous soyez, asseyez-vous ou étendez-vous simplement dans un coin tranquille et essayez de rentrer en vous-même. Respirez normalement, mais consciemment. Soyez simplement attentive à l'air qui entre et sort, aux moments d'arrêt entre l'inspiration et l'expiration, ainsi qu'aux mouvements de votre corps. 
― C'est un remède ça ? Mais c'est facile... Ne vous moquez-vous pas de moi ?
― Faites-le régulièrement pendant quelques semaines, vous verrez progressivement des changements en vous, si Dieu le veut.
― Si Dieu le veut ? Vous êtes curé aussi ?
― « Curé » vient du mot latin cura, qui veut dire « soin », « souci » ; le « curé » est celui « qui prend soin », des âmes.
― Vous êtes...bizarre...
― Merci, enfin, pour ce compliment !
― Je suis sérieuse... Dites-moi, n'auriez pas d'autres remèdes aussi ?
― Les remèdes sont nombreux, vous devez les trouver.
― Par exemple ?
― Vous devez les trouver.
― S'il vous plaît, un seul autre !
― J'ai vu aussi que vous étiez croyante.
― Comment avez-vous...
― Peu importe. Mais voici encore ce que vous pourriez-vous faire : quand vous avez du temps, en plus du remède que je vous ai rappelé tout à l'heure, vous pouvez répéter régulièrement, pendant tant de minutes, la première partie de la Chahada, à l'aube et en fin de soirée ce serait mieux encore, comme me disait l'un de mes professeurs*. 
― Mais... Pardon, c'est quoi le rapport avec mon état et la médecine ?
― L'un des effets de cette invocation – qui, selon une parole du Prophète, est la meilleure des paroles – est le nettoyage de l'organisme, à la fois sur le plan physique et psychique ; puisqu'il n'y a rien sinon Lui, tout s'efface progressivement pour que Lui seul soit « visible ». Son invocation régulière permet de défaire les « blocage » dont nous parlions tout à l'heure et finit, si Dieu le veut, par éliminer même les douleurs. 
― Vraiment ? Mais pourquoi personne ne le dit ?
― Si, mais...il faut se donner la peine d'entendre ce qui est dit.
― Je vois... Je vais essayer de faire cela. Auriez-vous d'autres « remèdes » ?
― Il y en a beaucoup... Vous devez trouver ceux qui vous correspondent.
― S'il vous plaît...
― Vous êtes lourde !
― Oui, puisque vous l'avez dit ; je voudrais encore un remède !
― Soit... Voilà un dernier remède dont vous pourrez faire usage : Quand vous avez du temps libre, répétez le Nom divin « Salâm » (« ya Salâm, ya Salâm, ya Salâm... », cela « apaise » et « restaure » l'individu à la fois sur les plans inférieurs et sur le plan spirituel. Si vous souhaitez lutter contre la colère – vous êtes irascible... - vous pouvez invoquer le Beau Nom « Halim », il supprimera progressivement la colère en vous et vous rendra davantage maître de vous-même. 
― D'accord... je dois le faire combien de fois ?
― Peu importe, mais essayez de le faire au moins pendant quarante jour et...
― Pourquoi quarante ?
― Vous posez trop de questions !
― Mais pourquoi quarante ?
― Je vous le dirai peut-être une autre fois.
― D'accord... Et si je ne vois aucun changement ?
― Ne soyez pas négative... et même si vous ne sentez pas les changements – parce que changement il y aura nécessairement – cela vous aura permis d'être perdue moins souvent dans vos fâcheuses cogitations, pendant quarante jours au moins.
― D'accord... Je...
― A propos, il se peut que vous sentiez un jour certains effets physiques pendant les invocations (de légères sensations de brûlure, des picotements, des piqûres, des contractions, des palpitations etc.), ne vous inquiétez pas, ce sera normal, et n'y faites pas attention. 
― Ah bon ? Mais pourquoi ? Qu'est-ce que cela indiquerait ?
― Vous êtes vraiment lourde !
― Nous le savons, mais répondez-moi.
― Nous sommes arrivés au terme de la consultation, je ne puis donc vous répondre. 
― Mais...
― Taisez-vous et partez à présent.
― D'accord...
― Voilà que vous devenez sage enfin !
― Toujours des railleries...
― Je vous assure que non ; si vous étiez réellement présente pendant notre échange, ici et maintenant, vous avez nécessairement changé, tout comme moi.
― J'avoue que je me sens...
― Entonnée et plus sereine ?
― Oui... Comment vous...
― Partez à présent, paix à vous !
― Soit... Combien vous dois-je ?
― Ce que vous souhaitez.
― Je... Je crois que je n'ai pas assez...
― Ce n'est pas grave, votre sourire me paie suffisamment.
― Vous êtes...bizarre...
― Vous l'avez déjà dit, fuyez ! J'ai des choses importantes à faire.
― Ah bon ? Quoi donc ?
― Glander.

* C'est le conseil que donne Rûmi dans un de ses quatrains.
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