Des roquettes ont été tirées lundi sur un marché de l'est de l'Afghanistan où le chef des troupes françaises rencontrait des responsables de tribus, selon l'armée française. Quatre personnes, dont trois enfants, ont été tuées, et une vingtaine d'autres ont été blessées.
L'attaque contre le marché de Tagab semblait viser la rencontre entre le général Marcel Druart et les barbes blanches pour évoquer une vaste offensive lancée la veille par l'armée française dans la vallée. Les deux roquettes ont atterri à une dizaine de mètres de la "shura" (conseil) et le général, qui commande la Task Force La Lafayette en Afghanistan, n'a pas été touché.
Quatre hélicoptères français et américains ont évacué les blessés, alors que des appareils de combat se dirigeaient vers la zone. Le bataillon français stationné à proximité du village a rapidement dépêché des hommes sur place.
Depuis dimanche, environ 800 soldats -700 Français et 100 Afghans- mènent une offensive afin de prendre le contrôle de la vallée de Tagab, à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Kaboul. Les insurgés utilisent cette région instable pour préparer les attentats qu'ils perpètrent dans la capitale, puis pour se replier. En septembre, deux soldats français avaient été tués et huit autres blessés dans l'explosion d'une bombe dans ce secteur.
L'opération est destinée à priver les insurgés de ce refuge que fournissent les petits villages à flanc de colline et sécuriser la vallée de Tagab, une route financée par l'Union européenne devant y être construite. Le chantier a déjà commencé dans une zone moins dangereuse, dans la vallée de la Kapisa. A terme, l'axe routier doit permettre de relier le Pakistan voisin au nord de l'Afghanistan.
L'attaque est survenue alors qu'un débat parlementaire était organisé lundi après-midi au Sénat français sur l'engagement en Afghanistan, à la demande de l'opposition de gauche. La France a déployé environ 3.000 hommes dans ce pays, principalement au nord de Kaboul, dans les régions de Kapisa et de Surobi.
Dans le même temps, les ministres européens de la Défense et des Affaires étrangères étaient réunis à Bruxelles pour évoquer la situation politique en Afghanistan. Le représentant de l'ONU dans le pays, le diplomate norvégien Kai Eide, faisait le point sur les efforts du président Hamid Karzaï pour former son gouvernement, selon une porte-parole de l'UE. Les Vingt-Sept n'ont pas l'intention de revenir sur leur engagement en Afghanistan, mais font pression sur le président afghan pour qu'il mette fin à la corruption.
Le gouvernement afghan a d'ailleurs lancé lundi une nouvelle unité de lutte contre la corruption et le crime. Des responsables du gouvernement ont promis que cette nouvelle tentative, la troisème du genre, avait davantage de chances de succès en raison du soutien de la communauté internationale et d'une réelle volonté de réussir.
Plusieurs responsables afghans ont insisté lors de la conférence de presse sur leur volonté de mener à bien ce combat. "La corruption est le cancer qui détruit la vie de la population", a souligné le ministre de la Justice Mohammad Sarwar Danish, estimant que cela nuit à l'économie, à la politique et à la sécurité. AP