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Paul Quilès demande le retrait des forces françaises en Afghanistan
L'ancien ministre de la Défense de François Mitterrand, Paul Quilès, appelle dans une tribune au Monde datée de mercredi 28 juillet, au retrait des forces françaises en Afghanistan. Il se prononce également en faveur d'une initiative internationale pour faire de ce pays "un Etat neutre".
"Membre permanent du Conseil de sécurité, la France devrait proposer de réunir les pays voisins de l'Afghanistan, ceux détenant un siège permanent au Conseil de sécurité et les membres de l'Union européenne et de l'Alliance atlantique (de manière à associer la Turquie)", estime Paul Quilès.
Et d'ajouter : "Cette conférence aurait pour tâche d'établir un statut international de l'Afghanistan, qui en ferait un Etat neutre, dont les autorités s'engageraient à n'apporter aucun soutien au terrorisme international".
"Le retrait doit être immédiatement annoncé"
Pour cela, "la France doit retrouver une liberté d'action et une crédibilité qu'elle a largement perdues, en raison de son engagement au sein des dispositifs militaires intégrés de l'Otan. Il lui faut pour cela retirer son contingent", estime le responsable socialiste.
L'ancien ministre de la Défense souligne que "ce retrait doit s'accompagner d'offres de participation aux efforts internationaux d'aide au développement et, en liaison notamment avec l'Allemagne, d'assistance à la restructuration des forces de sécurité intérieure, aujourd'hui très largement corrompues et inefficaces".
"Le retrait français doit être immédiatement annoncé et sa mise en œuvre coordonnée avec le désengagement programmé des forces américaines et internationales. Il pourrait avoir lieu par exemple en même temps que les premiers retraits des troupes américaines, prévus pour juillet 2011", ajoute Paul Quilès.
Discours de Phnom Penh
Selon lui, "seul" un règlement international, "prévoyant un retrait total des troupes étrangères, à l'exception d'un volume limité et contrôlé d'assistance militaire technique, serait de nature à rassurer à la fois le Pakistan, l'Inde, l'Iran, la Chine et la Russie". "Il devrait en particulier comporter un engagement du Pakistan de cesser de soutenir les mouvements islamistes pachtounes, en échange d'une reconnaissance par l'Afghanistan de la frontière pakistano-afghane actuelle", affirme encore le socialiste.
En agissant ainsi, la France "s'inscrirait dans une tradition de politique étrangère notamment illustrée" par les propos du général de Gaulle à Phnom Penh en 1966 en pleine guerre du Vietnam. Dans ce discours, rappelle l'ancien ministre, le président français "recommandait de renoncer à une 'expédition lointaine' dès lors qu'elle apparaissait 'sans bénéfice et sans justification' et de lui préférer 'un arrangement international organisant la paix et le développement'".
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20100727.OBS7711/paul-quiles-demande-le-retrait-des-forces-francaises-en-afghanistan.html