Les arabes ont payé pour libérer le français en Afghanistan.

Dans quelles conditions les ex-otages français détenus pendant près de 40 jours par les talibans en Afghanistan ont-ils été libérés au début du mois de mai ? Depuis 10 jours, la France s'interroge. A Paris, le gouvernement continue d'observer le silence sur cette affaire embarrassante et, en Afghanistan, les explications avancées par les talibans pour expliquer leur geste n'ont convaincu personne.

Selon des informations recueillies par le «Quotidien d'Oran» auprès de sources sûres à Paris, les Emirats arabes unis ont joué un rôle central dans cette libération. A la demande de Paris, le gouvernement des Emirats a en effet mené directement les négociations avec les talibans et payé la rançon exigée par ces derniers. Son montant reste confidentiel mais il s'élèverait, selon nos sources, à plusieurs dizaines de millions de dollars américains. On ignore en revanche si le sort des trois otages Afghans qui étaient détenus avec les deux Français fera l'objet d'une transaction similaire. Aboud Dhabi continue d'entretenir de bonnes relations avec les chefs talibans auprès desquels ils ont conservé une grande influence. Les Emirats arabes unis font en effet partie des premiers pays, avec l'Arabie saoudite et le Pakistan, à avoir reconnu le régime des talibans, dès 1997, soit moins d'une année avant l'arrivée de ces deniers au pouvoir. Il a été également le dernier à avoir rompu ses relations diplomatiques avec l'Afghanistan des talibans, en septembre 2001, quelques mois avant la chute de Kaboul. Durant quatre ans, les Emirats ont soutenu financièrement l'Afghanistan des talibans, soumis à un embargo international très sévère.

Le rôle joué par Abou Dhabi dans la libération des deux otages français va permettre de renforcer davantage les relations avec Paris. Les Emirats arabes unis sont en effet parmi les principaux clients de l'industrie française. Ces dernières années, ils ont signé de nombreux contrats militaires avec les groupes français. Ils ont également été parmi les premiers clients du futur avion géant européen, l'Airbus A380. En échange, ils profitent pleinement de programmes de coopération et de transferts de technologie et de savoir-faire français. La célèbre université parisienne de «La Sorbonne» a ouvert une antenne aux Emirats et les principales grandes écoles d'ingénieurs françaises y sont implantées pour former les élites émiraties de demain. Mieux : grâce à l'appui renforcé de Jacques Chirac, le gouvernement des Emirats a réussi l'exploit d'obtenir l'autorisation d'implanter un musée du Louvre à Abou Dhabi et ce, malgré la forte opposition des milieux culturels en France. Un projet colossal de plusieurs milliards de dollars sans équivalent au monde.


Rabah Yanis www.lequotidien-oran.com/index.php?news=49570