Salam
Des dizaines de civiles encor massacrés par les forces de l'OTAN, ce qui porte à plusieurs centaine de morts le nombre de civiles tués dans ces deux derniers mois.
Voici la liberté et la démocratie occidentale tant attendue par le peuple Afghan.Le chef du district de Gereskh, région disputée de la province de Helmand, au sud de l’Afghanistan, a annoncé que trente civils ont été tués dans la nuit de vendredi à samedi par des frappes aériennes des forces internationales.
Jeune femme blessée dans un raid aérien Blessée dans le raid aérien visant le village de Haidar Abad, cette jeune femme est soignée dans un hôpital de Lashkar Gah. Crédits : Reuters/Abdul Qodus Des combattants taliban ont tendu une embuscade à un convoi de l’armée afghane et de la coalition antiterroriste internationale dirigée par les États-Unis avant de se réfugier dans le village de Haidar Abad, a expliqué Mohammad Hussein Andiwal, le chef de la police de la province de Helmand. Puis, les soldats de la coalition ont demandé que l’aviation bombarde les positions des rebelles réfugiés dans le village. Huit civils et de trente-neuf taliban ont péri dans le bombardement, selon la police provinciale. Quatre autres civils auraient été blessés. « Notre enquête montre que 30 civils, dont des femmes et des enfants, ont été tués et trois autres civils blessés qui ont été hospitalisés », a, pour sa part, déclaré Dor Alishah, chef du district de Gereshk.
L’Isaf, la Force internationale d’assistance à la sécurité dirigée par l’Otan, et la coalition antiterroriste ont annoncé l’ouverture d’une enquête. « Il y a eu beaucoup d’activités, de nombreux affrontements ces derniers jours dans cette région (…) Il y a eu un incident particulier à la suite d’un bombardement aérien" dans la nuit de vendredi à samedi », a déclaré un porte-parole de la force de l’Otan, John Thomas. « Il y a eu des victimes », a-t-il ajouté.
Cette nouvelle bavure intervient alors que les forces internationales sont sur la sellette en raison de l’augmentation du nombre de civils tués lors de leurs opérations. La semaine dernière, vingt-cinq civils, dont neuf femmes et trois enfants, ont été tués dans le village de Kunjak, à environ quinze kilomètres au nord-est de Lashkar Gah, chef-lieu de la province de Helmand.
Sept enfants ont, par ailleurs, été tués dimanche 24 juin dans un raid aérien de la coalition sous commandement américain contre une école coranique soupçonnée d’abriter des combattants d’Al-Qaïda dans l’est du pays, a reconnu la coalition assurant ne pas savoir que des enfants se trouvaient à l’intérieur. L’Isaf a par ailleurs admis être responsable de la mort d’un « certain nombre de civils » lors de récents combats dans la province d’Ourouzgân.
Impuissant, le président Hamid Karzaï avait dénoncé le 22 juin les opérations menées « sans discernement » par les forces étrangères qui ont fait quatre-vingt-dix victimes civiles en dix jours. « Ces derniers jours, à la suite d’opérations imprécises et menées sans discernement par les forces de l’Otan et de la coalition,
notre peuple a souffert. (…) Cela n’est pas acceptable. Cela ne sera plus toléré », avait déclaré le président Hamid Karzai à la presse. « C’est une condition posée par le gouvernement afghan et s’ils veulent remporter la victoire, ils doivent l’accepter. Nous ne pouvons pas tolérer ces victimes », avait-il dit.
La charge des O.N.G. contre les forces étrangères avait également été très virulente. « Nous condamnons fermement les opérations et les mesures de protection mises en place par les forces militaires internationales dans lesquelles un usage disproportionné et sans discernement de la force a eu pour conséquence des pertes civiles », avait déclaré dans un communiqué commun, l’Acbar (Agency Coordinating Body for Afghan Relief, qui coordonne une centaine d’O.N.G. internationales et afghanes) et plusieurs organisations indépendantes. « De telles opérations ont fréquemment été menées par des forces ou des agences qui ne sont pas sous le commandement de l’Otan, souvent les forces américaines de l’opération Liberté immuable (Enduring Freedom), et parfois conjointement avec les forces afghanes », poursuit le texte.
Selon Acbar, les forces internationales et afghanes sont responsables de la mort de plus de 230 civils, dont 60 femmes et enfants, depuis le début de l’année. À titre de comparaison, sur un millier de civils tués pour toute l’année 2006, 230 l’ont été dans des opérations des forces étrangères, selon Human Rights Watch.
Le secrétaire général de l’Otan, Jaap de Hoop Scheffer, s’est engagé à tout mettre en œuvre pour réduire les pertes des civils. « Tout en maintenant la pression militaire, nous ferons de notre mieux pour réduire les pertes civiles », a-t-il affirmé lors d’une réunion vendredi 29 juin du Forum de sécurité du Conseil de partenariat euro-atlantique. Cela passera par un renforcement de la coopération entre l’Isaf et la coalition antiterroriste internationale.
Toutefois, de nouvelles bavures sont à redouter car les taliban vont continuer à se réfugier dans des zones résidentielles que l’Isaf et la coalition bombarderont. « Nous examinons de près nos opérations aériennes, mais ce n’est pas quelque chose que nous allons changer dans l’immédiat. La principale raison est que l’aviation nous permet de couvrir un territoire beaucoup plus vaste que nous le pourrions avec un nombre limité de troupes », a déclaré une porte-parole de la force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) dirigée par l’OTAN, le lieutenant-colonel Maria Carl. « Quand il y a des victimes civiles, ce n’est pas toujours évident de savoir si elles sont le résultat de bombardements aériens parce que, d’habitude, il y a aussi pas mal d’échanges de coups de feu », a-t-elle dit, assurant que l’Isaf ne procédait pas à « des opérations aériennes indépendantes ». « Toute frappe aérienne est effectuée en soutien direct à une opération au sol », a-t-elle affirmé. « Quand il y a des victimes civiles, cela est presque toujours dû au fait que les insurgés ont délibérément attaqué nos troupes à partir d’une zone résidentielle ou d’un bâtiment où ils gardaient des civils comme boucliers humains », a poursuivi cette porte-parole, soulignant que les soldats de l’ISAF ouvraient alors le feu « en position de légitime défense ».
Avec AFP, Reuters, Xinhua, 7/7 et AP